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Carrie (Stephen King)

Par Hiram33

carrie

Première partie : le jeu du sang.

Le 19 août 1966, une mystérieuse pluie de pierres s’abattit sur la maison de Mrs White et sa fille Carietta, âgée de 3 ans.

Carrie était la compagne de classe de plusieurs filles depuis le CE2. Son don s’était développé depuis et lentement mais ses camarades ne savaient pas qu’elle était télécinétique.

Carrie était plantée au milieu des douches parmi ses camarades. Elle était courtaude et épaisse avec des taches de sons. Elle avait tout du souffre-douleur. Elle ne cessait de regretter l’absence à Ewen School de douches individuelles. Les autres la dévisageaient toujours. Miss Desjardin, la professeur de gymnastique ordonna aux filles de quitter les douches. Carrie ne bougea pas. Elle avait ses premières règles. Les filles se moquèrent d’elle, Chris Hargensen la première. Un cercle se forma autour de Carrie. Les filles criaient « Elle-a-ses-ours ! ».

Carrie avait seize ans. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait et se mit à crier. Les filles se mirent à lancer des tampons et des serviettes hygiéniques avec des rires dégoûtés. Sue bombarda aussi Carrie comme envoûté par les autres et ne voyant pas le mal. Carrie hurla de désespoir.

Alors les filles arrêtèrent, stupéfaites. L’accumulation de brimades qu’elle subissait depuis des années se cristallisa dans ce cri. Carrie s’affala sur le sol et gémit. Ce fut alors que Miss Desjardin fit irruption dans la pièce pour voir ce qui se passait.

Plus tard, des spécialistes estimèrent que l’apparition tardive et traumatisante des règles de Carrie avait pu déclencher en elle le mécanisme d’un don resté latent jusque-là.

La mère de Carrie ne l’avait pas instruite sur les règles et l’avait laissée atteindre l’âge de presque dix-sept ans sans consulter un gynécologue au sujet de l’absence du cycle menstruelle chez sa fille. Une de ses camarades, Ruth, avait surpris Carrie en train d’utiliser un tampon hygiénique pour essuyer son rouge à lèvres. Une camarade essaya de lui expliquer la destination exacte du tampon mais Carrie, devenue méfiante, avait cru qu’on se moquait d’elle.

Miss Desjardin gifla Carrie pour la calmer. Elle aurait difficilement admis le plaisir qu’elle avait pris à faire ce geste. Dans sa première année d’enseignement, elle s’efforçait encore de croire que tous les élèves étaient de bons éléments. Elle releva Carrie avec une grimace de dégoût car Carrie avait laissé une empreinte sanglante sur son short blanc. Elle comprit que Carrie ignorait ce qu’étaient les règles quand elle voulut lui montrer le distributeur de serviettes hygiéniques. Carrie avait mal au ventre. Miss Desjardin balançait entre la pitié et la répugnance. L’ampoule du plafond explosa. Miss Desjardin poussa une exclamation de surprise et l’idée l’effleura que ce genre d’incident semblait toujours se produire à proximité de Carrie quand elle était bouleversée. Elle montra à Carrie comment se servir de la serviette hygiénique.

Carrie était née le 21 septembre 1963. Son père était mort en février de la même année en tombant d’une poutrelle sur un chantier. Mrs White avait continué de vivre seule dans leur bungalow de la banlieue de Chamberlain. Elle vouait une dévotion quasi fanatique pour le culte fondamentaliste. Les voisins n’avaient pas appelé tout de suite les secours quand Mrs White s’était mise à crier au début de son accouchement par aversion pour elle. La police ne s’était rendue sur les lieux que 5 h plus tard. L’inspecteur avait découvert Mrs White dans son lit avec son bébé. Elle était couverte de sang et avait coupé elle-même le cordon ombilical avec un couteau.

J. W. Bankson et George Fielding avaient conclu que Mrs White avait associé le concept de grossesse avec la notion de « péché » de l’accouplement. Elle avait sans doute refusé d’admettre avoir commis ce péché. Elle avait écrit à une amie pour lui dire qu’elle se croyait atteinte d’un « cancer des organes féminins ». Miss Desjardin avait dû mettre elle-même en place la serviette et nettoyer Carrie. Carrie s’était plaqué les mains sur les oreilles quand elle avait voulu lui faire comprendre la banalité de la menstruation.

Miss Desjardin emmena Carrie chez le sous-directeur, Mr Morton.  Miss Desjardin lui expliqua que Carrie devait rentrer chez elle car elle avait subi un choc violent. Il demanda à sa secrétaire de remplir une fiche d’exemption au nom de Carrie Wright. « White » corrigea Miss Desjardin. Il demanda à Carrie si elle voulait qu’on la raccompagne mais écorcha son prénom. Il lui dit : « Vous pouvez partir maintenant, Cassie ». Carrie hurla « C’est pas mon nom ! ». Morton et Desjardin sursautèrent. Carrie sortit de la pièce en marmonant que les filles s’étaient moquées d’elle. Après quoi Miss Desjardin expliqua à Morton ce qui était arrivé. Morton avait peine à croire qu’une élève de ce collège ait pu passer trois ans sans avoir jamais entendu parler de menstruation.

Morton se souvient que Margaret White, la mère de Carrie, avait étudié dans ce même collège avant qu’il n’arrive. Elle avait dit  une enseignante que le Seigneur lui réserverait une place en enfer pour avoir inculqué aux enfants la théorie de l’évolution de Darwin. Miss Desjardin promit de passer un savon aux filles qui s’étaient moquées de Carrie.

