Revoir Blade Runner aujourd’hui résonne comme une expérience troublante. Le film se déroule en 2019, à une époque sombre comme nous la vivons depuis quelque temps déjà. On pourrait y voir des échos aux bouleversements sociaux et environnementaux… un monde déshumanisé, des pluies acides, des robots… Mais si dans le film les humains semblent dépourvus d’âme et les Réplicants fragiles, on songe à la si célèbre scène finale incarnée par Rutger Hauer où la phrase « Vivre en ayant peur, c’est cela être esclave », lancée au Blade Runner Harrison Ford, apparaît comme une prophétie. Notre société ultra-capitaliste entraînant toutes sortes de cauchemars bien réels, ne répond-elle pas à cette citation ? Alors, sommes-nous les Réplicants racontés par Ridley Scott via Philip K. Dick ? Sommes-nous des esclaves ?
Et puis, des questions philosophiques soulevées par une fiction dont on pourrait discourir sur le sous-texte durant des heures. Que veulent les Réplicants sinon un supplément de temps ? Le rêve humain ultime, l’immortalité. Est-ce que la vie vaut d’être vécue si l’on n’a pas aimé ? Des questions profondément humaines. Les Réplicants rêvent aussi. Ils possèdent même un supplément d’âme dans un monde glacé, déshumanisé, dominé par des êtres robotisés et esclaves de leur finitude.
Les Réplicants de 2023 sont ceux qui voient le monde courir à sa perte et versent aussi des larmes nocturnes sous une pluie acide.
©Corinne Bernard, février 2023.
Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick.
Blade Runner, un film de Ridley Scott (1982).
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble