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(Carte blanche) à Christian Désagulier, Pour Contre Sainte-Beuve

Par Florence Trocmé


(Carte blanche) à Christian Désagulier, Pour Contre Sainte-Beuve

Couv Contre Sainte-Beuve
Contre toute évidence « Contre Sainte-Beuve » est la version initiale et miniature d’« À la recherche du temps perdu », une sorte de digest destiné à celles et à ceux que la lecture de l’œuvre grandeur nature de Marcel Proust rebuterait, retardant sine die d’en entamer le premier volume, s’interdisant de ce fait le bonheur ressenti par celles et ceux qui se sont longtemps couchés tôt « Du côté de chez Swann » jusqu’à ce que « Le temps retrouvé », les unes et les uns s’endorment de bonne heure.

Éblouis par un récit fictionnel flirtant avec l’autobiographie, injecté d’études critiques littéraires, soutenu par une puissante capacité d’analyse extrafine, logique et hypersensible aux phrases circonvolutives envoûtantes dues à l’emploi discrétionnaire du zeugma, la lecture du paradoxal « Contre Sainte-Beuve » dans lequel ouvrage Marcel Proust dissémine des révélations sur sa personne écrivante, ce livre terminé, nul doute que toutes et tous se précipiteront alors vers l’œuvre à l’échelle un, sans plus lâcher prise, avec Sainte-Beuve en mémoire.

Le nombre de volumes qui la compose ne sera plus décourageant, la durée correspondante qu’il conviendra de sauver pour épuiser une lecture dont le désir ne tient pas au suspens mais à la promesse d’un plaisir littéraire entretenu par un festival de descriptions et d’analyses dont la crédibilité est embellie par de surprenants et incessants feux d’artifice de figures de style, ne sera plus sacrifiée à des lectures qui n’ont pour seule vertu que de tuer le temps.

Au point qu’« À la Recherche du temps perdu » achevée, déjà, et voulant en prolonger la délectation par contamination, il ne sera pas étonnant qu’on se mette à vouloir l’éprouver à nouveau chez des auteurs ayant exercé une influence reconnaissable à la source de ce bonheur de lecture dans les « Mémoires » monumentales du duc de Saint-Simon, que nous subjugue « Les Natchez », le roman poétique du vicomte de Chateaubriand et la spiritualité des « Salons » de Charles Baudelaire où la pensée de l’art se combine avec l’art de la pensée, nul doute que ceux des lectrices et des lecteurs qui voudraient se lancer dans l’écriture, tentent de faire vivre les découvertes de leurs prédécesseurs et si possible découvrent de nouvelles ressources dans notre langue après eux, avec le maniement de métaphores inouïes et du zeugma dont l’usage récurrent est lui porté à la perfection dans les « Proses » de Charles Albert Cingria.

Christian Désagulier


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