CRITIQUE- Emett Till : un film mélo mais nécessaire

lundi 13 février

Un jeune adolescent de quatorze ans est envoyé, par sa grand-mère, chez ses cousins dans l'état du Mississipi. Jeune garçon solaire, issu de la classe moyenne black de Chicago, il ne peut imaginer la situation des "colored people" dans le Sud de son pays. Cet été sera fatal.

Parce qu'il a complimenté une commerçante blanche sur sa beauté, ignorant que c'était un crime de lèse "white people" dans cette petite ville dont les habitant n'ont toujours pas digéré la défaite des Etats confédérés il y a près de cent ans, Emett Till sera enlevé et battu à mort, son corps sera retrouvé dans la rivière toute proche.

Les photos de son cadavre supplicié feront le tour du monde, débute alors le combat d'une mère pour que justice soit faite.

Nous sommes aux Etats-Unis en aout 1955. 

Le président Joe Biden promulgue le Emmett Till Antilynching Act (en), loi fédérale qui s'applique à l'ensemble des États-Unis, loi qui prohibe tout acte de lynchage et qualifie cette pratique de crime de haine lynchage sera inscrit comme crime dans la constitution qu'en mars 2022.

Oui, vous avez bien lu : MARS 2022.

" Emmett Till" de Chinonye Chukwu est un beau film à la réalisation classique, un récit linéaire et mélodramatique, certes, mais comment faire autrement pour montrer l'immontrable.

Le supplice de Emmett restera hors champs, mais la puissance de l'interprétation impressionne  (surtout Danielle Deadwyler qui offre une magnifique performance dans le rôle de Mamie.)

Bien sûr le film tire un peu trop vers le mélo et tire larmes avec une musique omniprésente, la réalisatrice a parfois  la main un peu lourde, mais ce genre de réalisation a le gros avantage de pouvoir être montrée au plus grand nombre.

Un film d'une lumineuse noiceur pour nous rappeler que l'humanisme et l'antiracisme ne vont pas de soi chez certains humains.

Rien n'est jamais gagné, les suprémacistes blancs bougent encore et relèvent même la tête dans certaines régions.

Le film de Chinonye Chukwu doit être considéré d'intérêt public, le voir devient un acte politique.

 Car dans ce film,  il n'y a aucune image violente, à part bien sur le cadavre, mais ce sont des photos qui ont été publiées par Paris Match en 1955...

C'est donc un film que l'on peut voir en famille avec des collégiens de quatrième par exemple...Ce n'est pas trash ni complaisant....c'est Hollywoodien....mais terriblement nécessaire.

Emmett Till, le visage d’une révolution, de Chinonye Chukwu**, en salles le 8 février.