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Amanda Skenandore – Pour l’honneur de tous les miens

Par Yvantilleuil

Amanda Skenandore – Pour l’honneur de tous les miensDerrière cette couverture qui ne colle pas du tout au contenu, se dissimule un récit inspiré de faits réels, qui dénonce l’assimilation forcée des enfants indiens aux Etats-Unis à la fin du dix-neuvième siècle.

En 1880, la petite Alma attend avec grande impatience les jeunes indiens qui viendront apprendre à se comporter comme un « Blanc » à la Stover School. Son père étant à la tête de cette école visant à américaniser les petits autochtones, elle compte d’ailleurs bien les aider en montrant le bon exemple.

En 1906, Alma Mitchell découvre dans le journal du jour qu’un de ses amis d’enfance risque la pendaison pour le meurtre d’un agent fédéral. Ne pouvant pas concevoir qu’Asku, rebaptisé Harry Muskrat en entrant à la Stover School, puisse être coupable d’un tel acte, elle supplie son mari, avocat, de lui venir en aide…

« Pour l’honneur de tous les miens » invite donc à découvrir un pan de l’Histoire amérindienne assez méconnu. Une époque où les petits indiens étaient arrachés à leurs familles pour intégrer des pensionnats visant à les dépouiller de leurs racines, de leurs croyances, de leurs langues, de leurs tenues, de leurs coiffures et même de leurs noms. Une assimilation forcée, totalement immorale et souvent brutale, qui les dépouillait de leur identité pour transformer ces petits « sauvages » en bons Américains…

La grande force de ce récit est sa double temporalité qui invite à découvrir les deux points de vue d’Alma au fil des chapitres. Il y a tout d’abord cette petite fille naïve et totalement innocente, qui constate certes les maltraitances et les injustices dont sont victimes ses camarades de classe, mais qui est foncièrement persuadée du bien fondée de cette éducation. Mais il y a surtout la prise de conscience de l’Alma adulte, qui finit par constater les limites de l’avenir qui leur était promis au cœur d’une Amérique foncièrement raciste, pas du tout encline à intégrer ces peaux-rouges, même civilisés…

Servi par une belle plume, ce qui est bien la moindre des choses lorsqu’on relate la terrible destinée des Indiens, « Pour l’honneur de tous les miens » est donc à la fois le récit d’amitié d’une petite fille condamnée à vivre entre deux mondes, mais également un récit sur la différence… cette satanée différence qui pousse chaque fois l’être humain à commettre les pires exactions et que ce genre d’ouvrage fait bien de rappeler afin de ne jamais les oublier…

Si vous aimez la bande dessinée, lisez également l’excellent « Hoka hey! » de Neyef, qui aborde le même sujet.

Pour l’honneur de tous les miens, Amanda Skenandore, Faubourg Marigny, 400 p., 21€

Elles/ils en parlent également : Aurélie, Audrey, Katia, Lily, Stéphanie

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