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Piers Faccini et Genevieve Lamborn à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 17 décembre 2022

Publié le 19 décembre 2022 par Concerts-Review
Piers Faccini et Genevieve Lamborn à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 17 décembre 2022

Piers Faccini et à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 17 décembre 2022

michel

Après une après-midi, ensoleillée, passée à Paimpol, où l'on fête Noël depuis une semaine en organisant diverses activités ludiques ( déambulations, concerts, fest-noz, feu d'artifices, contes, patinoire, carrousel, illuminations, vin chaud, chocolat , crêpes , ou bulles ...) , et un bref passage à domicile , tu prends la direction de Saint- Agathon pour le dernier événement 2022 à La Grande Ourse.

Une affiche alléchante puisque Piers Faccini et Genevieve Lamborn viennent rendre visite à Saint Gwenganton, devenu Saint-Agathon, sans avoir été pape, mais bien évêque de Vannes.

Il fallait ne pas craindre de croiser des canards sibériens ou des zibelines chagrines sur la D 86, car le thermomètre était passé sous le zéro fatidique, tous les 300 mètres un panneau te signalait ' risque de verglas'.

Ces conditions arctiques n'ont pas empêché le public de se déplacer en masse pour écouter le folksinger de Londres, désormais Cévenol.

Pour le support, Melrose a fait appel à Genevieve Lamborn.

A priori, ce nom ne te disait rien, mais en voyant apparaître l'attrayante et énergique jeune personne et en l'entendant se présenter en français impeccable, émaillé d'un délicieux accent british, tu t'es dit que t'avais déjà croisé cette artiste.

Et effectivement, Genevieve, la Britannique, née en Bretagne, est un des cinq éléments de la fratrie Gad Zukes, un groupe pop rock étant déjà passé par La Grande Ourse.

Sur scène, divers instruments: guitares électriques, ukulele, piano électrique, grosse caisse, un micro et un tabouret, sur lequel Genevieve, sans accent, prend place.

Elle saisit une guitare , balance quelques accords secs et d'une voix assurée entame ' Give me a reason' , un folk blues convaincant, que tu rapproches de Miss Alabama, installée en Belgique, B J Scott, ou de Melissa Etheridge,une autre madame n'ayant pas froid aux yeux.

La seconde tirade, le midtempo folky ' Still need someone', a été composée en pensant aux gens qu'on croise tous les jours.

La guitare au repos, Genevieve se tourne vers le piano pour interpréter d'une voix profonde une ballade passionnée 'Everything and more' , avant de ramasser un ukulele et de proposer a happy song with cheerful vibes, 'Technicoloured light', un titre idéal en cette période festive, et ce malgré les vives craintes concernant d'éventuelles coupures d'électricité.

Retour à la guitare pour le catchy ' "Take Me In These Loving Arms"' , wouah, ces oooh oooh flatteurs et cette petite phrase répétée à l'infini, ...if you love me.. ( c'est certain, il va la prendre dans ses bras), un hit en puissance!

Pause, le bar sert de la Distoufer... et puis apparaissent Piers Faccini and band!

' Dunya' et ses cordes voluptueuses nous emmènent du côté du Maghreb, le psaume, chanté en anglais et en arabe, fascine et ensorcelle.

C'est paupières closes que tu écoutes l'envol final du violoncelle, manié avec plein d'esprit par l'élégante Maëva.

Il annonce, ce soir ce n'est pas à un concert que vous allez assister mais à une invitation au voyage. Un voyage lumineux pour lequel tu n'as pas besoin de passeport, ni de billet d'avion, tu peux le vivre intérieurement en te laissant bercer par la musique.

Sur l'album, Ben Harper participe au titre ' All aboard' .

Pas étonnant leur approche musicale est similaire.

Avec du recul, tu penses aussi au ' Graceland' de Paul Simon, un disque considéré comme le précurseur du mix world / pop music.

' Three Times Betrayed' est extrait de l'album 'My Wilderness' de 2011, déjà l'influence orientale était manifeste, le chant, serein, voltige sur un fond musical évoquant les berbères et autres tribus sillonnant les déserts du Haut-Atlas.

Des vocalises implorantes colorent l'errance qui s'achève dans un soupir ...I search for you..

La guitare folky de ' Lay low to Lie' renvoie vers les grandes heures du British folk, allant de Nick Drake à Richard Thompson, en passant par Bert Jansch ou John Renbourn, deux ex- Pentangle. Et pourtant, très vite, des accents métissés se greffent sur la mélodie , qui prend fin sur un solo de cello à faire pâlir les membres d'Apocalyptica.

Après la transe d'Afrique du Nord , nous sommes invités à danser la tarentelle, 'Sunette d'Amore' , un chant mélancolique des Pouilles, pour lequel Simone a opté pour un bodhrán ou un bendir, t'étais installé trop loin pour voir la différence.

Après avoir présenté ses comparses, Piers sort un harmonica de sa poche pour entamer ' Foghorn Calling', bizarrement il en tire des tonalités proches du kazoo, devant imiter la plainte de la corne de brume, tandis que la slide dérape sur la guitare . Piers glisse son message inquiétant, si la corne de brume retentit c'est parce que la terre est en danger , mais il ne faut pas perdre espoir.

Emergeant de la brume d'autres artistes te viennent à l'esprit: Daniel Lanois ou Ry Cooder et, pour le côté désertique, Tinariwen!

Une amorce a capella ébauche 'Beloved' , un titre inspiré d'un poème turc, écrit par Djalâl ad-Dîn Rûmî au 13è siècle.

Tout comme ' Beloved', 'Bring down the wall' est issu de l'album 'I dreamed an Island'.

Pause pour le cello, tandis que Piers nous révèle avoir joué le morceau aux States lors de l'avènement de Donald Trump, un mec qui voulait construire un mur long de plusieurs centaines de miles à la frontière avec le Mexique.

Toi, c'est au Wall du Pink Floyd que tu penses.

Retour de Maëva pour 'Villanella di Cenerentola', un chant napolitain que tu tiens à rapprocher, à cause de son humeur, de certaines compositions de Paolo Conte ou de Leonard Cohen.

Voilà, on dépose les instruments, on salue un public conquis, dont certains éléments sont venus danser face à la scène pendant les derniers titres et on se dirige vers les coulisses.

Tout Saint-Agathon s'est levé et réclame un bis, ce sera le bonus track du dernier album, 'The Damned and the Saved', un titre quasi biblique.

Et, touché par la grâce, le public quitta La Grande Ourse, fin prêt à affronter les rigueurs de l'hiver et la trivialité d'un monde devenu nauséabond.

Piers Faccini et Genevieve Lamborn à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 17 décembre 2022
Piers Faccini et Genevieve Lamborn à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 17 décembre 2022

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