Deux membres de l'équipe de Baz'art ont pu découvrir Dalva, le premier film d'Emmanuelle Nicot en avant-première : Philippe, au Festival du film de société de Royan, et Hermine au MK2 Bibliothèque de Paris, lors d'une soirée projection et débat en présence de la réalisatrice et du comédien Alexis Manenti.
De nombreux représentants d'associations de protection de l'enfance se sont exprimés à l'issue de celle-ci.

À 12 ans, Dalva (Zelda Samson) n'a rien d'une fille de son âge. Elle a davantage l'allure, le port de tête et le regard d'une femme. Ses vêtements sont ceux d'une adulte très apprêtée, ses bijoux aussi, son maquillage Mais ça, Dalva ne le sait pas, car elle n'a jamais côtoyé des enfants de son âge. Ses rares sorties « à extérieur » étaient pour aller chez le coiffeur, pour ses rendez-vous de teinture.Elle n'a grandi qu'avec son père (incarné par Jean-Louis Coulloch’h). Sa manière de s'habiller, c'est lui qui lui a dicté, voulant faire de Dalva sa femme, et non sa fille. Confiée aux soins d'éducateurs (dont Jayden, alias Alexis Manenti et Zora, Marie Denarnaud), suivie par une psychologue, elle va apprendre à se libérer de l'emprise et de l'aveuglement, de ce simulacre d'amour qui n'avait rien de normal entre un père et une fille. À l'école, elle va apprendre - et comprendre - qu'elle n'a rien d'une élève « normale ». Dans son foyer, elle va ouvrir les yeux sur son déni, reprendre son enfance là où elle s'était arrêtée, le jour où son père l'a kidnappée et séparée de sa mère, alors qu'elle n'avait que 4 ans.

J'ai été profondément secouée par ce premier long-métrage d'Emmanuelle Nicot qui a réussi avec une grande finesse, à traiter l'insoutenable : l'inceste. Elle explore la thématique de l'emprise (un thème cher à la réalisatrice, de plus en plus traité au cinéma et en littérature) à travers l'horreur d'une relation incestueuse et consentie (un thème qui l'est beaucoup moins). Nous sommes embarqués dans les lieux de reconstruction de Dalva : de la salle de tribunal au foyer, en passant par le cabinet de la psychologue. La justesse semble être le maître-mot du travail de la réalisatrice qui sait de quoi elle parle, pour être la fille d'un éducateur, pour avoir connu les effets de l'emprise, et pour avoir été immergée dans un foyer aux côtés d'enfants « comme » Dalva. Et cela change tout, dans le message véhiculé. Dans notre envie de ne pas perdre une miette de ce film saisissant.


Et que dire du casting - Emmanuelle Nicot, spécialiste du casting sauvage, a développé un don pour ça - parfaitement choisi pour chaque personnage témoin de cette reconstruction. Zelda Samson est impressionnante dans son tout premier rôle - qui ne sera sûrement pas le dernier -, Alexis Manenti très juste dans sa position d'éducateur qui a de plus en plus de mal à prendre du recul et Fanta Guirassy (Samia) drôle et émouvante, dans son caractère révolté.
La projection a été suivie d'un débat tout aussi secouant, pendant lequel des associations ont pris la parole pour souligner le rôle que doit endosser le gouvernement pour sauver ces enfants victimes de maltraitance, de violence, de viols.
Des chiffres ont été cités, des témoignages aussi, à faire froid dans le dos. J'espère de tout cœur que ce film fera bouger les choses.

En attendant sa sortie en salles le 22 mars, découvrez sa bande-annonce :
