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"Solid Air" - John Martyn

Publié le 03 juin 2021 par Damien Barthel

Encore un artiste qui fait son entrée sur le blog, alors que, si le monde avait été mieux fait que ça, ça fait longtemps que j'aurais du en parler : John Martyn. Né en 1948, mort en 2009, John Martyn s'appelait en fait Ian David McGeachy, je ne sais pas trop où il a été chercher ce nom de scène qui est aussi, sous ce même orthographe avec un ''y'',  le nom d'un botaniste britannique célèbre du XVIIIème siècle. Martyn est né dans le Surrey, d'une mère belge et d'un père écossais, tous deux chanteurs d'opéra. Il a vécu son enfance en alternance entre l'Angleterre et l'Ecosse, ses parents étant divorcés, et tout le long de sa vie, alternera entre accents écossais et purement britannique ! Il a démarré sa carrière musicale en 1965, son style était alors un mélange entre blues et folk. En 1967, il est signé sur le label Island Records et sort son premier album, London Conversation. Dès son deuxième album, en 1968, The Tumbler, il entremêle folk, blues et jazz. En 1970, il sort deux albums avec sa femme Beverley, mais revient à une carrière solo dès l'année suivante. En 1973, il sort ce que pas mal de monde, parmi ceux qui le connaissent je veux dire, estime être son chef d'oeuvre : Solid Air. Rien que la pochette est, je trouve, sublime, et énirmatique aussi : sur un fond noir, une main, en ombre chinoise, passe par-dessus une lune d'un bleu verdâtre, qu'elle semble flouer par son contact, le passage de l'air semble laisser une trace. La photo est un exemple d'effet schlieren. Court (34 minutes et presque autant de secondes), l'album est coproduit par John Martyn et John Wood et a été enregistré en  novembre/décembre 1972.

C'est un album qui, presque deux ans après l'enregistrement de l'album, et donc plusieurs mois après sa sortie, verra une sorte de réalité rejoindre la fiction : le morceau-titre, sublime à en crever, est un hommage touchant de Martyn envers son ami (lui aussi un folkeux, lui aussi signé sur Island Records, on en a reparlé il y à un peu moins de 2 mois) Nick Drake. Drake allait mal, à la fois artistiquement (ses trois albums sont sublimes, mais ne se vendront pas) et personnellement. Il était notoirement dépressif, prenait des cachetons, et mourra d'overdose de cachets, en novembre 1974, overdose accidentelle ou volontaire, personne ne sait vraiment, mais si elle avait été sû comme étant volontaire (si Drake avait laissé un message en ce sens), peu de monde en aurait été surpris. Martyn, qui lui-même aura des soucis d'addictions dans sa vie, rend un bel hommage à son ami, avec cette chanson touchante et envoûtante (surtout qu'en plus, il possédait une superbe voix), longue de presque 6 minutes mais qui ne semble n'en durer que 2. C'est une des plus belles chansons d'un album de folk-jazz, qui offre aussi May You Never, sans doute la chanson la plus connue de Martyn, chanson qui sera reprise, en 1977, par Eric Clapton sur son Slowhand, ce qui en accentuera la renommée. 

L'album a été enregistré avec plusieurs musiciens qui ont par ailleurs collaboré avec Nick Drake : Dave Mattacks (batterie), Richard Thompson (mandoline sur Over The Hill), Dave Pegg (basse), Danny Thompson (contrebasse)... Plusieurs d'entre eux, et je peux aussi citer Simon Nicol, ont fait, à une époque ou une autre, partie du groupe de folk-rock Fairport Convention. Enregistré en 8 jours, Solid Air est une merveille envoûtante, un des plus beaux albums de folk de son époque (même si ce n'est pas totalement de la folk, mais vraiment du jazz/folk), un album qu'il est nécessaire d'écouter plusieurs fois car si on met de côté le morceau-titre (qui ouvre magnifiquement l'album), les morceaux nécessitent plusieurs écoutes pour être pleinement appréciés. Mais aussi bien I'd Rather Be The Devil, The Easy Blues (la première édition CD, de 1987, de l'album découpait ce morceaux en deux parties distinctes, sur deux plages audio séparées), Over The Hill ou Dreams By The Sea sont sublimes, rien à jeter, nulle part, ici. C'est le seul album que je connais de John Martyn. Comme il a sorti une grosse vingtaine d'albums durant sa carrière, c'est peu dire que je ne connais rien de lui, mais il se peut que le seul album que je connaisse de lui soit son sommet, et dans un sens, même si je passe peut-être à côté de plusieurs merveilles, ça me va plutôt bien ! Nul doute, cependant, qu'un jour ou l'autre je ne poursuive la découverte. Surtout que ça fait déjà plusieurs années que je connais Solid Air !

FACE A

Solid Air

Over The Hill

Don't Want To Know

I'd Rather Be The Devil

FACE B

Go Down Easy

Dreams By The Sea

May You Never

The Man In The Station

The Easy Blues


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