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A jamais

Publié le 11 novembre 2022 par Adtraviata
A jamais

Présentation de l’éditeur ;

Des champs de bataille de la Somme aux vignobles bordelais en passant par le Paris des surréalistes, quand les Anglais traversent la Manche pour parcourir la France, cela donne des situations tantôt cocasses, tantôt touchantes, mais toujours surprenantes.
Trois nouvelles savoureuses et pleines d’humour du plus francophile des écrivains britanniques.

C’est la couverture de ce Folio 2 euros qui a – évidemment – attiré mon oeil en librairie. Lecture de circonstance et occasion de vérifier si je m’adapte à Julian Barnes (sur les conseils d’une amie, j’ai lu il y a très longtemps Le perroquet de Flaubert et – désolée pour les fans – je me souviens d’un sentiment d’incompréhension et d’ennui…). Les trois nouvelles rassemblées ici, extraites du recueil Outre-Manche me permettaient donc une expérience courte.

Dans Expérience, le narrateur est le neveu d’un vieil homme qui raconte sans cesse, et dans des versions différentes, sa visite à Paris et sa rencontre avec les poètes surréalistes qui lui ont proposé une expérience sexuelle pour vérifier si un Anglais peut distinguer à l’aveugle la différence entre une femme française et une anglaise. Bon, les conversations entre l’oncle Freddy et le neveu sont racontées avec ironie et la fin de l’histoire l’est tout autant mais le sujet est pour le moins « daté à l’époque actuelle.

A jamais, qui donne son titre à ce livre, dresse l’histoire d’une vieille femme dont le frère a été tué en 1917 dans la Somme. Elle conserve toujours précieusement les cartes postales impersonnelles de l’armée sur lesquelles les soldats biffaient les mentions qui ne les concernaient pas – mais son frèe a osé écrire une mention personnelle sur le bord d’une des cartes. Chaque année elle fait le pèlerinage du souvenir dans la Somme, d’Albert à Amiens, elle préfère les petits cimetières du Commonwealth au Mémorial de Thiepval mais elle ne peut pas ne pas passer devant ce mastodonte où sont gravés les noms des soldats disparus sans sépulture. Vieille Anglaise un peu excentrique, son deuil n’est toujours pas achevé des dizaines d’années après la mort de son frère. Elle s’interroge avec justesse sur ce que deviendra la mémoire de tous ces soldats sacrifiés lors de la première guerre mondiale.

La dernière nouvelle, Ermitage, met en scène deux amies célibataires qui « dorment dans le même lit » lors de leurs voyages en France à la fin du 19è siècle. Elles finissent par racheter un château bordelais dont elle vont restaurer le vignoble. Florence apporte l’argent et se contente d’une vie agréable dans sa propriété. Elle lasse à Emily le soin de s’occuper et de bagarrer parfois avec le régisseur et les autres employés du domaine sur la manière de protéger les vignes des maladies et de créer un vin authentique. On est dans le Médoc et le moins que l’on puisse dire, c’est que Julian Barnes connaît parfaitement la région et les grands crus.

Trois nouvelles – surtout les deux dernières pour moi – agréables à découvrir avec leur charme anglais et leur douce ironie.

Julian BARNES, A jamais, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin, Folio 2 euros, 2008 (Première édition : Denoël, 1998)


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