Sur le chemin du retour, Carrie imaginait qu’elle écrasait les têtes de toutes les filles qui s’étaient moquées d’elle. Elle se souvenait des moqueries qui avaient commencé dès l »école primaire quand elle se mettait à genoux pour prier avant de déjeuner à la cafétéria. Jamais elle n’avait recommencé en public ais s’était bien gardée d’en parler à sa mère. Elle avait dû lutter pour aller au camp de vacances des Jeunesses chrétiennes car sa mère ne voulait pas que Carrie côtoie des Méthodistes, des Baptistes et des Congrégationalistes. Les filles s’étaient moquées d’elle et sa mère lui avait dit de ne jamais oublier cette leçon. Elle avait dit que le seul espoir de paix et de salut s’inscrivait à l’intérieur d’un cercle rouge. Après le camp des Jeunesses, Margaret White avait enfermé sa fille dans la penderie pendant six heures.

Sa mère lui avait défendu de prendre des douches avec les autres filles mais Carrie avait désobéi dans l’espoir que le cercle dont elle était prisonnière se desserre un peu.

Tommy, un petit garçon de 5 ans croisa Carrie alors qu’il était sur son vélo. Il l’insulta et la traita de bigote. Elle lui lança un regard furieux et Tommy tomba. Carrie s’en alla le sourire aux lèvres. Carrie sentit que son esprit avait décollé.

Elle se souvenait qu’à 3 ans elle avait fait pleuvoir des pierres.

Dans un article publié en 1980 « Carrie : L’Aube noire de la TK », Jack Gaver avait relaté le témoignage d’Estelle Horan qui avait connu le père de Carrie. Avec sa Bible et son revolver qu’il avait toujours avec lui, elle le trouvait terrifiant. Elle s’était souvenue de l’incident des pierres. Sa mère était voisine des White et Margaret White avait été scandalisée de voir la petite Estelle en maillot de bain dans le jardin de sa mère. Mais sa mère avait tenu bon. Un jour, Estelle prenait un bain de soleil en bikini et s’endormit. A son réveil, Carrie, 3 ans se tenait devant elle. Stella avaient trouvé la petite fille délicieuse. Elle se demandait ce que sa mère avait bien pu lui faire pour qu’elle  devienne le sujet d’articles dans la presse. Elle lui avait dit bonjour. La gamine portait une robe bien trop longue en plein été. Carrie avait demandé  à Estelle : «  C’est quoi, ça ? » en désignant ses seins. Estelle s’était rendu compte que son soutien-gorge était tombé. Elle avait expliqué à la petite fille que c’étaient ses seins et avait replacé son soutien-gorge. L’enfant avait répondu qu’elle aussi voulait en avoir. Estelle lui avait expliqué qu’elle devait attendre encore huit ou neuf ans. Mais Carrie avait répondu que sa mère lui avait dit que les filles sages n’en avaient pas. Estelle avait eu du mal à croire ce qu’elle avait entendu. Carrie pensait que sa mère avait été de mauvaise et que c’était pour ça qu’elle avait des seins. Elle appelait les seins des salbosses. Estelle croyait rêver et eut l’envie d’enlever cette pauvre petite mioche et de se sauver avec elle. Mais à ce moment-là, la mère de Carrie arriva et se mit à hurler. Et l’enfant retourna chez sa mère en jetant un dernier regard sur Estelle ; un regard de désir, de haine, de crainte et de désespoir. Estelle vit Margaret cela lacérer le cou tout en hurlant des imprécations. Puis elle prit son enfant dans ses bras et rentra chez elle. Estelle éteignit sa radio pour entendre ce que Mrs White disait à Carrie. Elle lui demanda d’aller s’enfermer dans son placard pour prier. La mère d’Estelle plaignit la pauvre enfant et rentra avec sa fille. Elles étaient effondrées. La mère d’Estelle prépara du thé au lait pour consoler sa fille et ce fut à ce moment-là qu’elles entendirent la pluie de pierres. En réalité, ce n’était pas des pierres mais des énormes grêlons. Estelle et sa mère entendirent des cris chez les White. La porte arrière de leur maison s’était ouverte à la volée et s’était refermée de même sans que personne ne sorte. Des objets CT va craquer, a éclaté, arraisonné. Puis une fenêtre s’était ouverte sur le côté de la maison et un gros meuble d’acajou fut jeté à l’extérieur. Après quoi les pierres surgirent du néant, d’un ciel parfaitement bleu. La presse locale n’avait pas relaté cet événement car le temps que le journaliste se déplace, Mrs White avait déjà fait réparer le toit de sa maison.

Carrie rentra chez elle après avoir réussi à bousculer le petit Tommy rien qu’avec la pensée. Elle accrocha son manteau dans le placard. Au-dessus de la rangée de patères, trônait une image lumineuse avec un Christ fantomatique qui planait au-dessus d’une famille attablée dans une cuisine. Au bas de l’image, il y avait une légende lumineuse qui disait : l’Hôte invisible. Carrie avait la migraine. Sa mère travaillait au pressing de de la blanchisserie du Ruban Bleu dans le centre commercial de Chamberlain. Dans la cuisine, il y avait quantité d’images pieuses mais celle que Carrie préférait se trouvait pendule juste au-dessus de sa propre chaise. On ne pouvait y voir Jésus menant des agneaux sur une colline. L’élément dominant de la pièce était l’énorme crucifix de plâtre dressé contre le mur du fond. Il avait un mètre de haut. Un  rictus de douleur outrancier figeait le visage du christ. Ce crucifix avait donné à Carrie d’innombrables cauchemars dans lesquels le christ mutilé la poursuivait le long de couloirs sans fin en brandissant un marteau et des clous, l’exhortant à prendre sa croîx et à le suivre. Elle avait un peu moins mal au ventre. Comme le souvenir de la pluie de pierres, la réalité des périodes menstruelles semblait avoir été toujours présente à son esprit, bloquée mais en attente. Carrie se lava dans la baignoire. Il n’y avait pas de douche car sa mère disait que les douches étaient immorales. La taille de Carrie s’était épaissit car le seul moyen qu’elle avait troué de combler le néant et l’ennui était de manger. Elle se caressa la poitrine et un frisson fin la parcourut à fleur de peau. Elle savait que c’était très mal car maman lui avait dit qu’il y avait une certaine chose qui était dangereuse et absolument impure. Elle se sentit prête à défaillir quand elle toucha ses tétons. Le désir qu’elle ressentait, c’était la Chose. Elle savait que maman avait arraché la Chose qui était en elle et avait gardé sa pureté. C’est pourquoi Carrie haïssait sa mère.

