Magazine Culture

River

Publié le 07 février 2023 par Adtraviata
River

Quatrième de couverture :

River, c’est ma sœur. Ma sœur en moche, ma sœur en noir, ma sœur qui n’a rien à voir avec moi. On partage la même chambre, on respire le même air, mais je la plains et je m’en veux. Elle m’adore et je la comprends. Je suis la fille idéale de nos parents. Elle, comment dire… Vous connaissez le vilain petit canard ?

Sa soeur aînée raconte River, une ado de quatorze ans qui ne coche pas toutes les cases de la « normalité » : elle a du mal à gérer ses émotions, on se demande à la lecture de ses « exploits » si elle n’est pas schizophrène à moins qu’elle ne souffre de troubles autistiques. En tout cas, elle a bien réussi à semer le désordre dans sa famille qui fait tout pour l’aimer telle qu’elle est, surtout sa mère qui se dévoue corps et âme pour elle, et surtout sa différence la met à la merci d’une horrible bande de quatre garçons harceleurs et racketteurs qui la poursuivent constamment au collège. Evidemment, on ne dénonce pas des harceleurs, sous peine de subir encore pire. Heureusement, River a une connexion particulière avec sa grande soeur, qui l’aide à tenir et à résister tant bien que mal.

Je n’avais jamais rien lu de Claire Castillon avant ce roman jeunesse qui, en moins de 200 pages, aborde les thèmes de la différence, du harcèlement, de la famille, de l’amour entre soeurs dans une narration originale, tendue, qui ne m’a pas fait lâcher le bouquin tant il était prenant. Dans ma grande naïveté, je n’ai pas vu venir le twist final ou plutôt, c’est tout l’art narratif de l’autrice, justement, qui a créé pour moi cette surprise. Claire Castillon ne nous épargne rien de l’horreur du harcèlement subi par River et de l’impossibilité pour elle de dénoncer ses tortionnaires : Alanka et les trois T sont de véritables crapules à la mécanique bien huilée et on frémit à l’idée de ce que ces ados deviendront à l’âge adulte. Heureusement – on est quand même dans un roman jeunesse – la fin laisse entrevoir de l’espoir.

« River a une intelligence « particulière », ce qui signifie rapide et inconsciente, elle a un humour « à elle », parce qu’elle rit fort quand elle fait un bon mot généralement mauvais, le plus souvent pourri. Elle est aussi dotée d’un tempérament « bien entier », l’obligeant à osciller d’une humeur à l’autre aussi prestement qu’une balle rebondissante. Elle monte et elle descend, elle alterne entre un mal-être profond, voire insondable, et une gaieté quasi hermétique, autrement dit entre une « tristounesse » (mot magique de maman pour dépression) et une « joie en boucle » (mot magique de maman pour survoltage) » (p. 7)

« Si de grands bras lui manquent, elle approchera papa et le canapé, s’installera discrètement à côté de lui pour regarder le rugby. Il l’appellera « mon coeur » plusieurs fois parce qu’il aime bien quand elle se glisse dans sa vie comme dans un lit, muette, presque endormie, sans rien froisser. » (p. 36)

Claire CASTILLON, River, Gallimard Jeunesse, Collection Pôle Fiction, 2021 (Gallimard Jeunesse, Scripto, 2019)

Sur le thème du harcèlement, on peut lire le tout aussi excellent Miettes (Humour décalé) de Stéphane Servant.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Adtraviata 5456 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine