La faute (DI chi è la colpa)
Auteur : Alessandro Piperno
Traduit de l’italien par Fanchita Gonzalez Batlle
Éditions : Liana Levi (12 Janvier 2023)
ISBN : 9791034907106
466 pages
Quatrième de couverture
Un imposteur. Voilà ce qu’est devenu, à son corps défendant, le narrateur de ce roman. Oubliés le père fantasque, tendre et dépensier, la mère austère et impénétrable. Fini le couple parental dysfonctionnel, les disputes, les fins de mois difficiles, les vacances annulées. À présent c’est dans un milieu totalement différent qu’il évolue, sous une autre identité et sous la houlette du providentiel oncle Gianni, ténor du barreau, qui aimerait bien que son protégé tire une croix sur son passé et épouse complètement son mode de vie flamboyant. Et pourtant, toujours, souvenirs et fantômes du passé ressurgissent, tourmentant sa conscience, titillant son sentiment de culpabilité, l’incitant à reparcourir les étapes d’un itinéraire qui a fait de lui ce qu’il est…
Mon avis
À qui la faute ? C’est ma faute, ta faute … Et la culpabilité pèse, enfonçant ceux qui la ressentent. Il en sera question dans ce roman. D’abord présente en filigrane, elle explosera au fil des pages lorsqu’on avancera dans le temps. Accompagnant un jeune garçon vers l’âge adulte, le lecteur va découvrir comment il s’est construit, de mensonges en faux semblants, gardant une ligne qui n’est pas toujours celle qu’il aurait choisie.
Tout commence lorsqu’il est jeune, ses parents sont endettés, et la famille semble tout le temps en équilibre précaire. L’humeur est inégale car les adultes sont sans cesse sur le fil. Le père n’a rien de stable dans son activité professionnelle, sa femme semble tout gouverner. Tout ce petit monde ne côtoie pas le côté maternel de la famille dont on ne sait rien. Un jour, l’enfant va à la plage avec son père au lieu d’aller en cours… S’ensuit une dispute, forte, comme souvent le soir entre les deux adultes… On est face à un couple dysfonctionnel et un fils qui ne grandit pas trop mal malgré les difficultés.
Et puis, un jour, une rencontre dans une boutique, une femme qui parle à la mère. L’enfant réalise alors qu’il ne sait rien des cousins, cousines, oncles, tantes de la branche maternelle… Et là, un tsunami, l’arrivée dans sa vie de traditions juives, d’une ribambelle d’inconnus qui sont du même sang que lui. Il est perdu face à tant de nouveautés. Ces gens prennent de la place dans son quotidien et vont même, suite à un événement dramatique être très présent pour lui. Que faire ? Il n’a pas le choix, il doit faire avec et accepter le lien qui se crée avec cette nouvelle branche de la famille. Pas facile car ce sont les « Sacerdoti ». Ils portent leur patronyme comme un étendard, comme une identité « pleine » avec un vocabulaire qui leur appartient en propre et qu’ils inventent parfois. Est-ce de l’orgueil ? Une façon de s’affirmer ?
« La perception qu’ils avaient d’eux-mêmes et de leur tribu était tellement mégalomane qu’elle les poussait à transformer leur nom en substantif ou en adjectif selon les besoins. Ils disaient : ce n’est pas une attitude sacerdotesque. »
Comment s’intégrer et garder malgré tout ses racines, son identité ? Chez les Sacerdoti, être un homme signifie avoir toujours raison. Est-ce ainsi que le narrateur de ce récit envisage sa vie ? Au début, il subit, puis s’affirme de plus en plus en grandissant faisant des choix. Est-ce que ce sont les bons ? Et si non, à qui la faute ? Pourquoi a-t-il fait des erreurs ? Quel est le poids des influences ? Le lecteur suit l’évolution du personnage au fil des années, l’ambiguïté de ses sentiments face à cette nouvelle famille qui l’attire et l’énerve à la fois.
Alessandro Piperno a une écriture précise, juste. Il décortique les personnalités de chacun, donnant des détails pour mieux les comprendre. Les personnalités sont cernées avec précision, tous les individus sont présentés et décortiqués. L’analyse des relations familiales est savamment faite, replaçant chacun dans son contexte, avec ses faiblesses et ses forces.
J’ai apprécié cette lecture et trouvé important que l’auteur arrive à un juste équilibre, il n’en fait pas trop ni dans un sens ni dans l’autre, il ne surjoue pas les interprétations des faits. Tout est parfaitement dosé pour un livre marquant et pleinement réussi.