Young.Je ne lui pardonne pas encore sa folie de retirer toute sa musique de Spotify. Au moins 5 fois depuis sa décision, j'aurais écouté son oeuvre. Ma liste de lecture de 2h39 qui est passée à 30 minutes. Seuls les artistes qui ne crèvent pas de faim comme lui (Ou Joni Mitchell-impardonnable aussi), avec plus de 30 ans de succès derrière la cravate, peuvent se permettre un tel geste. Pas Bright Eyes, My Morning Jacket ou Pomme.
Il a choisi de retirer sa musique afin de protester contre Spotify qui ne sévissait pas, selon lui, contre Joe Rogan, un imbécile de première qui trône au sommet des palmarès de balado, au pays. Rogan est un sévère désinformateur, mais d'abord et avant tout un très petit homme, physiquement. Ce qui semble avoir fait naître en lui le besoin de se prouver constamment plus "homme" qu'il l'est vraiment. C'est aussi un nabot mental qui a beaucoup désinformé pendant la pandémie et particulièrement contre le Canada. Neil & Joni sont tous deux non seulement grands amis depuis toujours, mais aussi issus du même Canada. Où Rogan est présentement 3ème dans les balados les plus populaires derrière celui de Meghan Markle et celui des Kardashian.
Vous avez le droit de soupirer de désolation, ici.
Young (et Joni) a dit préférer retirer ses oeuvres d'une plateforme qui favorisait la connerie humaine, ainsi.
Sauf que les cd deviennent de plus en plus difficiles à placer dans nos vies. J'en ai 6 de Neil. Mais pratiquement zéro support pour les faire jouer.
Et je n'arrive pas à comprendre qu'ils ne fassent pas la même chose avec Youtube qui rend leur musique 100% accessible. Et Youtube en diffuse des cochonneries aussi. Des meurtrières même. Vous aurez accès à toute l'oeuvre par mes hyperliens, mais pas sur Spotify.
Histoires multiples d'une vingtaine de ses chansons.


Alabama (1972): Young a (justificablement) le racisme en horreur. Après avoir écrit Southern Man (une de mes trois préférées), il n'avait pas fini d'en découdre sur le sujet et cette chanson en est en quelque sorte une suite du propos. La formation de l'Alabama Lynryd Skynyrd, insultée du doigt pointé, répondra de sa propre chanson, leur plus gros succès en carrière.

Ambulance Blues (1974): Cette chanson qui clôt mon album préféré de Young est un essai sur faire la paix avec son passé afin de mieux savourer le présent. Il suggère toutefois aussi que le passé puisse être salut, quand le présent est trop inconfortable. An ambulance can go so fast. It's easy to get buried in the past. When you try to make a good thing last. 9 minutes de blues.

Cinnamon Girl (1969): La fille à la cannelle était en partie (Neil ne le concèdera jamais complètement) Jean Ray de Jim & Jean, duquel Young était légèrement amoureux. Son band, Crazy Horse avait été arraché aux Rockets. Billy Talbot à la basse, Danny Whitten à la guitare et Ralph Molina à la batterie n'ont joué que 2 ou trois fois la chanson ensemble avant d'en faire la prise finale.


Down By The River (1969) : Malade et fiévreux, il a composé ce morceau le même jour qu'il a créé Cinnamon Girl et Cowgirl in the Sand. Possible métaphore sur des dépendances aux drogues, possible simple histoire de gars qui tire sur celle avec qui il est, près de la rivière.

Harvest Moon (1992): co-fondateur du mouvement Farm-Aid et ouvertement militant environnemental, il s'agit d'une des 28 fois où Young nous parlera de la lune qui a, visiblement, une grande importance dans sa vie. Il la voit comme un guide et l'espace rural, comme la vraie liberté. Avant les religions, les premiers peuples ne suivaient que la lune. C'est aussi ma religion. La lune. Depuis toujours.

Old Man (1972) : Louis Avila, le propriétaire du ranch qu'achèterons Young & Snodgress demandera à Young, qu'il ne connaissait pas et trouvait très jeune, comment pouvait-il avoir autant d'argent pour ainsi payer comptant le ranch, ce à quoi Neil avait répondu qu'il n'avait qu'été chanceux. Linda Rondstadt et James Taylor y chantent dans les choeurs.

Out on the Weekend (1972): Celle-là, c'est tout simplement ma préférée de Shakey. L'intro à L'harmonica me bouleverse et les accompagnements aussi. Le texte qui est un réel chapitre familial déchirant, autour d'un enfant atteint de paralysie cérébrale. Si je ne retenais qu'une seule chanson de Young, ce serait celle-là.

Philadelphia (1993): Composée pour le film de Jonathan Demme sur un avocat se mourant du SIDA, à une époque où ne faisait que découvrir la chose, et où on en mourrait. Le réalisateur a voulu des artistes non gays, et non associés aux causes gays. Populaires afin d'attirer le plus de gens possible à cette horreur qui a raflé tant de vie pour rien. Voilà pourquoi il a fait appel à Bruce Springsteen et Neil Young. Les 2 chansons seront nommées aux Oscars et celle de Bruce gagnera l'Oscar. Mais celle de Neil est encore meilleure selon moi. Peut-être parce que plus rare. Quand NY a livré la chanson commandée par Demme, tout le monde a pleuré et Demme s'est exclamé que Neil Young croyait au film plus qu'eux.

Rockin' in the Free World (1989): Lancé quelques semaines avant la chute du mur de Berlin, la chanson est vite devenu un hymne approprié. Je vivais alors les meilleures années de mon adolescence. Cette chanson est d'une énergie vivifiante et était aussi une attaque au président George Bush Père. C'est aussi une vanne contre l'Ayatollah qui avait condamné la vie de l'auteur Salman Rushdie sans même avoir lu le livre dans lequel il l'accusait de blasphémer. Sénile animal.



Change d'idée, Neil. Je veux t'écouter ailleurs que sur Youtube ou dans la voiture de mon gars. Avec tous les deuils des dernières années j'aurais particulièrement écouté Tonight's The Night.
Les CD restent pris quand vient le temps de les resortir du joueur de CD de la voiture à mon fils.
De plus, je me suis fait des listes de lecture de chansons marquantes pour moi par années sur mon téléphone. Autour d'1h30 de musique pour chaque année entre 1956 et 2022. Oui, oui, il y a excès, ça fait bien 66 listes. Mais j'ai laissé de l'espace entre 1969 et 1979 pour des morceaux de Young et Mitchell.
Pour le jour où ils se raviseront.