Carrie détestait son visage et son regard éteint, ses boutons rouges et ses points noirs.

Après avoir regardé son visage dans un petit miroir qu’elle avait raccroché au dos de la porte, elle brisa le miroir par la pensée.

Sue Snell venait de faire l’amour avec Tommy Ross. Elle s’aperçut que ses pensées se tournaient à nouveau vers Carrie White. Elle sortait depuis octobre avec lui (on était en mai). Mais ils avaient commencé à coucher ensemble seulement deux semaines plus tôt. Elle n’avait ressenti du plaisir qu’une fois. Maintenant, cela représentait un frottement bien excessif pour si peu de chaleur. Elle se sentait déprimée et pensait à Carrie. Elle avait du remords et pleura. Elle raconta à Tommy la scène du matin dans les douches avec Carrie. Sue et Tommy étaient les deux élèves les plus populaires du collège et s’attendaient à être élus roi et reine du Bal de printemps. Sue avait peur de s’être conformée aux attentes de ses camarades en couchant avec Tommy parce qu’il était aussi populaire qu’elle et de s’être mêlée avec joie à l’humiliation de Carrie pour le même motif. Tommy lui dit que cela ne lui ressemblait pas d’avoir suivi les autres. Il avoua avoir flanqué un coup de pied à Danny Patrick parce que celui-ci lui avait mis une raclée quand Tommy était en 6è. Un an plus tard, Danny s’était fait battre par Pete Taber et Tommy en avait profité pour se venger en lui donnant un coup de pied alors que Danny était déjà K. O.

Tommy demanda à Sue si elle comptait présenter ses excuses à Carrie. Elle demanda à Tommy si lui-même avait présenté ses excuses Danny. Tommy pensait que c’était différent car Carrie n’avait rien fait à Sue. Sue ne fréquentait Carrie que lors les cours de sport car elles n’étaient pas dans la même section. Carrie faisait des études commerciales et Sue des études classiques. Elle reprocha à Tommy d’être devenu moralisateur depuis qu’il avait commencé à la baiser. Elle avait honte. Il lui répondit qu’il n’était pas très doué pour donner des conseils. Elle lui demanda s’il ne trouvait  horrible quelquefois d’être aussi populaire mais il dit que c’était sans importance. Elle voulait qu’il lui fasse encore une fois l’amour et cette fois elle éprouva du plaisir. Puis, il lui demande cérémonieusement si elle l’accompagnerait au grand Bal du Printemps et elle accepta.

Assises  dans le salon, Carrie et sa mère écoutaient Ernie Ford Tennessee qui chantait une chanson écrite par P. P. Bliss, un ancien marin qui s’était voué à dieu après avoir survécu à une tempête. Carrie cousait une robe cramoisie pour elle. Mrs White et son mai avaient été baptistes puis avaient quitté cette religion, persuadés que les Baptistes étaient favorables à l’Antéchrist. Mrs White ne fréquentait plus d’église et pratiquait le culte chez elle avec sa fille. Mrs White avait été convoquée par le collège. Elle rentra en disant à Carrie qu’à présent elle était une femme. Carrie aurait voulu que sa mère la console mais sa mère la frappa et lui ordonna de se relever pour prier dans l’autel qui avait été une chambre. Mrs White récitait les passages de la Bible évoquant les malédictions d’Eve mais Carrie la suppliait d croire en son innocence.  Mrs White demeura implacable. Carrie aurait voulu que sa mère la prévienne de ce qu’elle subirait avec les règles. Mais sa mère lui ordonna d’aller prier dans son placard. Alors Carrie menaça de faire tomber à nouveau les pierres et sa mère l’étrangla en la traitant d’enfant du diable. Alors Carrie la traita de pute. Mrs White frappa encore sa fille et la poussa dans le placard qu’elle ferma à clef.

Carrie supplia sa mère de la laisser sortir après des heures à essayer de ne pas flancher.

Carrie avait été enfermée une journée entière après avoir volé une bague ou après avoir caché la photo d’un garçon sous son oreiller. Mais cette fois sa mère l’avait laissée sortir dès son premier appel ayant peur que sa fille fasse sauter la porte du placard.

Les parents de Mrs White étaient aisés. Ils étaient propriétaires d’un cabaret mais son père fut tué lors d’une rixe survenue au bar en 1959. Margaret qui avait alors 30 ans se lit à fréquenter le culte fondamentaliste. Sa mère se remaria et voulut se débarrasser d’elle. Harrold, son beau-père la surnommait la bigote de choc. Elle rencontra Ralph White aux réunions d’une mission en 1960 et s’installa avec lui. Ils se marièrent en 1962. Elle avait une fausse couche deux semaines plus tard et avait donc conçu en dehors des liens du mariage.

Le lundi suivant la scène des douches, Miss Desjardin n’avait toujours pas décoléré et sermonna les filles dans les vestiaires. Elle les accusa d’avoir fait une véritable saloperie et ce mot choqua les filles car aucun professeur ne l’employait. Elle leur annonça que le collège avait décidé une semaine de retenue pour toutes. Miss Desjardin voulait qu’elles soient exclues du bal mais le personnel administratif exclusivement masculin n’avait pas retenu cette peine ne mesurant pas assez la conduite odieuse des filles.

Celles qui sècheraient seraient exclues du bal.

