C'est au titre du devoir de vigilance des multinationales, une loi de mars 2017, qu'un groupement d'ONG assigne depuis plusieurs mois l'entreprise TOTAL devant la justice française pour son engagement sur le projet d'exploitation des réserves pétrolières d'Ouganda. Un jugement sera rendu aujourd'hui.
Occupant la triste 132e place au classement de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse, le pays est en effet dirigé par une élite éduquée mais peu portée sur les droits de l'homme. Soutenu par le gouvernement français, Yoweri Musevini, président du pays depuis 1986 , affirmait il y a quelques semaines :
"je remercie les compagnies pétrolières et le gouvernement chinois, mais aussi le gouvernement de la France. Je ne les ai pas entendus faire de problèmes en tant que gouvernement," cité par BLAST dans un article de Thomas Bart, grand connaisseur de l'Ouganda.
Coté des opposants, le quotidien Les Echos signale notamment des menaces incessantes et arrestations arbitraires des opposants locaux à ce projet qui inclut notamment la construction d'un oléoduc géant de 1445 km de long pour transporter le pétrole, impactant des territoires à la fois en Ouganda et en Tanzanie. La zone de forage quant à elle prévoit de creuser 400 puits dans un secteur sensible puisqu'il s'agit du parc naturel des Murchison Falls, qui abrite plus de 500 espèces d’animaux dont certaines sont menacées. La présence dans le des chinois dans le consortium chargé de l'exploitation du pétrole par le gouvernement Ougandais pose toutefois une question intéressante :
"le message de l'Ouganda est très clair : avec ou sans nous, le projet se fera", clamait Patrick Pouyanné, lors de la présentation des résultats annuels de l'entreprise, cité par ce même article des Echos, insinuant qu'une décision de justice défavorable obligerait l'entreprise française à céder la place aux Chinois.
Peut être est -ce pour l'entreprise française une bonne occasion de maintenir ses positions tout en accélérant sur des mesures de compensation acceptables ?