C’est le même titre, emprunté à Baudelaire, la même histoire, celle qu’avait écrite Pouchkine, mise en musique Tchaikovsky, celle que Clémentine Beauvais a écrite il y a déjà plusieurs années. Oui, comme le dit la narratrice au début du spectacle, on est « comme dans un roman ». Les années, depuis Pouchkine, se sont enfuies. Les années, depuis Baudelaire, ont passé. Mais l’amour, l’amour est une grande question à travers les siècles. Ici, l’amour s’habille de musique ; on pense à Michel Legrand et Jacques Demy, et ça leur va bien, à Eugène et Tatiana, ces clins d’oeil, ces élans. On se demande un peu comment Tatiana peut tomber amoureuse de cet Eugène, ado boudeur un peu blasé, mais elle a 14 ans quand il en a 17. Dix ans plus tard, ce n’est plus la même chanson : à 24 ans et à 27, on n’a plus la même place dans la société et le désir prend d’autres formes. Nous sommes emportés par le rythme de ce récit où la narratrice glisse ici et là son commentaire, propose un éclairage, interpelle Tatiana et Eugène : il faut rappeler le passé, il faut connaître ce qui a eu lieu, il faut dévoiler les gestes et les écrits. Le décor s’y prête à merveille, la parole, le chant passent d’un côté à l’autre de la scène, les pas de danse font tourner les têtes dans la salle, et le secret sera d’ombre derrière le tulle. Dix ans plus tard les mots d’une lettre n’auront plus tout à fait le même sens. Dix ans plus tard, on comprend comment Eugène tombe amoureux. Mais cet amour, de Tatiana et Eugène, d’Eugène et Tatiana, comme à chaque génération, est à réinventer.
C’est au Théâtre Paris-Villette que j’ai vu ce spectacle, à voir à partir de 9 ans, d’après le roman de Clémentine Beauvais, musique de Manuel Peskine, livret de Rachel Arditi, Clémentine Beauvais et Justine Heynemann, mise en scène de Justine Heynemann.
Vous pouvez encore y voir ce spectacle jeudi 29 et vendredi 30 décembre, à 19h.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble