Le Respect et sa fin

Partout où j'ai travaillé je me suis rendu là où le respect pour mes patrons s'étaient épuisés. 

J'ai commencé dans l'enthousiasme du nouvel arrivant, ai eu soit l'impression d'avoir fait le tour du jardin, ou encore j'ai choisi de quitter quand le respect pour mes supérieurs m'étaient devenus presqu'inexistants. Comme un sportif ne s'entendant plus avec son/ses entraineur(s), le joueur que j'étais n'avait plus envie de l'équipe. Parfois difficile à quitter. 

Là où je bosse, je le fais depuis plus de 5 ans, plus de 6 si je passe la première semaine d'avril prochain. J'ai commencé physiquement sur la route, pendant 2 ans et demi, puis dans les bureaux, depuis. Je suis relativement près de mon X. Je commence très tôt (6H à l'ordi) mais quitte aussi tôt (15h00, sans faute). C'est à la fois pour voir ma journée autrement qu'en simple journée de travail-arriver chez soi autour de 16h, nous laisse encore beaucoup de temps-à la fois parce que le trafic Montréalais est odieux passé cette heure dans la direction où je me rends. Je suis relativement sans supervision. Complètement sans supervision entre 6 et 8* le matin. Comme j'ai le cubicule le plus éloignée derrière, j'ai la paix facile, la fréquentation rare. De plus, de par mes tâches, relativement techniques et de gestion de données, je peux me permettre d'écouter entre 4 et 5 heures de ce que je veux dans mes airpods, sans être inquiété de quoi que ce soit, PAR JOUR. Vous connaissez beaucoup d'emploi comme ça ? Et, parce qu'on me l'a dit (je l'ai aussi senti) je fais une réelle différence sur l'équipe avec laquelle je travaille et pour l'entreprise. 

C'est aussi un problème en soi. J'ai la prétention de savoir que j'en donnes beaucoup plus que je ne reçois. J'ai un bon 12$ de l'heure de moins que je pense devoir gagner. Preuves des normes du travail à l'appui. Notre patron Montréalais, la semaine dernière, m'a chuchoté que j'aurais deux augmentations d'ici fin 2023. Une en mars, l'autre autour de septembre. C'est peut-être une manière de gagner du temps. 

À la première semaine de janvier, on a perdu Garfield, mon supérieur direct. Un maudit bon gars. Qui a aussi une copine formidable. Les bonnes personnes s'attirent. Parti pour de nouveaux défis imprécisés. La semaine dernière, on a perdu Jenny FromdeBlowk, la #2 dans mes supérieurs. Une autre formidable personne, quoique plus impulsive. Et émotive. A quitté pour mieux. 

Parce que travailler à Montréal et avoir comme bureau Chef des gens sur la rive-sud de Québec, c'est pas toujours les même rythmes, les mêmes visions, la même église, le même clocher. Le président fondateur de la compagnie est de la rive-sud de Québec. C'est un homme qui ne carbure qu'à l'argent, que notre compagnie fait beaucoup. C'est aussi un Trumpiste et un antivaxx. Mais comme il est de la rive-sud de Québec, on ne reste pas surpris, et on en souffre pas trop, il n'est jamais dans nos bureaux de Montréal, ou si peu. Mais si mon boss m'a promis à moi (et un collègue) des augmentations sans les chiffrer en mars et novembre, c'est peut-être parce qu'il sent la soupe chaude et que si nous deux partons bientôt aussi, la branche de Montréal pourrait s'écrouler facilement. Il veut placer une carotte devant les ânes que nous serions jusqu'à mars, puis, jusqu'à l'automne. Pour remplacer Garfield, un poste névralgique qui coordonne une douzaine d'autres poste dont le mien, on a vite engagé un nouvel homme. Pachur Chtintelli-Jean a commencé sa première semaine sans la formation de Garfield ou Jenny, la semaine dernière. Pachur a demandé si nous pouvions tous manger ensemble, dans la petite cuisine, à 11h30 tous les jours de la semaine. Je mange seul à mon bureau. Pour de multiples raisons. Je peux vous faire un top 5 de raisons pourquoi. 1-je mange vite, après 15 minutes, j'ai souvent fini. 2-je mange quelques fois des repas discutables, exemple, si je suis pressé, un matin, et peu inspiré, je peux ramasser un sac de bologne qui composera l'essentiel de mon repas. 3-Quand j'ai très faim, je mange très vite, donc mal. Pas envie d'exposer mes mauvaises manières. 4-Contrairement à ce que pense Pachur, quand je dine, je ne travailles pas, j'erre sur le net. Je suis bien. 5-Que fait-on quand on est des collègues de travail qui mangent ensemble "en pause" ? On parle de travail. Je pourrais vous trouver 5 autres raisons facilement, mais je ne veux pas m'étirer. J'ai aussi une heure de tombée qui est midi, et de nouvelles tâches qui doivent commencer à cette heure précise. Si je suis déjà à mon bureau, facile à faire. 

Mais je peux comprendre, de manière mature, que manger avec lui quelques temps, lui permettra de mieux nous connaître et de mieux comprendre les rouages de l'entreprise. Parce que bien entendu, on a mangé au moins 3 fois cette semaine avec lui, et les 3 fois on a fait quoi ? on a parlé des problèmes de la job et des manières de les régler. Ce qui l'a un peu éclairé sur les enjeux qui concerne notre entreprise. Fair enough que je me suis dit. Ça va lui servir. Beaucoup. 

Mais il y a un mais...

Vendredi matin, alors que nos vendredis, à moi et un collègue sont extraordinairement suroccupés, il est venu nous faire de la conversation de cuisine. Suspendu au cubicule de mon voisin, il est venu se vanter qu'il avait eu des amendes pour avoir brisé (volontairement) le couvre-feu pendant la pandémie. En rajoutant qu'il n'était pas du tout vacciné et que ses enfants ne l'avaient jamais été non plus. 

(...)

Mon nouveau supérieur est un antivaxx et en est fier. Comment le respecter ne serais-ce qu'un peu ?

Il a dit, comme si c'était un argument massue, qu'il avait demandé à tous ses proches "pour qui tu t'es fait vacciné ? Pour toi?, ta santé ? ou parce que Legault te forçais à le faire ? parce que si c'est pour toi, c'est correct, mais si c'est parce que menacé..." Là, je n'écoutais plus je pensais rouge. 

Il ne me parlais pas à moi, heureusement car j'aurais explosé. 

QUELLE APPROCHE IDIOTE!

Pour ni l'un ni l'autre CHRIST! Moi je me suis vacciné pour ne pas que ça se propage autant. Je me suis fait vacciné pour les ainés qui en meurent.  Je me suis fait vacciner pour l'encaisser mieux si je l'attrapais et je souffres assez de ma Covid longue, je ne peux imaginer ce que ce serait si je n'avais PAS été triple vacciné. Je le fais aussi pour ceux qui sont immunosupprimés, qui en meurent aussi. JE NE LE FAIS PAS POUR MOI, NI POUR LE PREMIER MINUS, IMBÉCILE JE LE FAIS CONTRE LA MALADIE!

Et pour la terre entière qui en assez de cette pandémie amoindrie (merci les vaccinés) mais toujours en cours. 

Comment maintenant ne pas trouver imbécile Pachur? Comment ne pas lui dire que je le trouve idiot ? Il me demandera peut-être pourquoi je ne viens plus manger à la cuisine.

La si petite cuisine qui expose nos bouches et nos mâchoires actives.  

Peut-être que là je lui dirai "Si je ne viens pas en cuisine c'est parce qu'il y a des lunes qui ne se sont pas fait vacciner"  

Ça forcera une discussion que je ne veux pas avoir. Mais celle que j'ai avec moi-même, cette voix qui me dit "tu devrais quitter cet emploi" (Qui es t aussi souvent celle de l'amoureuse) est désormais beaucoup plus forte et influente dans ma tête. 

Je sais que je l'ai dit quelques fois déjà, mais je ne me rendrai peut-être pas en cette augmentation promise en mars. 

Par respect pour moi-même. 

Mais je devrai sacrifier quelques libertés que mon nouveau crétin de boss ne comprendrait même pas tellement il se sentais brimé ailleurs. 

Ce matin, je dois encore faire face à ce crétin. J'ai le mépris branché pour lui.   

J'ai l'impression que je vous écris que je quittes depuis 6 mois...

*Où je suis merveilleusement bien et efficace.