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Bel Ami (Guy de Maupassant)

Par Hiram33

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Publié chez Havard en 1885 après avoir paru quelques mois plus tôt en feuilleton dans la revue Gil Blas, Bel-Ami est le deuxième des six romans de Maupassant. Le premier, Une vie, était le récit d'un lente et inexorable déchéance ; Bel-Ami est celui d'une réussite fulgurante.Georges Duroy, jeune provincial d'origine modeste, ancien sous-officier des hussards monté à Paris pour y chercher fortune, erre sur les grands boulevards, avec trois francs quarante en poche. Il rencontre Charles Forestier, un ancien camarade de régiment, rédacteur à La Vie française, le journal du banquier Walter. Présenté à celui-ci, Duroy reçoit la commande de plusieurs articles, que lui rédige Madeleine Forestier, la femme de son ami. Grâce à la protection du couple, et à son pouvoir de séduction sur les femmes, le jeune homme fait rapidement carrière. Entretenu un temps par Mme de Marelle, sa maîtresse, conseillé par Madeleine, qu'il tente en vain de séduire, introduit par Mme Walter, que flattent ses avances, Bel-Ami, ainsi que l'a surnommé Laurine, la fille de Mme de Marelle, ne tarde pas à gravir les échelons au journal, où il obtient la place de chef des échos.

À la mort de Forestier, Duroy, devenu le baron Du Roy de Cantel, épouse Madeleine, avec qui il conclut un pacte d'alliance, ce qui ne l'empêche pas de lui extorquer la moitié d'un héritage. Grâce aux indiscrétions de Mme Walter, il gagne une somme considérable à la Bourse. Mais c'est la fortune de son patron qu'il vise désormais. Après avoir contraint Madeleine au divorce, il séduit Suzanne, la plus jeune fille du banquier, qu'il enlève, et finit par obtenir de force le consentement de son père. Le mariage triomphal, qui clôt le roman, laisse présager une brillante carrière politique.

Avec Bel-Ami, Maupassant expose, étape par étape, le processus de maturation psychologique de Georges Duroy. En effet, après sa libération de l’armée, Georges Duroy « sans vocation, oisif et dépourvu de scrupules », livré à lui-même, se lance à la quête d’une meilleure situation. Ces années de jeune employé de chemin de fer coïncident avec ses années de misère où il se pavanait dans les rues de Paris en quête de pitance journalière :

Je crève de faim, tout simplement. Une fois mon temps fini, j’ai voulu venir ici pour… pour faire fortune ou plutôt pour vivre à Paris ; et voilà six mois que je suis employé aux bureaux du chemin de fer du Nord, à quinze cents francs par an, rien de plus. 

Ces moments difficiles de son parcours dans une capitale où tout le monde est en proie à l’individualisme, ont développé en lui un esprit de méchanceté, d’envie malsaine et de jalousie à l’égard de ses contemporains : 

Et il regardait tous ces hommes attablés et buvant, tous ces hommes qui pouvaient se désaltérer tant qu’il leur plaisait. Il allait, passant devant les cafés d’un air crâne et gaillard, et il jugeait d’un coup d’œil, à la mine, à l’habit, ce que chaque consommateur devait porter d’argent sur lui. Et une colère l’envahissait contre ces gens assis et tranquilles.

Ce souci de vouloir être « comme eux » pousse Duroy à examiner ses « vérités profondes », à la manière d’Hugo. À partir de ce moment, Georges considère la réussite comme une revanche sociale, un moyen de parvenir au sommet de la société.

Dans ces temps sombres de son aventure, le héros, pour survivre, développe une conscience critique sur le monde et sur lui-même. Il crée des possibilités afin d’y voir plus clair et de s’adapter à cette nouvelle vie à laquelle il est confronté. Ce qui faisait que Duroy ne cessait de cogiter sur les voies et moyens à prendre afin de sortir de la situation misérable dans laquelle il se retrouve. Il a comme unique ambition de se frayer un chemin dans cette capitale où le maître mot est la recherche de profit :

Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu’il allait faire. On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois franc quarante pour finir le mois. […]. C’était là sa grande dépense et son grand plaisir des nuits ; et il se mit à descendre la rue Notre Dame-de Lorette ».

Par ses réflexions, Georges Duroy trouvera la bonne stratégie pour trouver le profit qui le mènera à la réussite. Ainsi, la chance lui sourit lorsqu’il rencontre à tout hasard Forestier, un vieil ami soldat. Ce dernier lui fera une proposition qui le fera sortir des conditions pénibles auxquelles il était confronté. 

Pourquoi n’essaierais-tu pas du journalisme ? […]-Bah ! on essaie, on commence. Moi, je pourrais t’employer à aller me chercher des renseignements, à faire des démarches et des visites. Tu aurais, au début, deux cent cinquante francs par mois et tes voitures payées ».

Forestier devient le deus ex machina de Georges. Le reste de l’aventure du héros ne sera que tension, découverte et surprise. La forte ambition de réussir et d’acquérir du pouvoir lui permettra de devenir le baron Georges Du Roy de Cantel en épousant la fille de Walter, célèbre banquier et propriétaire du journal.


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