Né à Kingston, New York, d'un père Serbe peintre et d'une mère pianiste, il apprend le Serbe avant l'anglais. Quand il découvre le cinéma, il en devient totalement passionné. À partir de ses 12 ans, il note tous les films qu'il voit (comme moi :) et leur écrit une petit résumé suivi d'une appréciation (Ou pas. Moi je me contentais de notes de A à E). Il voit jusqu'à 400 films par année et a ce hobby de tout noter jusqu'en 1970, soit pendant 19 ans. Il étudiera à l'école d'acteurs du conservatoire de Stella Adler.Dans les jeunes années 60, il est connu comme programmeur de films au Museum of Modern Art de NY où il y fait des rétrospectives et écrit des monographies pour les films d'Orson Welles, John Ford, Howard Hawks ou Alfred Hitchcock. Il est aussi programmeur du New York Theater pendant un temps.
Avant une toute première réalisation de film, à l'instar de ses idoles de La Nouvelle Vague Française, Truffaut, Godard, Chabrol, Rivette ou Rhomer, il écrit sur le cinéma dans Esquire, The Saturday Evening Post et même dans Les Cahiers du Cinéma. À 27 ans, comme eux, il décide qu'il sera aussi réalisateur. Il quitte NY pour Los Angeles sans payer son loyer, avec son épouse la future productrice/scénariste Polly Platt, pour Los Angeles. Sur place, il court les invitations aux premières de films, et c'est à une de ces premières qu'il rencontre Roger Corman dont il avait rédigé une bonne critique d'un de ses films. Les deux développent une amitié et Corman l'invite sur son plateau pour ses 2 prochains projets. Il lui fait tourner Voyage To The Planet of Prehistoric Women sous le pseudonyme de Derek Thomas et Targets, co-scénarisé avec son épouse, Polly Platt.
Il reste toujours journaliste et sur le tournage de Catch-22, de Mike Nichols, il se lie d'amitié à celui qui l'a vraiment inspiré à faire du cinéma, Orson Welles. Il fera de longues entrevues avec lui, et sera un ami pour la vie. Il publie un livre sur lui, ce qui relance la carrière de Welles au début des années 70. Bogdanovich le fait même vivre avec eux quand Welles manque d'argent. L'American Film Institute lui demande de faire un documentaire sur John Ford. Ce film sera narré par Welles. Mais des problèmes de droits et de distributions ne rendent pas le film tellement pulbic avant 2006. Cette fois retravaillé et avec davantage de témoignages de gens qui ont côtoyé Ford ou en ont été fortement inspiré.
À 32 ans, il adapte du livre de Larry McMurtry, sa semi auto-biographie The Last Picture Show. L'histoire de l'amitié entre deux jeunes entre novembre 1951 et 1952, dans une petite ville du nord du Texas. Il a un budget de 1,3 millions. Le film en fera 30 fois plus. Tourné dans un somptueux noir et blanc, il met, entre autres, en vedette une jeune mannequin qui deviendra son amoureuse, Cybill Shepherd. Le film est si bien accueilli qu'il aura 8 nommination aux Oscars et gagnera les deux Oscars des meilleurs rôles secondaires, Ben Johnson et Cloris Leachman remportant la précieuse statuette. Le film est si représentatif des États-Unis qu'il est enregistré au National Film Registry pour avoir été culturellement, historiquement et esthétiquement représentatif et significatif pour les États-Unis. Bogdanovich divorce de la mère de leurs deux filles et a comme partenaire amoureuse, la belle Cybill.
Barbara Streisand tient à travailler avec lui. Bogdanovich suggère de lui faire écrire une sorte de comédie à la Bringing Up Baby, hommage aux comédies de Frank Capra, la fille un peu excentrique, le professionnel, plus conservateur. Les auteurs de Bonnie & Clyde, Robert Benton et David Newman écrivent 3 versions de What's up Doc ? Puis Buck Henry trois autres versions. Tout ça en 4 mois car Streisand a des engagements à l'automne. Tout est fait très vite, mais le film fera quand même 16 fois et demi son budget en recettes et est un gros succès populaire. Mais comme Bogdanovich a tourné de cette nouvelle association comme copropiétaire de The Directors Company, maison de films fondée avec Françis Ford Coppola et William Friedkin (et Paramoint Pictures), il doit séparer le succès en trois. Ça l'agace beaucoup.

Paper Moon, adapté du livre Addie Pray de Joe David Brown, sera aussi tourné en noir et blanc et l'action se déroule durant La Grande Dépression. Le film raconte l'histoire d'un père et de sa relation avec sa fille et met en vedette, Ryan O'Neal et sa vraie fille, Tatum 'O'Neal. Celle-ci gagnera l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle féminin et sera la plus jeune à le faire, à 10 ans. Bogdanovich ne sera jamais presque plus jamais au sommet de son art qu'à ce moment. Les super profits encore partagés ne plaisent plus à Bogdanovich. Quand Coppola fait fortune avec The Conversation et The Godfather Part II, ils sont deux à ne pas aimer partager ainsi. Même si le dernier projet de Bogdanovich, mettant en vedette sa partenaire amoureuse Cybill Shepherd, Daisy Miller, est un cuisant échec.

L'adaptation du livre de Henry James lui est recommandée par Orson Welles. Mais c'est une erreur. Sans être une catastrophe d'auteur, après trois succès public et critique, cette fois Bogdanovich est accusé de vanité. Il concède lui-même qu'après trois coups de circuit, il ne pouvait pas se permettre un tel amorti. Il ne s'en relèvera pratiquement jamais. The Directors Company ne survit pas.





4 ans plus tard, est lancé sur Netflix un film que lui est Orson Welles avaient tricoté ensemble autour de 1970, excessivement pompeux, prétentieux, verbomoteur et peu sympathique. On crie au chef d'oeuvre mais on y voit surtout vanité.
Atteint de la maladie de Parkinson, il en décède à 82 ans en janvier 2022, pendant que nous sommes au Honduras, en vacances, en famille. Son départ est si confidentiel que je ne m'en apperçois que cette semaine.
Comme ses films, après ses 4 premiers en autant d'années, qui passaient presque inaperçus.
