Pourquoi l'horizon ne suit pas la barre tordue du balcon, de Fabienne Yvert (éd. Le Tripode)

La falaise est dangereuse et risque de s’effondrer. Un bidonville y est installé depuis des dizaines d’années. Marie n’a toujours connu que cela. Elle a des rêves ou plutôt des ambitions : acheter ce que les publicités lui vantent, voir grandir ses trois filles, être irréprochable en matière de propreté. Elle veut « devenir une parfaite Française moyenne invisible et respectable ». Marie et Joseph sont devenus propriétaires de leur maison au bord de la falaise : c’était ça ou le HLM. 

Je lis ce texte d’abord en souriant, en m’amusant des jeux de mots, des promesses de la société de consommation où l’on gagne de l’argent au Casino, le supermarché voisin. Vous avez remarqué ces enseignes qui vous promettent des économies en augmentant leurs prix et affirment défendre votre pouvoir d’achat. Mais, bien sûr, vous n’êtes pas dupes, vous lecteurs, lectrices de ce roman en vers.

Et puis le rire qui affluait grince de plus en plus. La mort frappe où elle veut, chez la voisine par exemple. Mais ce n’est pas le pire. Le pire ce serait le mépris et ça, vous n’y tomberez pas. Parce que soudain, vous vous dites qu'il ne s'agit pas des autres, les racistes, qui se méfient des migrants, etc. Non, c’est bien de vous, de moi, qu’il s’agit. Parce que le monde nous parle de la même façon.

Alors, quand Joseph prend la parole à la fin, les vers qui faisaient poésie disparaissent. La prose reprend le récit là où il était arrivé, à la question des déchets : « C’est dur de considérer les déchets quand on te considère comme une merde »…