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''L.A. Getaway'' - L.A. Getaway (Joel Scott Hill)

Publié le 04 juin 2021 par Damien Barthel

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Attention, disque culte et très méconnu aujourd'hui, en guise de clôture définitive du blog.

Album que j'ai découvert via Collector, en 2017, bouquin de Philippe Manoeuvre recensant une centaine d'albums peu connus (enfin, certains, si, quand même) et qui, surtout, font partie de ses albums de chevet et, autre condition pour être dans le livre, n'ont pas eu de bol à leur sortie : trop bizarres, sortis au mauvais moment, signés de groupes mineurs qui n'avaient aucune chance de percer, ou bien signés de groupe dont l'heure de gloire était passée, ce genre. Pour le cas qui nous intéresse ici (je précise que parmi les albums que j'ai découvert via ce livre, beaucoup ayant été abordés en 2017/2018 sur le blog, plusieurs n'auraient pu, en ce qui me concerne, être découverts autrement, trop peu connus, et cet album, clairement, en fait partie), c'est un album sorti en 1971, le seul et unique album d'un groupe qui n'a pas eu de bol du tout : Jerome. Oui, je sais, vous n'en avez jamais entendu parler. Mais en même temps, un truc à savoir : ce groupe n'a pour ainsi dire jamais vraiment existé. Jerome était un groupe de rock, fondé par le guitariste et chanteur Joel Scott Hill et constitué aussi du bassiste Chris Ethridge et du batteur Johnny Barbata. Ce groupe a, en 1971, enregistré ce qui devait être son premier album, un album qui se serait appelé L.A. Getaway. L'album ici présent. Mais Hill a reçu une proposition qu'il ne pouvait refuser, peu de temps avant la sortie de son album : rejoindre Canned Heat. 

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Canned Heat était sur un autre label (United Artists) que le sien (ATCO). Hill avait un disque à promouvoir, des concers à donner, etc. Mais peu importe, il a claqué la porte pour rejoindre la Chaleur en Conserve, avec qui, en 1971, il enregistre l'album Historical Figures And Ancient Heads, album très sympa mais pas très réputé, avant de quitter, finalement, le groupe. Entre temps, ATCO Records est furax et, en représailles, décide de sortir l'album de Jerome sans nom de groupe, sans promotion, rien, en disque fantôme sous une pochette des plus passe-partout : photo noir & blanc du groupe en répétitions ou enregistrement, le nom de chaque musicien écrit en petit en bas, le nom de l'album (qui devient en quelque sorte le nom du groupe aussi, même si l'album est souvent crédité à Hill seul), le nom des trois musiciens qui participent, en invités, à l'album (et ce ne sont pas des manchots : Dr. John, Leon Russell, Clarence White), et la liste des titres. Chose amusante : la liste des morceaux est répartie sur les deux faces de pochette : recto, la face A. Verso, la B. Je ne connais que cet album pour lequel ça a été fait, même si ce n'est sans doute pas le seul. L'album, L.A. Getaway, long de 40 minutes bien tapées, va bien foirer comme il faut dans les charts, il n'avait aucune chance sans promotion digne de ce nom : Joel Scott Hill est talentueux, mais peu connu, et son coup de pute envers sa maison de disques le transforme illico en loser magnifique à la Johnny Thunders, capable d'aller chercher la défaite dans le cul dilaté de la victoire. 

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Mais qu'est-ce qu'il vaut, ce disque rare, méconnu, qui existe en CD (même si je ne l'ai qu'en vinyle) mais ne doit pas être super facile à trouver ? Autant le dire, L.A. Getaway est une authentique tuerie de rock un peu bluesy, qui sent bon la coke (l'album du Heat fait ensuite a été fait dans des conditions hautement défoncées...) et qui, franchement, aurait mérité une place d'honneur au podium "disques de l'année 1971" de n'importe quelle revue rock digne de ce blaze. Ouais, c'est monumental à ce point. 10 titres, en partie des reprises, il faut voir lesquelles : Craney Crow de Dr. John (aucune précision de quel invité joue quoi et sur quel titre sur la pochette minimaliste, mais je me doute que le Docteur joue sur sa propre création), The Promised Land de Chuck Berry, Old Man Trouble d'Otis Redding, Bring It To Jerome (on voit d'où vient le nom du groupe initial) de Bo Diddley... So Long est un morceau d'Allen Toussaint, et le morceau qui donne son nom à l'album est, lui, signé Leon Russell (il joue dessus, tu peux parier ton salaire de juin dessus, mec). It's Your Love respire le blues-rock claptonien par tous ses pores, sans que le guitariste britannique n'y participe, mais c'est typiquement le genre de morceau (une vraie réussite) qu'il aurait pu faire. Long Ago est sublimé par ses choristes féminins (leurs noms ? Chai pas. Comme je l'ai dit, la pochette...). Aucune mauvaise chanson sur ce disque malheureux dans les charts, heureux dans le coeur de celui qui l'écoutera une première fois et n'en reviendra pas. Dans le genre album qui aurait mérité plus de considération, ça se pose là ! Ecoutez-moi-ça, les mecs !

Et salut à tous...

FACE A

Bring It To Jerome

It's Your Love

Long Ago

Craney Crow

The Promised Land

FACE B

Old Man Trouble

Eyesight

L.A. Getaway

Big City

So Long


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