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Le mort lui va si bien

Publié le 05 novembre 2022 par Morduedetheatre @_MDT_
Le mort lui va si bien

Critique du Comble de la vanité, de Valérie Fayolle, vu le 27 octobre 2022 au Théâtre de la Pépinière
Avec Virginie Pradal, Mikaël Chirinian, Julie Farenc, Cécile Rebboah et David Talbot, mis en scène par Ludivine de Chastenet

La raison pour laquelle je voulais voir ce Comble de la vanité tient en deux mots : Virginie Pradal. On ne présente plus cette comédienne géniale à la carrière prolifique, passée par la Comédie-Française et… se faisant de plus en plus rare sur les planches ces dernières années. Ce qui est rare étant précieux, je ne voulais pas rater cette nouvelle apparition, d’autant que je fais en général plutôt confiance à la programmation de la Pépinière – il suffit d’ailleurs d’être dans le hall du théâtre entouré de toutes les affiches des dernières années pour se demander où on était à ce moment là. Bref, Virginie Pradal, me voilà !

L’affiche était plutôt éloquente, mais pour vous situer, on atterrit au milieu d’une famille dont le patriarche vient de passer l’arme à gauche. Il a laissé un testament que ses enfants découvrent par hasard et qui répartit ses biens entre quatre personnes : les trois enfants, et un de leurs camarades de classe qu’ils ont complètement perdu de vue. La question est : pourquoi cet ami d’enfance se retrouve-t-il sur le testament de leur père ? Ils ne peuvent hélas plus lui demander, mais peut-être que leur mère en sait quelque chose…

Bon, alors, voilà. Ce n’est sûrement pas le spectacle de ma vie. L’histoire est assez attendue, la mise en scène fonctionne, mais sans éclat, les personnages sont dessinés trop grossièrement, on retrouve toujours les mêmes archétypes qui manquent de relief (le gros macho, la vieille fille…), et qui sont interprétés de manière un peu trop caricaturales par des comédiens qui semblent manquer d’indication et de feuille de route.

Je me doutais que ce ne serait pas le spectacle de l’année – j’ai presque envie de dire que ce n’est pas le contrat : Valérie Fayolle est journaliste et signe ici sa première pièce de théâtre, Ludivine de Chastenet est davantage comédienne que metteuse en scène. Je le savais. Je connaissais les règles. Et c’était ok. Car, si on se souvient bien, moi, je venais pour Virginie Pradal. Et Virginie Pradal m’a complètement régalée. Elle est juste divine : son sens du rythme, ses yeux qui pétillent, cette espèce d’insouciance enfantine dans son sourire malin, tout cela me comble de bonheur. Elle est tout l’opposé de cette pièce, finalement assez prévisible, puisque chaque mot qui sort de sa bouche est une surprise. Elle est le bonbon de ce spectacle. Elle est la pièce maîtresse qui fait que, finalement, ça fonctionne.

Et oui, ça fonctionne. Ça fonctionne car les bases sont les bonnes : c’est un texte de théâtre, avec des défauts, mais avec un enjeu malgré tout. Le côté policier est bien ficelé et permet de maintenir l’intérêt du spectateur jusqu’à la révélation finale ; l’aspect macabre de la pièce, qu’on voit rarement monté ainsi au théâtre, fait aussi la différence. Et elle, au milieu de tout ça, apporte une telle fraîcheur sur scène qu’elle efface les défauts trop visibles du spectacle et permet de faire ressortir le meilleur. Et le théâtre, quand c’est comme ça, avec cet Ulysse venu sauver ses compagnons, c’est beau aussi. Ça fait croire aux miracles.

Virginie Pradal en maîtrise complète du game. Tout simplement.

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Le mort lui va si bien
© François Fonty

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