C'est une guerre coloniale qui, au final, voit des volontaires américains mal armés, mal vêtus, sans expérience des combats, dépourvus de chefs expérimentés et crevant de faim mais armés de matériel supérieur par la France (à la fin) réussir à bouter les troupes coloniales anglaises hors des Etats Unis.
Avant d’aborder le livre, je recommande de noter sur deux colonnes les noms des chefs des deux partis sous peine de ne plus s’y retrouver …les auteurs n'hésitent pas en effet à mentionner les noms de tous les officiers et à préciser les pertes concluant chaque combat !
L'ouvrage comporte plusieurs cartes, mais suivre la chronologie des événemants est parfois difficile.
Car les problèmes sont identiques pour les deux armées : le manque de numéraire, l’absence de professionnalisme des milices recrutées sur place et qui le plus souvent prennent la fuite au premier revers, la relative carence stratégique de George Washington compensée par son charisme et sa volonté de conserver les colonies unies, les changements de camp de certains chefs, les difficultés de communication et de renseignement, l’utilisation des Amérindiens et des esclaves des plantations complètement squizzés à la fin du conflit ... La Déclaration des Droits ne concerne ni les femmes ni les non-blancs ...
C'est aussi une ambiance lourde parmi les populations car il s'agit d'une guerre civile, qui ravage leur territoire : Patriotes contre Loyalistes ...
J’ai découvert la longue hésitation de la cour de France avant l’entrée en guerre tardive contre la Grande-Bretagne, le rôle décisif de la flotte de l’amiral de Grasse – et du jeune marquis de La Fayette - lors de la dernière bataille de Yorktown, les actions diplomatiques de Benjamin Franklin et l’activité contrebandière de Beaumarchais.
Cet ouvrage remet bien des légendes à leur juste place et montre à quel point une troupe disparate mais motivée et combattant sur ses terres, mal armée et dont les difficultés logistiques sont énormes peut venir à bout d’une armée professionnelle mais en grande partie composée de troupes mercenaires (les "Hessois"). L’importance de disposer d’un armement technologiquement supérieur et de sources fiables de renseignement aussi …
L’apport de la France dans ce conflit au côté des Insurgents fut déterminant. Mais le coût de cet appui fut mortel pour la couronne de France, alors que les résultats des traités de paix signés à Paris et à Versailles en septembre 1783 furent dérisoires.
N.B. Je viens de visionner à nouveau (sur Netflix) le film de Roland Emmerich The Patriot, le chemin de la liberté (2000) avec Mel Gibson, très inspiré de cette période. Les auteurs du livre en soulignent les erreurs vis à vis de la vérité mais la reconstitution pleine d'émotion reste très intéressante. Les scènes de batailles montrent avec beaucoup de réalisme les conditions dans lesquelles tombaient les soldats des deux côtés.
La guerre d’indépendance américaine, par Pascal Cyr et Sophie Muffat, édité chez Passés/Composés, 512 p., 25€