Aujourd’hui 1er avril c’est le début de mon Printemps des Artistes, c’est-à-dire que je vais parler de livres, de poèmes, de films, dont le personnage principal est un artiste ou qui a un rapport plus ou moins étroit avec un art (littérature, poésie, cinéma, théâtre, chant, peinture, musique, danse, dessin, architecture, sculpture, etc.)
Dans ce contexte, je vous parlerai des « Amandiers » de Valéria Bruni-Tedeschi, un film que j’ai vu peu après sa sortie en salles, vers le 20 novembre 2022, et qui parle de la jeune troupe de comédiens du prestigieux Théâtre des Amandiers, vers le milieu des années 1980, et de leur apprentissage de l’art théâtral sous la direction du célèbre metteur en scène Patrice Chéreau et de Pierre Romans.
Une Présentation de l’histoire
Vers 1985 ou 86, une quarantaine de jeunes comédiens, garçons et filles de dix-neuf ou vingt ans, sont sélectionnés par Pierre Romans pour suivre les cours du théâtre des Amandiers. Cette école est très prestigieuse et les jeunes élèves passent les auditions avec une certaine passion et beaucoup de motivation. Ils savent qu’une deuxième sélection aura lieu bientôt, à l’issue de laquelle il ne restera plus qu’une dizaine d’élèves et chacun essaye de donner son maximum. Ils savent aussi que le dernier petit groupe sera envoyé aux Etats-Unis pour un stage à l’Actors Studio puis que, de retour au Théâtre des Amandiers, ils pourront monter une pièce sous la direction de Patrice Chéreau en personne, qui les dirigera, pour se présenter devant le public du théâtre.
Mon Avis
C’est un film qui ne manque pas de qualités intéressantes : de belles images, une belle lumière, une manière très flatteuse de filmer les corps et les visages, une bande son agréablement choisie (Jean-Sébastien Bach, les Rita Mitsouko, Daniel Balavoine, Janis Joplin, etc.), des acteurs qui semblent pleinement engagés dans leurs rôles et qui y mettent une belle énergie.
Par ailleurs, on ne s’ennuie pas car il se passe sans cesse de nouvelles péripéties et on suit les différents membres de ce petit groupe avec une certaine curiosité.
Au premier abord, j’ai un peu regretté que la réalisatrice ait accordé autant d’attention à la vie intime et sexuelle des uns et des autres, au détriment des scènes théâtrales et de l’apprentissage du travail d’acteur, qui peuvent sembler plus instructives et intéressantes et que j’aurais aimé voir plus développées. Mais, après réflexion, je me suis rendue compte que, chez ces jeunes acteurs, la frontière n’est pas très étanche entre leur vie privée et leur vie sur scène, qu’ils s’y engagent avec autant de passion et de fougue, et donc j’ai mieux compris ce parti pris de la réalisatrice.
Par certains côtés, ce film restitue le climat des années 80 tel qu’il a pu être décrit à l’époque dans des films du genre des « Nuits Fauves », avec des thèmes comme le Sida, la drogue, l’homosexualité, les infidélités, les rapports de séduction plus ou moins abusifs ou forcés.
Je dirais toutefois que les dialogues sont un peu pauvres, pas terribles, ce qui est gênant pour un film qui parle de théâtre et où l’importance du texte est supposée centrale, au cœur de toutes les préoccupations (du moins, c’est ce que je croyais mais peut-être me trompais-je ?)
Le personnage de Patrice Chéreau, joué par Louis Garrel, est sans doute l’un des plus intéressants, avec des dialogues plus construits et plus recherchés que les autres personnages, mais ça n’empêche pas qu’il soit présenté comme odieux et insupportable, profitant de sa position directoriale pour draguer lourdement les jeunes gens sous sa responsabilité, et se montrant volontiers lâche, fourbe et sans respect pour ceux qui l’entourent.
La partie du film qui concerne le personnage d’Etienne (Sofiane Bennacer, excellent acteur), son addiction à l’héroïne et sa relation tumultueuse avec Stella (Nadia Tereszkiewicz), m’a paru réussie. On est parfois ému.
Bref, un film assez bon, intéressant, émouvant, qui permet de mieux cerner le monde du théâtre et des troupes de comédiens, et les exigences du travail d’acteur.
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