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Un amour d’épicière

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam
UN AMOUR D’ÉPICIÈRE

Parmi mes souvenirs de médecin, lorsque je travaillais dans un service de gériatrie dans un grand hôpital parisien, celui d’une pensionnaire vient parfois effleurer mes pensées.

Je la revois encore cette femme, petite, âgée, la peau sèche et ridée, parlant avec un accent dur et rugueux.

Cela s’était passé il y a une trentaine d’années, et du fait de son âge, elle est certainement décédée.

Un service de gériatrie à l’époque consistait en une unité médicale pour des personnes vieillissantes qui ont besoin de soins.

Cette femme, par le poids des ans, j’ai perdu son nom, mais son visage est toujours présent.

Je ne sais pour quelle raison, une fin d’après-midi, elle me parla de son époux, mort depuis longtemps.

Elle en parlait avec un tel enthousiasme que j’avais pensé qu’il était un grand poète.

Elle m’apprit qu’il était, banalement, épicier. Elle aussi, du reste. Un bien insignifiant épicier.

Honnêtement, je dirais qu’il est difficile d’imaginer le moindre romantisme dans une épicerie à côté du sel, du bicarbonate de soude, du poivre et du vinaigre.

Et c’était le visage plein de fierté, ses traits qui redevenaient juvéniles, qu’elle m’affirmait, en parlant de son défunt époux :

« Il n’y avait pas meilleur que lui pour tenir une épicerie. »

Je ne puis imaginer un seul moment ce qu’il y a de si brillant dans le fait de gérer une épicerie.

Pourtant. Je ne sais pour quelle raison, cette phrase terne, en rapport avec un endroit des plus ordinaires, est devenue subitement à mes yeux la plus belle des poésies.

« Il n’y avait pas meilleur que lui pour tenir une épicerie. »

Quelle belle musique, quelle belle mélodie exprimée par une femme sèche, âgée, petite à l’accent dur et râpeux dans un service de gériatrie.

Que d’affection que celle portée par cette phrase, Il n’y avait pas meilleur que lui pour tenir une épicerie, qui transforme une bien banale et terne épicerie en une contrée lointaine que voudraient conquérir les plus prestigieux des chevaliers.

 Je crois que je m’en souviendrai toute ma vie de cette belle phrase, de cette femme, et de son défunt époux.

La France a connu un apogée grâce à son passé glorieux. La situation internationale a changé. La France ne peut plus simplement désirer pour obtenir, il lui faudrait se battre avec des pays insignifiants il y a quelques décennies.. Pour le moment elle n’en possède ni la mentalité ni l’envie.

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