Chris Hargensen avait séché la retenue. Son père avait été convoqué par Henry Grayle,  le directeur du collège de qui l’avait attendu toute la semaine. Il n’était venu que la semaine de retenue terminée. John Hargensen était  la lumière incontestée du barreau de la ville.

Hargensen était venu se plaindre du comportement de Miss Desjardin qui avait malmené sa fille et l’avait insultée en employant le mot « saloperie ». Grayle avait essayé de défendre Desjardin mais en vain. Hargensen exigea que sa fille puisse aller au bal et que Desjardin ne voie pas son contrat renouvelé en fin d’année.si Grayle refusait, Hargensen attaquerait le collège en justice. Mais le directeur du collège s’était renseigné sur la fille de à l’avocat. Chris avant de s’en prendre à Carrie avait déjà agressé des enfants handicapés. Grayle n’avait donc pas l’intention de céder aux menaces de l’avocat. Les deux hommes se donnèrent rendez-vous au tribunal. Le directeur ajouta que le collège asssignerait Chris pour agression vis-à-vis de Carrie. Le directeur annonça à l’avocat que les sanctions contre sa fille seraient maintenues. Hargensen sortit du bureau en réprimant de justesse son envie de claquer la porte. Morton entre ensuite pour demander au directeur comment il s’en était sorti. Il faudrait prévenir l’administrateur de la situation.

Ce même jour, le lundi, Sue avait donné rendez-vous à Tommy nous à la galerie Kelly. C’était un endroit où on pouvait jouer au flipper et boire des sodas. Sue remarqua Chris et son copain du moment, Billy Nolan. Sue appela Chris qui ressentit une onde de dégoût car, à présent, elle associait Chris à la souffrance de Carrie. Sue commanda un cidre que lui servit Hubie qui se plaignait toujours de son pacemaker. Chris annonça à Sue  qu’elle serait privée de bal  cause du directeur. Son père avait l’intention de faire un procès au collège. Chris ajouta que de toute façon les filles avaient bien l’intention de saboter le bal pour protester. Elle reprocha à Sue de ne pas avoir marché avec elle et d’avoir été lèche-cul. Sue lui répondit qu’elle avait encaissé la punition parce qu’elle trouvait qu’elle l’avait méritée et que ce qu’elles avaient fait c’était un truc dégueulasse. Sue laissa son verre sur la table et partit en colère. Chris avait touché le point sensible en l’accusant d’être hypocrite et si Sue avait accepté la retenue c’était parce qu’elle ne voulait manquer le bal pour rien au monde. Elle ne vit pas Tommy et se mit  à courir.

Chris écrivit à son amie Donna Kellog pour lui apprendre que finalement son père avait renoncé à poursuivre le collège. Mais elle avait l’intention de se venger d’une manière ou d’une autre.

Carrie s’entraîna à la télékinésie. Elle réussit à faire voler dans les airs une brosse. Elle réussit à faire décoller son lit de quatre ou cinq centimètres. Cela lui provoqua une migraine et son cœur battait à coups précipités. Elle   rêva d’énormes rochers vivants qui s’abattaient dans la nuit en poursuivant sa mère et en les poursuivants tous.

Bien des années plus tard, Sue Snell déclara dans un livre que personne n’avait compris ce qui s’était passé à Chamberlain la nuit du bal de fin d’année. Ni les chercheurs de Duke University ni David Congress, encore que son ouvrage L’ombre dissipée était sans doute le seul livre à peu près valable écrit sur le sujet. Elle  avait reproché à la Commission White de s’être servie d’elle comme d’un bouc émissaire. Elle voulait surtout insister sur le fait qu’à l’époque les protagonistes de ce drame étaient tous des enfants de 17 ans qui s’efforçaient de faire de leur mieux.

Sue proposa à Tommy d’être le cavalier de Carrie au bal du printemps. Il n’avait jamais entendu un truc aussi dingue. Alors Sue lui expliqua qu’elle voulait compenser l’histoire de la douche mais c’est aussi parce qu’elle savait que Carrie était brimée depuis les petites classes. Elle voulait la sortir de sa coquille. Tommy lui répondit qu’à l’époque ils étaient tous des enfants et ne savaient pas ce qu’ils faisaient car ils n’avaient aucun pouvoir d’empathie.

Tommy accepta tout en pensant que Carrie refuserait. Il dit  Sue qu’il l’aimait pour la première fois. Elle était stupéfaite.

Tommy invita Carrie le jeudi suivant et constata qu’il était aussi nerveux qu’un gosse qui va à son premier goûter d’enfants. Il découvrit qu’elle n’avait rien de repoussant car c’était la première fois qu’il la regardait vraiment. Il se demanda s’il accomplissait une bonne action ou ne faisait qu’envenimer la situation. Elle répondit qu’elle n’aimait pas qu’on se moque d’elle. Alors il insista. Elle lui dit que ce serait un cauchemar. Mais il lui redemanda de venir et elle accepta. Elle le remercia et il lui effleura la main.

Carrie avait acheté du tissu un pour se confectionner une robe le bal. Elle n’avait plus peur de sa mère à présent car elle avait amélioré son don. Elle était est capable de soulever sont lit jusqu’au plafond. Cela la faitguait à peine. Des souvenirs lui revinrent et notamment la fameuse nuit où elle avait fait tomber les pierres. Cette nuit-là, sa mère avait tenté de la tuer avec un couteau de cuisine la prenant pour un démon. Puis sa mère s’était évanouie.

Carrie annonça à sa mère qu’elle avait été invitée au bal par Tommy. Sa mère refusa qu’elle y aille et lui lança son thé à la figure. Elle ordonna à sa fille d’aller dans le placard. Elle la frappa au visage. Elle voulut frapper encore une fois mais Carrie l’en empêcha. Puis elle fit voler le plat à tarte et la tasse de thé de sa mère. Mrs White traita sa fille de’enfant du diable. Elle récita le Notre-Père. Carrie alla chercher son tissu au sous-sol. Elle savait que Tommy ne l’aimait pas mais l’avait invitée pour se réhabiliter. Elle ne savait pas si son don particulier lui venait d’un dieu de lumière ou d’un prince des ténèbres mais se souciait peu de connaître la réponse à cette question. Elle se sentait envahie d’un immense soulagement, et les épaules enfin libérés d’un fardeau qui l’écrasait depuis toujours. En haut, sa mère continuait à murmurer, ce n’était pas le Notre-Père, c’était la prière de l’exorcisme du Deutéronome.

