On ne présente plus Philippe Charlez, auteur d'un premier ouvrage consacré à une très bonne leçon de thermodynamique, l'utopie de la croissance verte. Ce nouvel ouvrage aborde la question environnementale là aussi sous l'angle de la physique avec un cours magistral sur le réchauffement climatique, que nous conseillons à tous. En effet, la complexité des rapports du GIEC nous les rend inabordables, le résumé qui fait l'objet du premier "commandement" parmi les 10 présentés sur 170 pages de démonstrations rigoureuses est un support qui fera le bonheur de tout enseignant de l'enseignement supérieur scientifique.
Et si l'on reconnaît sur la suite de l'ouvrage une orientation politique assumée désignant coupables les défenseurs affichés de la cause décroissantiste, il faut aussi reconnaître à l'auteur une modération extrême qui va jusqu'à relativiser, sans les nier, les effets immédiats des options envisagées pour lutter contre le dit réchauffement. Argument incontestable, la crise du COVID qui a tellement marqué les esprits et causé une crise économique majeure n'a eu que peu d'incidence sur la quantité de gaz à effet de serre dans l'atmosphère :
la pandémie de COVID représente un test grandeur nature de la société de décroissance [...] Pourtant les 7% (de réduction de gaz à effet de serre représentent en absolu 0,3 ppm de CO2 en moins rejeté dans l'atmosphère . Autrement dit un effort démesuré en termes économiques et sociaux pour un effet presque ridicule en termes climatiques.
C'est pourtant sur ce genre de démonstrations scientifiquement parfaites que le bât blesse, car elles négligent d'innombrables paramètres inquantifiables : qui a connu le confinement en campagne a pu constater l'amélioration immédiate de la qualité de vie, de l'air, et de l'environnement, ainsi que la forte croissance des approvisionnements alimentaires d'origine biologique et locale, entre autres, assurant sans problème l'auto suffisance avec une croissance positive ... de relations humaines qui manquent tant à tous les étages de la vie contemporaine. Une crise économique certes, mais pas partout et pas pour tout le monde, comme toujours, comme l'illustre d'ailleurs le relatif exode urbain qui a démarré à l'occasion de ce bref évènement, et qui bénéficie dans une certaine mesure aux zones rurales désertées. D'ailleurs la fin de la crise COVID n'a pas sonné le glas de la crise économique, loin s'en faut, évolution sociétale inscrite sur l'éternel dogme officiel de la croissance invalidant le diagnostic négatif sur la décroissance que décrit Philipe Charlez.
Toujours sur le mode de la modération , on apprécie donc la dénonciation du dualisme typique des dogmes religieux , étatiques , ou autres, mais on, s'étonne de l'attaque directe vers les mouvements et associations écologistes qu'il dénonce comme "climato gauchistes", négligeant l'autre coté de la pièce de théâtre qu'occupent les richissimes spécialistes de la consommation à outrance dont il est démontré qu'ils monopolisent la plus grande partie des dégâts environnementaux (lire chez OXFAM : les milliardaires du carbone).
Quand à la biodiversité et la 6e crise d'extinction que nous traversons, elle n'est jamais évoquée, or la nature et ses formidables rendements non monnayés sont pourtant la base de la vie sur terre et de l'alimentation humaine, la base quand même. Les solutions technologiques et industrielles sont privilégiées et considérées comme solution ultime sur la base d'arguments du type "on vit plus vieux et en meilleure forme aujourd'hui qu'hier" .
A ce sujet nous serions que vous conseiller, après lecture des conseils avisés de Philippe Charlez, (du genre ralentir sur l'autoroute ou fermer les rideaux ou les volets en plein hiver), d'embrayer sur Marie Monique Robin, la fabrique des pandémies.