Ce roman est porté par la voix d’Ernestine, mémé qui espère revoir Mila. Mila qui a percuté leurs vies à elle et Hector, eux qui avaient une vie bien rangée, elle a l’épicerie du village de Saint Avre dans la creuse, lui en réparant et en fabriquant toute sorte d’objets.
Couple atypique, elle qui rêvait ď être institutrice lui dont la 2de guerre va accentuer la bizarrerie et lui donnera un regard à la fois poétique et critique sur le monde. Ernestine nous parle de sa vie d’avant Mila, son enfance, ses rêves, son mariage.
Elle relate comment elle a apprivoisé l’étrangeté de son mari et l’amour qui les lie. Puis vient la rencontre avec Mila.
Mila, la petite effrontée, dure en apparence, qui parle fort et qui fait genre qu’elle n’a peur de rien. L’épicerie va devenir 1 refuge et elle va nouer une relation avec le couple. Pour la suite il vous faudra lire les différentes parties du récit.
Ce 1er roman nous parle des oubliés, des sans voix; celle du couple, de la vieillesse, des petites gens. Ceux qui subissent la grande histoire comme la Grande Guerre pour le père d’Ernestine, la 2de pour le couple. Ils se heurtent au fonctionnement du village, le regard sur leur couple, les moqueries sur Hector. Et cette langue de vipère de Marthe qui juge et condamne.
Autre percuté de l’histoire, celle de la Reunion Mila déracinée, sans passé, parachuté au château loin des odeurs de son ile, comment s’intégrer dans un monde qui ne vous écoute pas, demande obéissance, silence comme la Règle qui s’applique dans les dortoirs du château tenu par 2 sœurs.
La séparation, la solitude, le racisme, le déracinement sont au cœur du récit. Les mensonges de l’état pour repeupler la creuse, l’inhumanité à l’égard de ses enfants que l’on veut façonner, faire oublier leur histoire et a qui on jette à la figure leur couleur, leur envie de connaitre leur histoire. Histoire de famille, d’amour, d’espoir, mais aussi dimension plus sombre à travers certains personnages secondaires. Le roman mêle grande et petite histoire; va-et-vient entre passé et présent, espoir et tristesse, mémoire et oubli. La mémoire qui est le dernier rempart d’Ernestine et qui explique la narration avec les différentes temporalités.
Cette histoire est méconnue des enfants de la creuse, ces réunionnais déracinés, elle me touche particulièrement, mon père a été un de ses ados envoyés seuls avec 1 billet sans retour pour de fausses promesses. Il a atterri en Auvergne, mais il a pu passer 1 diplôme , certains souvenirs sur le choc du froid, la camaraderie entre compagnons d’infortune a fait écho. Heureusement il n’a pas vécu les situations du roman, mais il aurait pu avec le Bumidom( bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre mer).
Outre ce devoir de mémoire, l’histoire entre les personnages est belle, touchante. Donc partez à la découverte de l’enfant du volcan, vous n’oublierez pas Mila, Thiago, Ernestine, Hector et n’hésitez pas à rendre hommage à ces enfances sacrifiées en vous renseignant sur les enfants réunionnais de la creuse.