C’est un produit à consommer avec modération, on le sait. Mais si on reste raisonnable, rien n’interdit de savourer le patrimoine œnologique.Je suis allée à Vinexpo en premier lieu pour revoir des vignerons que je connais déjà, dont j’ai visité les derniers temps es caves et les vignes, ou avec lesquels je m’étais entretenue en viso-conférence quand toute rencontre était prohibée.
Pouvoir de nouveau se saluer "pour de vrai", échanger et discuter, fut le premier motif de satisfaction. Bien sûr que l’opportunité de déguster était agréable mais, au risque de vous étonner, elle n’était pas essentielle. A tel point que je ne l’ai pas systématiquement fait, ce qui ne m’a pas empêchée d’avoir des échanges intéressants avec des maisons que j’apprécie, et à propos desquelles j’ai déjà écrit. Comme par exemple Bestheim, qui présentait dans une de leurs étonnantes bouteilles bleues devenues caractéristiques de la marque un nouveau Crémant Coeur de lune, Pessac-Leognan ou Abecassis, dont je n’ai pas pris de nouvelles photos mais que je continue à vous recommander (en cliquant sur leur nom vous saurez tout le bien que je pense de chacun).
Si une telle manifestation conforte souvent ce qu’on sait déjà c’est aussi le lieu pour rendre possible des découvertes inattendues. Par exemple avec les vins de l’Etat de New-York dont j’ignorais qu’on y faisait pousser de la vigne, ou Torpez, la cave coopérative de Saint-Tropez, que depuis, j’ai très envie d’aller visiter. J’imagine que la probabilité de m’y rendre est plus forte que celle d’aller aux USA.
C’est aussi l’occasion d’investiguer à propos d’une région sur laquelle on veut en savoir plus, comme la Savoie dont je gardais un souvenir très vif d’un voyage de presse effectué il y a quelques années. J’ai eu quelque mérite car la signalétique du salon était assez confuse mais je suis heureuse d’avoir persévéré. La maison XXX valait qu’on fasse l’effort de la chercher.
Enfin ce fut l’opportunité d’assister à une master-class sur un sujet d’actualité, le réchauffement climatique et une de ses conséquences en matière de maturité pour le Pinot noir. Ce moment fera l’objet d’une publication particulière pour ne pas alourdir le présent article.
Si je devais caractériser en quelques mots l'impression qui se dégage à la fin de cette journée je dirais énergie, projets, modernité, patrimoine.
Commençons par l'Alsace
Les stands installés sous l'égide du CIVA étaient tout à l'honneur de l'Alsace. J'aurais bien aimé me renseigner sur le klevener (ou klevner) mais malgré l'immense variété offerte je n'ai rien trouvé sur ce rare cépage, probablement issu d'un Savagnin rosé.
Je me suis réjouie par contre de faire connaissance avec la maison Ruhlmann dont je vais prochainement déguster les vins ci-dessus lors d'une rencontre digitale (dont je parlerai le moment venu).
Ce salon fut l’occasion de faire connaissance avec Myriam Haag avec qui j’avais fait ma première dégustation digitale l’an dernier, et avec qui je recommencerai prochainement. C’est évidemment très satisfaisant de pouvoir nous parler en face à face. Cette spécialiste dont j’apprécie la finesse de jugement m’a fait remarquer que tout le monde croit connaître le Riesling, parce qu’il est planté mondialement mais la diversité des terroirs alsaciens brouille en quelque sorte les cartes même si, selon moi, c’est la richesse de la région.Elle conseille à ceux qui en ont le temps de faire des dégustations comparatives au Carrefour des tendances où chaque exposant propose deux vins différents. Le conseil est valable pour toutes les régions.Elle m’a fait découvrir une bouteille exceptionnelle au nom étonnant, Synergie 2018. C’est un Pinot noir cueilli surmûri, non éraflé, vinifié avec la rafle. On recueille très peu de jus et la macération dure trois semaines, sans soufre (il n’y en aura qu’un peu à la toute fin). Après trente mois d’élevage en barrique neuve, la mise en bouteilles s’est effectuée en septembre 2021 et le vin a été présenté en décembre.Il a un incomparable goût de cerise, de quetsche séchée, de subtiles saveurs torréfiées. Un régal …Je signale à ceux qui auraient l'envie d'aller faire un tour en Alsace que, du 23 avril au 30 juillet, se déroulera chaque dimanche la tournée des terroirs en réinventant les codes du présentiel et de l’événementiel avec 160 vignerons. A chaque fois seront organisés un bar éphémère, de la petite restauration locale, un collectif DJ. Il y aura 3 ateliers (dégustation - balade sur un sentier- approfondissement avec une masterclass par exemple de géologie). Tout fonctionnera de manière neutre en carbone grâce à une alimention sélectrique par panneaux photovoltaïques. Ce seront au total 35 grands crus ou lieudits que l'on pourra découvrir et 80 ateliers auxquels il sera possible de participer.On ne pourra plus dire qu'on ne comprend pas les vins de terroir, et arrêter de penser qu'ils sont réservés à une élite.Savoie
Je n’aurais pas voulu manquer les vins de Savoie qui, s’ils représentent moins de 1% du vignoble français, offrent un vif intérêt depuis que je les ai découverts à l’occasion d’un voyage de presse. Aujourd’hui c’est avec des vins de Jean Cavaillé que j’ai réactivé mes souvenirs.Je commence malgré tout par une surprise totale. Je n'aurais jamais cru qu'un Crémant puisse être originaire de cette région qui a droit à cette appellation depuis 2015, sachant que les premières bouteilles sont sorties en 2017. Rien d'étonnant donc à cette ignorance puisque mon voyage sur place remonte à 2016.
Les bulles de cette bouteille sont si fines qu’on dirait un vin tranquille. Il est élaboré à 80 % à partir de Jacquere, 10% de Gamay et autant de Pinot. La jacquère étant suffisante pour tendre le vin il a été décidé de se passer de Chardonnay. Et ce choix est judicieux car il permet de retranscrire au mieux le terroir de la Savoie puisque la Jacquere en est le cépage le plus répandu.
De qualité étonnante et exceptionnelle, il développe des arômes subtils de fruits et de fleurs en combinant saveur et fraîcheur. Il a obtenu la Médaille d'or au concours national des crémants de France et du Luxembourg en mars 2017.

Voilà un vin qui est encore typiquement savoyard.Sa robe est d’un joli or ambré, avec des reflets verts. Au nez, ce sont des notes de fruits frais (pêche et poire) qui apparaissent ainsi que de noisettes. C’est un vin ample en bouche, un peu gras mais capable de garder la fraîcheur avec un repère calcaire.Il serait parfait sur des sushis, idéal sur un veau cuisiné avec des champignons et de la crème.La robe du Pinot Noir Cep Noir 2020, lui aussi provenant de vieilles vignes, est d’un rouge grenat intense.Même si les arômes de fruits sont confiturés il reste gouleyant. Voilà une bouteille élégante et conviviale qui fédérera les copains autour d’une planche de charcuterie en tout début de repas.

L’élevage se fait 18 mois en cuve neuve de béton. C’est un vin charpenté, avec des tanins bien présents mais qui restent fondus. On appréciera les arômes nobles de poire et d’épice, avec une note de poivre blanc, des arômes de violette et de cuir.
C’est un grand vin qui n’est produit que sur cette commune d’Arbin, sur seulement 11 hectares. Je le vois idéalement sur du canard et bien sûr sur des gibiers.

Le Beaujolais

Rendez-vous est donné chez les vignerons et vigneronnes du Beaujolais en famille, entre copains, en tête à tête, pour un repas bistronomique chic et décontracté autour de belles cuvées de caractère et d’exception pour un déjeuner ou un dîner dans une ambiance néo-bistrot.J’ai dégusté avec Dominique un Beaujolais blanc 2020 Clos du Vieux Bourg qui se révèle assez rond, équilibré, aromatique, dans lequel on reconnaît l’acacia. Puis un Regnié 2021 La Croix Penet, qui est un joli millésime un peu croquant, idéal pour la charcuterie.



Les vignerons artisans de CascastelIls sont rassemblé dans une cave coopérative de 70-80 vignerons. Cette fois je goûte le Corbières blanc 2021 Héritage de Bonnafous qui est le haut de gamme en blanc et qui offre une belle acidité. Le cépage dominant est le Grenache blanc.



Corbières

Élevé totalement en amphore, mis en bouteilles la semaine dernière, c’est en quelque sorte une avant-première que j’imagine réjouir les soirées musicales que le domaine organisera cet été.
Il sera facile à boire, pourvu de le servir bien frais et s’accordera parfaitement avec des tapas.Servir le rouge frais est bien une des tendances actuelles.Chateauneuf-du PapeBasés à Chateauneuf, dans le sud de la vallée du Rhône, la Maison Brotte est leader de l’appellation Chateauneuf-du-Pape mais elle fait aussi du Cairanne et de l’appellation Côte du Rhône Village.
C’est une Maison familiale restée indépendante dont l’origine remonte à 1880 à une époque où on disait qu’on
cultivait « du raisin », quand Édouard Amouroux, l’aïeul maternel de Thibault Brotte avec qui j’ai eu la chance de pouvoir discuter exploitait des terres chateauneuvoises (abritant aujourd’hui le Domaine barville). Laurent incarne la 5 ème génération et travaille sur le domaine avec ses parents et son frère.

Originellement, Torpessius est un martyre italien qui fut décapité par Néron. Il donna son nom à un comptoir grec qui était la préfiguration de Saint-Tropez, de la même façon que le coq donna Cogolin, le chien Grimaud. La lettre r a simplement changé de place par métathèse (comme formaticum donna fromage) pour donner le obtenir de Saint-Tropez. C’est aussi le saint patron de Pise, d’où le jumelage entre cette ville et Saint-Tropez.
En tant que comptoir grec, la ville a toujours connu la vigne. Elle s’est développée sur une presqu’île au sous-sol granitique qui est une résurgence du massif des Maures. Son patrimoine territorial est particulier avec des embruns caractéristiques. On peut estimer le nombre de parcelles à 500, sur 180 hectares qui sont les jardins des villas car le port est en eau profonde.
Le nom de la gamme se réfère aux fêtes de bravade de St Tropez qui sont les fêtes patronales ayant les les 14-15-16 mai dans ce port franc, comme Monaco ou Saint Malo, et dont les couleurs sont le blanc et le rouge.


On remarquera que c’est une a
utre forme de bouteille qui a été retenue. Le vin est très minéral, avec beaucoup de fraîcheur.ChampagneJe ne connaissais pas les champagnes Charpentier. Je découvre en premier le Brut Vérité Terre d’émotion, qui a un PH plus bas, ce qui lui permet de garder sa fraîcheur au sens primaire, sur un terroir argilp-calcaire proche de ceux qu’on trouve dans le chablisien. Ce champagne est aromatique par le Chardonnay.



L'Etat de New York

Il n’empêche que j’ai malgré tout découvert des vins dont je ne soupçonnais même pas l’existence, élaborés dans l’Etat de New-York grâce à Michèle Piron de Vinconnexion que je remercie. Elle ne pouvait pas me faire connaître les 471 vignerons mais les quelques maisons sur lesquelles la dégustation a été ciblée m’ont convaincue de la qualité du travail et de l’intérêt de ces vins. Quand on pense que l’histoire de la vigne remonte au XVII° siècle dans cette région … cela incite à ne pas être chauvin !








