Détérioration des relations entre nations et civilisations

CHAPITRE I : POINT DE RUPTURE ET POINT DE NON-RETOUR

Bonjour, je suis Abdesselam Bougedrawi, je vous propose une série d’articles sur un fléau invisible qui est la détérioration des rapports entre les civilisations et les nations. Il me parait essentiel, dans un premier temps, d’aborder la notion de point de rupture et de point de non-retour des nations et des civilisations.

Dans un premier temps je vous soumets les éléments de bases qui serviront d’appui à ma réflexion. Aujourd’hui je me contente de définir deux notions cruciales :

– Point de rupture

– Point de non- retour

Par la suite je les développerai progressivement avec des exemples historiques pour étayer mes propos. Je vous invite déjà à vous procurer mes analyses sur les sociétés et les civilisations, la liste se trouve en fin d’article.

Il y a dans le parcours des nations un moment dans lequel les relations se dégradent. Cela fait partie de ces événements que connaîtront beaucoup de pays au cours de leurs histoires. Si la dégradation des relations entre pays ne pourrait être considérée comme un fait normal, elle s’impose comme une évidence à laquelle personne ne saurait y échapper. Certaines communautés, certains pays, font de leur mieux, du fait de leur tempérament, pour la contenir. Malheureusement, il en est autrement pour d’autres où cette détérioration finit par évoluer vers le point de rupture et le point de non-retour. C’est-à-dire un état où il n’est plus possible de revenir à des rapports normaux.

Le point de non-retour, et le point de rupture bien qu’ils soient très proches, diffèrent dans leurs conséquences.

Le point de rupture

Il s’agit d’un niveau culminant dans la dégradation des relations entre deux pays, deux nations, voire deux civilisations. Le point de rupture fait suite à une dégradation souvent violente de ces relations. Cela signifie rupture diplomatique, arrêt des échanges. Le point de rupture par sa violence peut mener à la guerre. À ce niveau, nous entrons dans le point de non-retour. Dans le point de rupture, malgré la violence et la gravité de la dégradation des rapports entre nations ou civilisations, il est toujours possible de faire marche arrière. Les relations ne reviennent jamais à la normalité d’avant la rupture. Et si elles devaient l’être, cela ne surviendrait qu’après l’écoulement d’un temps plus ou moins important. En effet, persistent des rancœurs à bas bruit qu’il est important de connaître. Ces ressentiments, ces amertumes s’ils ne sont pas compris finissent par s’installer dans la normalité des pays et des civilisations conduisant fatalement à un point de non-retour.

Le point de non-retour

Il s’agit d’un état de délabrement des relations qui s’installe dans la durée conduisant, progressivement, à une mentalité d’hostilité permanente. Des nations, ou des civilisations du fait d’hostilités et de discordes récurrentes, finissent par s’installer dans un climat de défiance perpétuel. La grande caractéristique de ce climat est qu’il est le fait des citoyens eux-mêmes. Le corollaire en est que ces civilisations ou ces nations ne peuvent plus partager quoi que ce soit, coexister encore moins. Dans ce point de non-retour, quoique l’on fasse pour approcher les civilisations ou les nations ne servirait à rien. Il n’est plus possible de les réconcilier d’une manière ou d’une autre. Le plus grave est que ce point de non-retour s’inscrit dans la durée, et même dans la longue durée. Pire, il s’inscrit dans la génétique des mentalités.

Si elles ne se font pas une guerre ouverte, ces civilisations ou nations entrent dans un rejet irrationnel et une haine larvée. Même lorsqu’ils sont voisins, les civilisations ou les nations s’ignorent totalement. Ils peuvent, parfois, par le réalisme économique avoir des échanges, mais le fond reste le soupçon, la défiance, la haine.

Le point de non-retour peut succéder ou non au point de rupture. Cependant, le point de rupture lorsqu’il provoque la guerre peut favoriser ou même constituer les prémices à un point de non-retour. En effet, par ses morts, ses sacrifices une guerre succédant à un point de rupture, peut engendrer tous les éléments dont se nourrit tous les points de non-retour.

Remarque : il ne s’agit là que d’un schéma d’ensemble. D’une manière générale, le point de rupture précède le point de non-retour. Toutefois, dans certaines circonstances c’est l’inverse qui existe. Ainsi, des pays voisins, même s’ils ont quelques relations, en fait sont déjà dans le point de non-retour qui ne s’exprime pas pour le moment. Si ces pays, bien qu’ils soient strictement antagonistes, entretiennent des relations, celles-ci ne sont que de façades. À la moindre étincelle, ces deux pays entrent de plain-pied dans le point de rupture qui devient l’élément apparent occultant ainsi le point de non-retour qui était présent depuis bien des décennies.

Le même phénomène peut affecter les différentes ethnies d’un même pays qui sont dans le point de non-retour. Leur cohésion n’est maintenue que de façon artificielle par la force de la dictature. Lorsque cette contrainte disparaît, apparaît alors le point de rupture.

Nous verrons ultérieurement beaucoup d’exemples pour illustrer ce genre de paradoxe.

La suite de mon analyse dans le prochain chapitre.

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