Lundi matin, Grayle et Morton parlait de Hargensen. Puis Grayle annonça  Morton que Tommy avait invité Carrie au bal. Morton en recracha son café. Grayle avait peur que Chris Hargensen prépare une vengeance puisque son père avait renoncé à attaquer Grayle en justice. Il savait que Chris fréquentait un voyou, Billy Nolan et qu’elle en faisait ce qu’elle voulait.

Sue et 14 autres étudiants du comité de décoration du Bal de Printemps travaillaient à la vaste fresque qui devait être suspendue entre les deux estrades d’orchestre le vendredi soir. Le sujet à traiter était le printemps à Venise. Sue pensait que ce sera le Bal de printemps le plus réussi qu’elle avait jamais connu. Sue ne participerait pas au bal mais elle voulait que ce soit réussi pour Tommy. Helen Shyres qui coloriait les décorations avec elle et lui demanda pourquoi elle avait demandé à Tommy de conduire Carrie au bal. Sue répondit qu’elle espérait que cela aiderait Carrie à sortir un peu de sa coquille et à renverser certaines barrières. Elle pensait qu’elle ne lui devait bien ça. Helen lui expliqua qu’on parlait beaucoup de cela au collège mais que dans l’ensemble Sue gardait la cote. Il y avait tout de même un clan qui faisait de l’opposition, celui de Chris et de Billy. Sue fut surprise de découvrir que la détestation que Chris avait envers elle la consternait et l’émoustillait à la fois.

Sue vit Chris entrer dans le local où le comité d’organisation du bal avait élu domicile. Sue demanda à Helen si elle savait ce que Chris préparait mais Helen répondit qu’elle ne savait pas.

Plus tard, Sue écrirait dans son mémoire que Chris, du début à la fin, n’avait eu pour unique objectif que la destruction complète de Carrie White.

Chris était entré dans le bureau du comité d’organisation du bal pour regarder le plan de la salle. Elle regarda égaement les noms écrits sur les bulletins de vote pour l’élection du roi et de la reine du bal. Seuls Tommy et Carrie avaient une chance de gagner.

Billy et ses copains se rendirent à la ferme d’Irwin Henty (absent pour cause d’enterrement). Ils tuèrent deux truies pour récupérer leur sang dans des seaux.

Deuxième partie : le bal.

Carrie passa sa robe pour la première fois le matin du 27 mai et avait acheté un soutien-gorge qui mettait en valeur sa poitrine. Tout à coup sa mère entra dans sa chambre. Elle dit qu’elle aurait dû se douter qu’elle aurait une robe rouge. Elle ajouta que tout le monde verrait ses salbosses. Carrie répondit que c’était ses seins. Sa mère lui ordonna de retirer sa robe pour la brûler et prier pour obtenir le pardon de dieu. Puis elle se griffa la joue et hurla. Elle se frappa la bouche et barbouilla ses doigts de sang pour en mettre sur la Bible qu’elle portait. Carrie ouvrit la porte en grand par télékinésie. Et elle repoussa sa mère au dehors de sa chambre avec ses mains mentales. Puis Mrs White retourna à son travail.

Tommy était venu chercher Carrie. Mrs White s’était enfermée dans la chapelle pour prier. Carrie avait eu peur qu’il lui pose un lapin pour se moquer d’elle. Mais il arriva et elle le trouva beau et croustillant. La bizarrerie du mot lui donna envie de rire.

Tommy la trouva très belle et elle l’était. Chris avait donné rendez-vous à Billy au Cavalier. Elle avait rencontré Billy à la suite d’une descente de flics dans un appartement de Portland où il se droguait avec ses copains. Le père de Chris avait réglé l’affaire avec efficacité et sang froid. Le père de Chris l’avait punie en lui confisquant sa voiture. Billy avait proposé de la ramener du collège un jour et elle avait accepté. Une fois, un pneu de la voiture avait éclaté et Chris crut qu’elle allait mourir mais elle avait été fascinée par le sang froid de Billy. Il lui fit l’amour et le fait d’avoir frôlé la mort provoqua chez Chris un orgasme. Billy était allé au Cavalier juste après avoir tué les truies. Il fit l’amour à Chris et lui dit que son idée était très bonne : du sang de cochon pour une cochonne.

Tommy se gara dans le parking à côté de la nouvelle aile de l’école. Carrie avait subitement l’impression de vivre un rêve débordant d’intentions cachées dont elle venait à l’instant de prendre conscience. Tina Blake et Norma Watson distribuaient les programmes et faisaient asseoir les gens selon les places prévues sur leur plan. Tous se tournèrent vers Tommy et Carrie à à leur entrée et pendant un instant plana un silence contraint et tendu. Frieda demanda à Carrie où elle avait acheté sa robe car elle la trouvait formidable. Carrie lui dit qu’elle l’avait faite. Tommy souriait. Les choses semblaient bien s’engager. Il restait à Tommy et Frieda moins de deux heures à vivre.

Billy venait d’un foyer détruit ; son père avait pris le large après la faillite d’une station-service mal gérée quand Billy avait 12 ans et tout dernièrement sa mère avec quatre mecs à la fois. Il savait que sa relation avec Chris finirait une fois le coup fait et il la verrait non plus comme une déesse mais comme une garce de la haute. Billy et Chris arrivèrent au bal. Dans la nuit du jeudi au vendredi, Billy avait placé les seaux de sang sur une poutrelle au-dessus de la scène où se trouveraient Tommy et Carrie une fois couronnés. Il installa un système de poulies pour que les seaux soient renversés au bon moment. Il décida de laisser les empreintes de ses copains Kenny, Don et Steve sur les seaux. Peut-être auraient-ils une petite surprise le samedi matin. Chris s’était livrée à une discrète propagande pour que Carrie soit élue reine du bal et Tommy roi.

