Rouge, Pascaline Nolot

Résumé : Accroché au versant du mont Gris et cerné par Bois Sombre se trouve Malombre, hameau battu par les vents et la complainte des loups. C’est là que survit Rouge, rejetée à cause d’une particularité physique. Rares sont ceux qui, comme le père François, éprouvent de la compassion à son égard. Car on raconte qu’il ne faut en aucun cas toucher la jeune fille sous peine de finir comme elle : marqué par le Mal. Lorsque survient son premier sang, les villageois sont soulagés de la voir partir, conformément au pacte maudit qui pèse sur eux. Comme tant d’autres jeunes filles de Malombre avant elle, celle que tous surnomment la Cramoisie doit s’engager dans les bois afin d’y rejoindre l’inquiétante Grand-Mère. Est-ce son salut ou bien un sort pire que la mort qui attend Rouge ? Nul ne s’en préoccupe et nul ne le sait, car aucune bannie n’est jamais revenue…

Avis : Rouge a une partie du visage marqué de rouge et tout le village la voit comme la fille du Mal, la rejetant en bloc à cause de son physique et de sa mère qui aurait sombrée dans la folie avant de la mettre au monde. Seules deux personnes se comportent gentiment avec elle. Le père François qui la défend de la maltraitance des villageois, et Liénor, son meilleur et seul ami avec qui elle partage des moments complices. Vivant dans un village maudit par le personnage de la Grand-Mère, Rouge va devoir la rejoindre dans les bois dès qu’elle a ses règles. Sans que personne ne sache, pas même elle, ce qui l’attend là-bas.

Ecrit comme un vieux conte, cette réecriture du petit Chaperon Rouge était passionnante. On se plonge dans l’histoire et on se retrouve à Malombre ce village maudit tant par la Grand-Mère que par les superstitions stupides et la haine et peur des villageois. Rouge subit vraiment des choses horribles et pourtant, elle ne fait rien de mal, elle reste une personne assez gentille, un peu renfermée sur elle-même, et qui essaye à tout prix de plaire à son père, qui est le premier à la maltraiter. Rouge est attachante dès les premières pages, touchante aussi, on a envie de la protéger. Liénor, son complice, est très attachant également, malgré sa lâcheté, il reste quand même très proche de Rouge, ne faisant aucunement attention à ce que les villageois pensent de Rouge.

L’histoire se met en place tranquillement, baignée de mystères. Les chapitres sont entrecoupés de scènes qui se passent dans le passé, sans qu’on sache au début faire le lien avec ce qu’il se passe pour Rouge. Et petit à petit le puzzle se met en place et on finit par faire la connexion entre passé et présent. Dur de vous parler des personnages sans vous spoiler, mais la Grand-Mère a quelque chose d’attachant elle aussi, d’une certaine façon.

On passe de révélations en révélations, et s’il n’y a pas d’énormes bouleversements et d’action, ça n’empêche qu’on ne s’ennuie pas. L’autrice dénonce au travers de son récit les peurs et la méchanceté des gens, comment les croyances peuvent provoquer des comportements mauvais, mais également d’autres sujets plus d’actualité dont je préfère ne rien vous dire, afin de vous laisser découvrir l’histoire.

J’ai été plusieurs fois surprises au cours de ma lecture, c’était poignant et difficile. C’est une réécriture plutôt dur du conte (qui en lui-même est déjà difficile). J’ai eu très peur pour le personnage de Rouge, qui va de poisse en poisse. Et la fin est presque libératrice et m’a énormément plu. Je ne l’avais pas vu venir et j’ai beaucoup aimé.

En bref, une lecture assez passionnante, qu’on lit comme un conte qu’on écouterait au coin du feu. Avec une héroïne forte et très attachante. Des personnages très biens écrits et pensés, surtout pour ceux qui ne sont pas ce que l’on croit. Des mystères, de la magie, des superstitions stupides, et un village perdu au cœur d’une forêt.

Phrase post-itée :
« Attendre la mort, tel un oiseau en cage, était-ce réellement vivre ? »

éé