Ironiquement, la série télé Mégantic, une fiction inspirée de l'horreur du 6 juillet 2013, allait passer son premier épisode à la télé cette semaine et on ne cessait de nous aviser que le traumatisme de cette tragédie pourrait être ranimé, revécu, qu'il fallait prendre garde. Un nouveau traumatisme s'est créé.
Y a t il meilleur endroit pour qu'un enfant soit entre bonnes mains que dans un service de garde ? comme dans "gardien(ne) contre le mal". Du moins, c'est le contrat social qu'on se passe et qu'on comprend. Mais il y encore beaucoup d'incompréhension. Pourquoi eux ? pourquoi là ? À 8h00, mercredi matin, les parents laissaient leurs enfants au service de garde de Ste-Rose près de la Rivière des Milles-Iles, comme d'habitude.Mais contrairement à d'habitude, un autobus, qui tournait le rondpoint plus loin, fonçait cette fois volontairement sur la garderie et contre ses occupants. Tuant 2 enfants dans le processus, en blessant 6 autres et quelques adultes en plus des chocs atttendus ici et là. Traumatisant tout le Québec. On en parlerait dans le New York Times, en Europe, avec des photos qui n'avaient rien à voir avec Ste-Rose. Mon quartier devenait connu dans le monde par l'horreur. On identifiera le chauffeur, qui aurait volontairement commis le geste. Ce dernier se mettant nu en sortant de l'autobus, après les faits. C'est à plusieurs citoyens qu'on le maitriserait et qu'on le batterait au sol. Sous le coup de l'impulsion. Jusqu'à ce que les policiers arrivent sur place et ne lui passent les menottes. La journée tombait sous le joug du tragique, c'en était une à vouloir brailler fort.Ce que j'ai un peu fait dans la voiture, en revenant du travail, en rééntendant, à la radio, ce qui jouait en boucle depuis le matin.
Ça c'est passé à 12 minutes de là où nous vivons. C'est tout près de l'endroit où ma fille et moi avons acheté nos bières spécialisées pour la fête du beau frère. Mon fils, étudiant paramédic à sa dernière session, devait commencer ses stages cette semaine dans notre quartier. Par magie, ses stages avaient été repoussés d'une semaine. Ceci aurait été parmi ses premières interventions. Deux enfants de 4 ans, morts. Pour rien. C'est la dernière chose auquelle on pourrait penser, de se retrouver sous un autobus dans la salle de jeu d'un service de garde, à 5 ans et moins. Aux États-Unis, pays du happy fusil, chaque jour où vous y laissez votre enfant à l'école, se trouve le germe de la possibilité d'une tuerie tragique. Il ne faut plus jouer aux surpris. Ils acceptent de vivre tout le monde et son prochain avec tout type de fusil, ils en périssent. Mathématique simple. Le rejet scolaire y trouve son unique puissance. C'est souvent la dernière utilisation de cette puissance. On donne même des cours et des kits de survie de tuerie, à la rentrée. Ça fait partie des routines scolaires. On a pas ce problème d'armes à feu ici. Mais on a le problème mâle. Le mal mâle. Ici, c'est l'orgueil et l'incel qui portent le germe de la folie certaine et fatale. Et l'incel ne se conjugue péjorativement qu'au masculin.Vous ne trouvez pas de pulsions assassines féminines, sinon en légitime défense. Contre le mal mâle. C'est rare.
Force est maintenant d'admettre qu'en tout homme se cache une tragédie potentielle. Toute cette impuissance à sentir notre incapacité de voir venir ces effondrements mentaux. Cette impossible obligation d'accepter que ça arrivera encore et que les lois du hasards feront en sorte que si vous êtes là, au mauvais endroit, au mauvais moment, le mauvais peut frapper.
Cette voix qui ne cesse de dire "Que pouvait-on faire?".
Le chauffeur a frappé des policiers à sa comparution en cour avant-hier. Il s'agit d'un enfant qui avait été adopté du Cambodge par une famille de Val D'Or. Une bonne famille qui ne comprend pas non plus. Une famille toute aussi traumatisée.Il existe une froideur mortelle dans l'incompréhension que nous avons de ce qui passe dans les têtes des hommes.
Avec le plus petite des h, mais qui devrait être étudié avec la plus grande des importances.
C'est le cas de le dire, il en va de l'avenir de nos enfants. Dont 2 en ont été brutalement privé, avant-hier.Mercredi était une journée à brailler fort devant nos impuissances. J'ai pleuré dans ma voiture, aur retour du travail. Seul.
Pas si seul, je pense. On a digéré le traumatisme chacun de notre bord. Faudra penser des solutions ensemble. Facile à dire. Si peu facile à appliquer concrètement.
C'est dur et sombre. Je n'amène rien de nouveau, je sais. Demain je vous fais rire. Promis.