Pour lui, cette épreuve mondiale est la clé du prochain combat contre le réchauffement climatique et pour la révolution énergétique. Car cela rappelle que les situations d’urgence comme les guerres sont d’immenses moments d’innovation (cf. la production des vaccins).
Les constats après les confinements : le changement du rapport au travail, la fin du fordisme et de ses codes culturels, la désintoxication brutale de la société de consommation, le bouleversement des rapports humains et l’entrée dans l’ère du numérique, l’émiettement de la population facteur de la colère des Gilets jaunes, l’expression de la violence – les couples se déchirent … on estime à un million les couples qui n’ont pas résisté aux confinements.
Des statistiques : la France compte 16 millions de maisons individuelles et 12 millions d’appartements dont la moitié des habitants possèdent une maison ailleurs, 60% des Français ont un jardin, la moitié des logements de Paris sont occupés par des personnes seules. Une explication de la colère des Gilet jaunes et de leurs rassemblements sur les ronds-points. Les motifs de leur ressentiment sont toujours présents. Il nous faut sauver le futur des conséquences du passé.
Les codes sociaux ont changé après ces grandes vacances forcées : on ne se fait plus la bise, l’art de vivre a pris le pas sur l’art de produire. Mais le retour à la normalité, surtout chez les jeunes, sera très difficile, voire dangereux. Il faut s’attendre à l’inattendu. Cependant, en France et bien avant le Président Macron, on râle et on paye après.
Et nous devrons payer notre dette aux pays du Sud à la suite de l’exploitation par la colonisation et la traite, le racisme et le retour à des réflexes de repli identitaire, prendre en compte l’exigence de respect, celui des femmes par exemple.
Cependant, le concept de crise a deux faces : l’une créative et l’autre apeurée et favorable aux dictateurs. A l’échelle du monde, la démocratie n’est plus le modèle qui paraît nécessaire à tous.
Cette chronique d’un combat planétaire unique dans l’histoire de l’humanité est aussi source d’espérance. On a gagné tous ensemble contre le virus, on peut se remobiliser contre le réchauffement climatique.
Un dernier détail : le concept d’«archipel » mis en lumière par Jérôme Fourquet a été introduit par l’auteur en 1994 … Jean Viard est un prospectiviste débonnaire. J’aime bien !
Un juste regard, se souvenir pour changer le monde, recueil de chroniques publié aux éditions d el’Aube, 287 p., 25,90€