En salles depuis mercredi le deuxième long-métrage de Béatrice Pollet (après le méconnu Le Jour de la grenouille) analyse une affaire judiciaire unique, un dossier particulier où la justice fait face à un problème épineux, le déni de grossesse.
Le scénario de la réalisatrice Beatrice Pollet adapte une histoire vraie. Le sujet est très délicat, rarement traité et nécessite vraiment cette exposition. En effet, si on a déjà entendu parler du déni de grossesse, on ne sait pas exactement à quoi il se rapporte.
Ce procès l’a donc mis en valeur et le long métrage de Beatrice Pollet le représente d’une façon intelligente et délicate.
Il présente une jeune femme qui va faire un déni de grossesse et se retrouver inculpée pour les actes qu’elle a commis. Elle va alors devoir se défendre et prouver qu’elle n’était pas consciente de la situation et ne s’est pas rendue compte de ce qu’elle faisait.
Aidée par son amie Sophie (Géraldine Nakache), celle-ci se dévoile, apparaissant aussi attachante que troublante.
Considéré comme un trouble psychique, ce sujet bénéficie d’un vide juridique et de différentes controverses autour de son traitement .Toi non plus tu n'as rien vu explore un mystère à la lisière de la science, entrouvrant la porte sur les liens entre maternité et psychisme.
La justice se trouve ainsi confrontée à un cas spécial, contraire aux affaires d’infanticides (comme celle de Fabienne Kabou dans l'épatant Saint-Omer), avec, cette fois-ci, cette jeune femme accusée de tentative d’homicide sur enfant de moins de quinze ans.
En voulant poser la question de la responsabilité pénale, le film de Béatrice Pollet se lance dans une exploration analytique du déni de grossesse, tentant alors de comprendre quelles en sont les causes et les conséquences.
Interprétée par une Maud Wyler insufflant à son personnage un aspect mélancolique et sybillin cette Claire au double visage reflète un peu la gravité de son acte. A noter que dans un rôle à contre-emploi, Grégoire Colin abandonne son aspect sombre et inquiétant pour libérer sa propre sensibilité de père et d'époux.
Toi non plus, tu n’as rien vu, et ce titre le confirme bien, met à jour un mal invisible, pouvant mener jusqu’à l’infanticide.
Interessant et glacé, le film pêche toutefois par une mise en scène trop scolaire et didactique, comparé notamment au premier long métrage de Alice Diop.
«Toi non plus tu n’as rien vu»**
Béatrice Pollet
Au cinéma le 8 mars 2023
Vu dans le cadre du festival de Bron drôles d'endroit pour des rencontres