Il est toujours là. Planté comme un phare dans ce pauvre quartier de l’Etoile en haut des Champs Elysées, devenu un ambulatoire triste de hordes de touristes en quête d’un passé disparu, et de champs de foire pour manifestations de tous poils.
A chaque fois, on est étonné de la laideur vertigineuse du Drugstore vu de l’extérieur. L’intérieur, surexposé, sur-éclairé, est un passage difficile pour finalement atteindre l’escalier qui mène au sous-sol dans une ambiance radicalement opposée à tout le reste. Lumière très étudiée dans le tamisé, noir c’est noir des murs et autres décors, enfin nous voici à l’accueil.
Certes, c’est une vraie cave, de luxe, mais une cave. Pas de fenêtres, pas de jour passant par le moindre interstice, l’artificiel règne en maître. Rapidement, grâce à l’accueil, à la prise en mains de vos souhaits par une équipe de salle aux petits soins, au grand bar qui tend les bras pour se régaler des plats avec vue imprenable sur le travail formidable des équipes de cuisine, on se sent vite prêt à se laisser emporter par le simple plaisir d’une table d’exception. Et le grand, l’immense, Eric Bouchenoire, statue du commandeur, qui gère tout ce beau monde.
Car elle l’est ! Cette fidélité à l’esprit de Joël Robuchon lui confère une sorte de magister, de repère dans une tempête d’esbroufe, de modes passagères, d’assiettes épurées jusqu’au ridicule, au point de ne plus savoir ce que l’on mange et qu’il faut plus de temps à l’expliquer qu’à le manger. Ca amuse certains mais les autres restent sur leur faim. Ce n’est pas le cas ici. Plats nets, assiettes copieuses, saveurs marquées, générosité et talent à toutes les étapes de la réalisation.
La carte d’automne est belle avec quelques nouveaux plats au milieu des classiques indémodables et surtout toujours aussi irrésistibles. Je pense à la Gelée de caviar à la crème de chou-fleur, étonnante et subtilement délicieuse, pour un plaisir toujours renouvelé. Le Saint-Pierre en filets sur une compoté de panais au verjus, et sa sauce au vin démoniaque…. La belle langoustine en beignet d’une légèreté affolante.
La Sole servie meunière, magnifique pièce, présentée en plat, parfaitement saisie, puis en assiette, découpée en filets et juste ce qu’il faut du beurre de cuisson. Un chef d’œuvre, dites-vous ? Sans aucun doute.
Un dessert incontournable pour terminer en beauté : Soufflé chaud à la Chartreuse et sa glace pistache de Bronte.
Que reste t-il de nos amours ? Ils sont fidèles et maintiennent la flamme éclairante d’une cuisine française franche, ouverte mais pas aux quatre vents, nette, goûteuse, riche et belle. Elle passe avec talent et assurance à travers les petits pointes de mode, et les agitations communicantes. Rien de grave, tant qu’elle est là. Merci à tous..
Atelier Robuchon Etoile Publicis Drugstore
133, Champs-Elysées
75008 Paris
Tél : 47 23 75 75
M° : Charles de Gaulle- Etoile
Fermé dimanche & lundi
Menus : (uniquement au déjeuner)
49 € (3 plats )
69 € (4 plats)
Carte des plats en petites portions : de 39 € à 54 €
Carte : de 130 € à 270 €
Menu Végétarien : 99 € (6 plats)
Menu « Signature » : 220 € ( 7 plats)