Carrie était allez trouver Tommy la veille de la soirée à la sortie d’un de ses cours pour lui expliquer qu’elle devrait être rentrée vers 23h30 au plus tard ou que sa maman se ferait trop de soucis. Tommy lui proposa de finir la soirée après la fête en faisant un arrêt chez Kelly pour manger un hamburger. Elle répondit que c’était une très bonne idée.

La première impression qui frappa Carrie lorsqu’ils entrèrent dans la salle de bal fut un éblouissement. Elle comprit soudain qu’elle n’oublierait jamais cet instant et qu’il resterait éternellement présent à sa mémoire. Une paix inhabituelle lui pénétra le cœur. Norma Watson étudia Carrie de la tête aux pieds, à la recherche d’une bretelle de soutien-gorge apparente, d’une éruption de boutons, de toute anomalie susceptible d’être largement diffusée parmi les autres, une fois sa mission accomplie. Elle demanda à Carrie où elle avait dénichée sa jolie robe.  Puis elle conduisit Carrie et Tommy à leur table. Norma n’en revenait pas que Carrie soit si différente. Elle s’éloigna avec un sourie ambigu. Les choses ne se passaient pas comme prévu. Tout le monde savait comment elles devaient tourner avec Carrie. Tommy proposa  Carrie de danser mais elle ne se sentait pas prête. Elle lui demanda d’allumer la bougie sur la table.

Mrs White se souvenait de sa grand-mère  qui avait réussi à allumer le feu dans la cheminée sans bouger de son fauteuil. Elle était morte à 66 ans, dans un état de sénilité avancée. Carrie n’avait même pas un an. En rentrant de l’enterrement de sa grand-mère, Margaret était  entrée dans la chambre de Carrie et avait elle avait vu le bébé couché dans son berceau, riant et gazouillant, en train de regarder un biberon qui flottait en l’air au-dessus de sa tête. Elle avait faiili la tuer mais Ralph l’en avait empêchée. Elle avait décidée de tuer Carrie dès qu’elle serait rentrée du bal pour effacer le péché. Elle aiguisa un couteau de cuisine.

Tommy était plein d’attentions pour Carrie et lui proposa de faire le tour des tables pour voir les camarades comme Carrie ne semblait pas vouloir danser. Deux accessoiristes amenèrent les trônes du roi et de la reine vers les emplacements marqués à la craie sur la scène.

Tommy dit à Carrie qu’il la trouvait très belle et elle sentit monter en elle la certitude qu’il ne pourrait rien lui arriver de mauvais ce soir-là. Tommy partit chercher des punchs et Miss Desjardin vint la saluer. Carrie lui dit qu’elle était très jolie. Miss Desjardin lui répondit qu’elle aussi était très belle en appuyant sur chaque syllabe. Elle lui parla de son bal de fin d’études qui lui avait donné beaucoup d’émotion et ajouta que Carrie n’oublierait jamais cette soirée.

Sue était restée chez elle et écoutait de la musique. Ses parents étaient sortis pour la soirée. Elle avait accompli un geste ; cela devait suffire, elle s’estimait satisfaite. Elle était en retard pour ses règles. Elle  crut entendre en elle quelque chose basculer. Peut-être n’était-ce que son âme.

Billy donna les dernières instructions à Chris en précisant que ce qu’elle allait faire  n’était plus une farce mais une agression criminelle qui pourrait la conduire en prison. Dès que les seaux seraient tombés, il retournerait à la voiture et démarrerait. Il menaça de la liquider si elle parlait.

Le vote pour l’élection du roi et de la reine commença. Carrie découvrit que son nom et celui de Tommy étaient inscrits sur les bulletins. Elle en resta bouché bée. Tommy proposa de voter pour eux-mêmes. Carrie se blessa au pouce en brisant le crayon. La vue du sang lui était odieuse. Elle sentit s’insinuer en elle une sorte de tension grandissante. Elle serra plus fort la main de Tommy. Vic annonça qu’il y avait 63 voix pour Franck Grier et Jessica MacLean et 63 pour Thomas Ross et Carrie White. Un vote auxiliaire allait avoir lieu. Carrie demanda à Tommy de ne pas voter pour eux mais il répondit qu’il fallait finir ce qu’on avait commencé. Elle eut un pressentiment et pensa à sa mère. Tommy vota pour eux en disant que ce soir rien n’était trop beau pour Carrie.

Mrs White s’était blessé la paume en affutant le couteau. Elle trouva cela très bien et ne fit pas de pansement. Il était 22h12 et elle n’avait aucune raison de penser que le monde touchait à sa fin.

Vic Mooney annonça le résultat du vote : Tommy et Carrie étaient élus à une voix de majorité. La foule applaudit. Carrie étouffa une exclamation et Tommy sentit un vertige insolite. Durant une seconde, il fut littéralement terrifié. Un sceptre enveloppé de papier mâché en argent fut placé dans la main de Tommy et une cape avec un somptueux col de lapin fut jetée sur les épaules de Carrie et ils furent conduits le long de l’allée centrale. L’orchestre joua en fanfare et les applaudissements redoublèrent.

On les fit monter tous les deux sur la scène et on les mena jusqu’au trône. Les applaudissements crépitèrent à nouveau. Cette fois, tout sarcasme paraissait absent, mais à l’enthousiasme sincère de l’assistance se mêlait une sorte de crainte.

