Du numéro 22 de la revue Sarrazine, dont le thème, « Miracle », ouvre à une grande diversité de textes et dessins, comme le souligne Paul de Brancion, voici quelques mots de Pierre Drogi :
À propos d’un atelier :
« Miracle ? »
Pour un lycéen : un sujet pas si bien trouvé, pas drôle, finalement, en y réfléchissant et même en n’y réfléchissant pas. Après deux ans de confiscation de l’espace et du temps, de l’esprit par le contexte de consommation et de dévoration généralisées (des uns par les autres, de la planète… et sur tous les plans), la pression entretenue frénétiquement de la concurrence, la dématérialisation du monde, d’un côté, et de l’autre la guerre. Jolie jeunesse !
« Dans ce monde », donc, « il n’y a pas de miracle. Mais que vaut un monde sans miracle ? Qu’est-ce qu’un monde sans miracle ? » interrogeait Isaac Babel.
(…)
Et, comme le déclare István Gyalai, découvrant inopinément des dessins de lui dans une revue : « Celui qui ne croit pas au miracle n’est pas un réaliste ».
Et, plus loin, sous le titre « Notes en vue du miracle consciencieux » :
Accroche ta voix : elle bat
comme un volet
chez les vivants
L’agave un train bleui s’appuie de tous ses membres
sur le sol en pente
le cri des oiseaux projeté (martinets goélands mésanges)
assure la cohésion et l’embarras du ciel
ils le déchirent
(..)
allons ta parole bat comme une porte
(ci-dessous agave à la Galerie Hors-Champs, à Paris)