Mon tout premier spectacle de musique rock, sur le parterre, était celui de Bryan Adams, septembre 1985.J'avais 13 ans. Comme peu de gens de mon âge allaient assister à de shows rock dans les arénas, mes parents n'étaient pas friands de l'idée. Eux qui m'avaient acheté successivement les cassettes d'Iron Maiden en 1983 et de Twisted Sister l'année suivante, la crainte plein le regard, ils avaient superviser mes deux premiers achats "tout seul", avec mon argent de camelot, soit The Dream of The Blue Turtles de Sting et Reckless, de Bryan Adams. Les deux artistes les avaient rassurés.
Mais Bryan, plus rock, pas assez pour que je me rendes seul sur le parterre du Colisée de Québec. Ce que je ferai quand même, au final. J'achèterai des billets et mon père en achètera un lui aussi, afin de rester au loin, à l'arrière, et garder un oeil sur moi, à distance. J'étais beaucoup plus loin, ébloui par ce que je vivais. Sur un nuage. J'étais parmi les plus petits ce qui me permettait de me faufiler et parfois d'être tout simplement plus près des cuisses de "jeunes" filles (plus vieilles) qui me faisaient rêver. Ce soir de septembre était une soirée magique où j'étais si aveuglé par ce qui se passait sur scène et autour que j'en avais oublié le père dans le fond du parterre et j'ai eu du mal à le retrouver vers la fin, même si on c'était donné un point de rencontre. Ça voulait aussi dire qu'il m'avait perdu de vue. J'en ferais un sport. Garder le regard de mes parents loin de ce que je fais.
Après Adams, il y en a eu tout plein. Marillion/Rush, Honeymoon Suite, Maiden (et un mort tombé d'une passerrelle du Colisée), Bob Dylan dans le Vieux-Port (révélation), Billy Idol, The Cult, Rod Stewart, Platinum Blonde, Bon Jovi, Def Leppard, Roger Waters, David Bowie, Duran Duran ça, ce n'était qu'à Québec. À Montréal, travaillant pour un magasin de musique, j'en verrai le triple sur plusieurs années et presque toujours gratuitement.


Il m'a même semblé que ça deviendrait dur d'accoter l'impact des derniers spectacles vus, entendus et vécus tellement c'était toujours de mieux en mieux.

Ça ne fait pas que me choquer, ça irrite aussi certains artistes, comme Robert Smith de The Cure, qui a racheté autour de 700 billets de racheteurs, après les avoir critiqués et donné l'argent à Amnistie International. Acceptant du même coup de jouer devant moins de monde.
Appeler une entreprise ou un commerce quelque part est quelque chose dont il faille aussi faire le deuil depuis plusieurs années. La deuxième barrière étant maintenant le prix, j'ai du faire le deuil récent de Genesis, Depeche Mode, The Cure.

Cette année, on a encore acheté des passes pour le FEQ, à l'aveugle. 3 cette année au lieu de 4 (que nous sommes dans la famille) Je me suis retiré. Car depuis quelques années cette 4ème passe, la mienne, ne sert que 2 fois. Ça fais cher le show.
Je ne me trompais pas. Quand la programmation a été lancée, sur les presque 100 artistes, il n'y avait RIEN pour la génération X. 5 artistes au total qui ont offert du matériel dans les années 60, 70 ou 80, dont plus de la moitié sont Québécois, dont généralement plus facile d'accès.

Mais voilà, si j'avais acheté j'y aurais été le 14 (pour Alvvays et Dumas) et le 15 (pour Lana Del Ray et les Hay Babies). C'est tout.
Mais cette année, je serais aussi allé voir The Cure et Depeche Mode.
Mais ce n'est plus pour moi ces portefeuilles gonflés à l'hélium.
À 51 ans, je me retire un peu contre mon gré du marché des concerts de musique.