Tommy, presque au terme de son existence, prit Carrie par la main et lui sourit. L’orchestre joua l’hymne de l’école. Le public se leva et commença à chanter tout en applaudissant. C’est à ce moment-là que Chris ordonna à Billy de tirer sur la corde mais il ne voulut pas donner le coup d’envoi à sa place alors elle tira avec violence sur la cordelette. L’orchestre s’arrêta, il y eut un silence puis quelqu’un hurla. Puis les rires éclatèrent.

A 22h25, Sue entendit la sirène municipale qui signalait les sinistres importants. Elle vit que l’école était en feu. Carrie et Tommy furent aspergés de sang. Carrie était restée assise sans faire un geste. Les seaux de sang se balancèrent au-dessus des trônes en s’entrechoquant. Puis ils tombèrent l’un sur la tête de Tommy. Quelqu’un se mit à rire de façon hystérique et tout le monde rit. Carrie était couverte de sang. Il n’y avait en elle que les yeux qui n’étaient pas complètement rouges. C’est ce qui déclencha les rires. Qui allait pleurer sur Carrie après toutes ces années ? Les gens la montraient du doigt.  Tommy était le seul à ne pas la regarder. Puis le visage de Carrie se décomposa. Elle plaqua ses mains sur sa figure et se leva en chancelant. Elle manqua de trébucher et les rires redoublèrent. Miss Desjardin courut vers elle mais Carrie l’évita et se précipita dans la foule. Quelqu’un lui fit un croche-pied et elle tomba.  Elle émit un cri étouffé. Elle se releva et partit en courant. Les rires s’atténuèrent. Puis Helen Shyres éclata en sanglots. Le trône se renversa et Tommy roula au sol. Il ne bougeait plus. Carrie revint et les portes d’entrée se refermèrent en Claquant.quelqu’un hurla et ce fut le début de la panique. Les gens voulaient sortir et Carrie souriait.  Seuls ceux qui utilisèrent les sorties de secours survécurent. Les appareils d’arrosage anti-incendie se déclenchèrent. Un câble électrique coupé en deux toucha le sol mouillé avec un éclair violet et les gens hurlèrent en même temps. Pour Tommy la mort fut instantanée et presque sans douleur.  Il avait été touché au crâne par la tranche inférieure du seau.

Sue prit la voiture de sa mère pour aller voir ce qu’il se passait. Elle vit l’explosion qui la projeta contre le volant. Elle sortit de sa voiture et l’onde de choc la projeta en arrière. La rue était éclairée par le feu comme en plein midi.  Carrie avait fait exploser les bornes à incendie pour que les pompiers  ne puissent éteindre l’incendie. Elle avait aussi fait sauter les cadenas de la pompe à essence. Un homme jeta un mégot par terre et un enfer engloutit Chamberlain.

Carrie avait fermé les yeux d’instinct quand le sang se déversa sur elle. Elle entendit quelqu’un dire : « Mon dieu, c’est du sang ! ». Elle sentit les sombres nuées de la terreur lui envahir l’esprit. Sa mère avait eu raison. Les gens l’avaient bernée une fois de plus et ridiculisée pour faire d’elle leur souffre-douleur. Ils l’avaient inondée, étalant devant tout le monde le honteux secret du sang. Elle entendit les gens rire. Assise sur son trône, elle ne bougea pas et laissa le bruit la submerger comme un ressac. Les gens étaient encore tous beaux et une atmosphère magique flottait encore dans la salle mais elle avait traversé une frontière et maintenant le conte de fée avait pris les teintes glauques de la corruption et du mal. Soudain, le voile se déchira. Elle comprit jusqu’à quel point elle avait été atrocement trahie. Miss Desjardin accourut vers elle. Son visage était plein de compassion. Mais Carrie voyait au-dessous de la surface l’expression de la véritable Miss Desjardin qui gloussait de rire avec une sorte de rance jubilation de vieille fille. Carrie la frappa et la fit s’envoler jusqu’à un côté de la scène. Quelqu’un la fit tomber mais elle se releva et sortit. Elle pleura des larmes de honte. Ils l’avaient abattue à jamais. C’était fini. Puis elle se révolta. C’était le moment de leur faire une démonstration de son pouvoir. Alors elle retourna dans le gymnase et déclencha les arroseuses et boucla les portes d’entrée.  Ils étaient à sa merci. Puis elle s’en prit aux câbles électriques et rit en voyant un garçon sur la scène qui était en train de mourir électrocuté. C’est à ce moment qu’elle perdit la raison. Elle vit la fresque s’enflammer. Elle laissa quelques personnes sortir par les issues de secours. Elle les rattraperait plus tard.elle les aurait tous, jusqu’au dernier. Elle se dirigea vers la rue principale pour dévisser les bornes à incendie. Elle s’en prit au poste à essence.

Le shérif Doyle croisa Sue qui lui demanda si Tommy était mort et lui apprit que c’était Carrie qui avait mis le feu à Chamberlain. Elle ajouta que les gens avaient fait souffrir Carrie pour la dernière fois. Elle le supplia de retrouver Carrie. Puis Vic Mooney arriva pour dire au shérif que Carrie avait arraché tous les fils électrique et inondé le gymnase. Il expliqua au shérif que Carrie avait été élue reine de la soirée et que des gens avaient renversé du sang sur elle et sur Tommy. La station-essence en face du shérif explosa et cela fit trébucher le shérif et Vic.  Puis Tom Quillan arriva. Il lui annonça qu’il avait demandé des secours. Le shérif le remercia et lui demanda d’appeler tous les médecins qu’il trouverait dans l’annuaire. Il lui conseilla de se méfier de Carrie s’il voyait cette fille qu’il prenait pour une cinglée. D’autres bâtiments explosèrent comme celui du journal local. Les lignes téléphoniques furent coupées. Les habitants de Chamberlain sortirent voir ce qu'il se passait dans les rues. Carrie alla prier dans l’église congrégationaliste. Elle avait l’esprit heurté par l’idée obsédante de son pouvoir et par la menace d’un abîme. Elle décida de rentrer chez elle pour retrouver sa maman et achever son œuvre de destruction.

