Était-il celui qui vous vouliez qu'il soit ?Qui était Prince Rogers Nelson ? Ce n'est pas le livre The Beautiful Ones qui vous le dira. "Mystery is a word for a reason" y dit Prince à Dan Piepenbring qu'on a crédité comme auteur de ce collage d'idées, plus près du brouillon ou du scrap book, de quelques moments de nostalgie grifonnés par l'artiste lui-même, que d'un livre de réelles révélations. Prince ne voulait rien révéler. Toute sa vie, il n'aura voulu quer créer. Et s'amuser des imaginaires. C'était assez pour beaucoup beaucoup me plaire.
Élusif. Ça me ressemble beaucoup aussi, en vieillissant.


Plus tard, il sera élusif à souhait, deviendrait témoin de Jehova, mentirait sur la mort de son bébé à la télé quelques jours après les faits ou se déclarerait célibataire à vie. Tout le monde savait qu'il était un drôle de moineau. Et un moineau drôle. Un poisson libre ne tenant en aucune main. Il était musicalement impérial. À partir de son second album, il écrivait, arrangeait, composait, produisait en plus de jouer toutes les notes de tous les instruments qui seraient les sons de son album. Il le ferait moins, avec le temps, mais ne couterait jamais cher de musicien(ne)s de sessions. Ses musiciens de session le savaient trop. Il les payait mal. Peu.

Se présenter toujours mystérieusement laisse toujours place à multiples interpétations. Hornsby lie Prince à Dickens.
Les deux, très jeunes, étaient précocement extraordinairement productifs. Des créateurs compulsifs. Prince, lorsque décédé, a laissé derrière lui une quantité titanesque de musique non publiée. Dickens a été l'un des rare auteurs de son époque, victorienne, qui publiait, en séries, dans les périodiques, ce qui allait devenir ses livres, DEUX histoires complètement différentes et y connaitre du succès. David Copperfield et Oliver Twist étaient publiées en parrallèle. Avec leurs centaines de personnages qui étaient tous issus de la même tête créative en même temps. Il y avaient plusieurs vies et plusieurs tons dans les tiroirs de ces deux immenses créateurs.


Le perfectionsime est une sorte de claustrophobie, mais la leur était la boulimie créative. Les 2 ont souffert d'un sérieux ralentissment devenu presqu'éteignoir après un gigantesque succès dans leur vingtaine. Prince passé 1991, Dickens passé 1850. Prince s'en est sorti réalisant que l'argent se faisait vraiment en tournée. Dickens aussi, en faisant des tournées litéraires. Parmi les premières. Les 2 sont décédés avant d'avoir 60 ans. Étaient ils heureux ? surement un peu. Probablement pas tant. Étaient-ils fous ?
Heureusement.

Il a été symbole au figuré et en vrai. Il était insaisisable. Non enchaînable.
Le fantôme que nous devons parfois avoir. Pour être en mesure de mieux se voir.