Elle vit les gens dans la rue et commanda aux pylônes électriques de jeter leurs éclairs sur eux. Les câbles tombèrent sur la route. Carrie était heureuse de voir les gens mourir. Mrs Simard avait survécu à ce drame et interrogée par la commission d’enquête avait demandé ce qui allait se passer s’il y avait d’autres personnes comme Carrie White.

Mrs White entendit sa fille arriver. Elle était prête, le couteau à la main. Les fenêtres du salon s’ouvrir brusquement vers l’intérieur et la porte de la cuisine claqua quand Carrie entra dans la pièce. Elle appela sa mère en chuchotant. Margaret l’attendait assise sur un tabouret. Elle dit qu’elle aurait dû se tuer quand son mari l’avait pénétrée avant leur mariage. Il avait promis de ne pas recommencer. Elle avait fait une fausse couche. Pour elle, c’était le jugement de dieu.  Elle avait expié son péché. Mais son mari avait recommencé car il avait bu du whisky et elle avait aimé ça. Carrie ne voulait pas entendre ça et fit voler des assiettes. Elle avoua à sa fille qu’elle avait voulu la sacrifier à sa naissance mais avait reculé. Carrie était venue pour tuer sa mère et comprit que sa mère voulait la tuer. Ca n’était pas juste. Elle implora à genoux sa mère de l’aider. Sa mère voulut la frapper avec son couteau et Carrie réussit à esquiver le coup mais le couteau se planta dans son épaule. Mrs White trébucha et s’affala sur son séant.Carrie offrit la nuit éternelle à sa mère en arrêtant son cœur. Mrs White eut le temps de réciter le Notre Père.  Puis Carrie sortit dans le jardin. Elle se dirigea vers la route 6.

Chris et Billy revinrent au Cavalier pour faire l’amour violemment. Puis ils s’endormirent. Chris fut réveillée par quelqu’un qui frappait  la porte. C’était Jacky Talbot qui venait les prévenir de l’incendie à Chamberlain. Il leur dit que c’était la faute de Carrie. Il leur donna tous les détails. Jacky avait peur car ses empreintes étaient sur les seaux de sang. Billy lui ordonna de rentrer chez lui. Chris paniqua alors Billy la gifla et elle sanglota. Elle saigna de la lèvre. Il voulait voir l’incendie et rentrer chez lui. Si Jackie parlait, Billy irait en Californie. Ils montèrent dans la voiture de Billy et sentirent la présence de Carrie. Elle était devant eux à 30 mètres. Elle avait toujours le couteau enfoncé dans l’épaule. Elle était venue détruire le Cavalier où tout s’était peut-être scellé le destin de sa venue au monde.

Elle se mit à marcher vers eux les bras tendus. Billy démarra la voiture. Mais Carrie fit dévier la voiture vers l’hôtel et Billy et Chris s’écrasèrent dessus à 60 kilomètres à l’heure. L’indifférence envahit Carrie. Rien n’avait plus d’importance. Sur la découvrit à ce moment-là. Elle avait accepté la mort de Tommy et elle savait que c’était Carrie qui l’avait tué. Sue sut que Carrie avait tué sa mère et avait été poignardée par cette dernière. Elle en avait la conviction sans savoir comment. Sue suivit le parcours emprunté par Carrie qu’elle avait tué sa mère. Sue était connectée aux pensées de Carrie. Elle savait ce que Carrie allait faire. Sue trouva Carrie dans le parking du Cavalier. Elle était mourante. Sue vit une voiture brûlée dans l’hôtel et sut que c’était là aussi une intervention de Carrie. Sue allongea Carrie doucement sur le dos. Carrie reprocha à Sue de l’avoir trahie comme tous l’avaient trahie. Sue revit la scène des douches et vit en pensée son visage réduit à une énorme bouche d’une beauté féroce. Sue demanda à Carrie de lire en elle et Carrie s’aperçut que Sue n’avait jamais eu de mauvaises intentions envers elle. Carrie avait peur et réclama sa mère. Sue entendit la dernière pensée de Carrie. Carrie demandait pardon à sa mère. Puis Sue partit en courant pour échapper à l’horreur finale, cette dernière pensée engloutie dans le noir tunnel de l’éternité et suivie par un bourdonnement électrique, sans âme. Elle cria. Sue sentit le long de ses cuisses le lent écoulement du sombre flux menstruel.

Troisième partie : épaves.

Le nombre de morts s’élevait à 409 plus 49 disparus à Chamberlain. Carrie fut autopsiée et on découvrit des formations anormales dans son cerveau. Le gouverneur de l’Etat avait demandé la constitution d’une commission spéciale pour faire toute la lumière sur cette tragédie.

Chamberlain fut déclarée zone sinistrée et les cérémonies funèbres occupèrent les habitants de la ville durant quatre mois. Une cérémonie collective réunit des milliers de personnes et les quarante survivants de l’orchestre de l’école (qui comptait 56 musiciens) jouèrent l’hymne de l’école. L’impression générale de Chamberlain était celle d’une cité qui attendait de mourir. Grayle et Desjardins démissionnèrent. Sur la pelouse contiguë à l’emplacement où se trouvait le bungalow de la famille White une pancarte contenait l’inscription suivante : Carrie White expie ses péchés dans les flammes de l’enfer. Le seigneur est infaillible.

La commission d’enquête de l’Etat du Maine conclut qu’il n’y avait aucunement lieu de croire a la possibilité d’une récurrence du phénomènes de la télékinésie. Mais le doyen D. L. McGuffin écrivit que les autorités avaient pris des risques sérieux en étouffant l’affaire Carrie White car il pensait que la télékinésie était génétique et était récurrente à 99%.


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