Alors que l’artiste galloise est actuellement en tête d’affiche en ouverture des concerts de la tournée américaine de Depeche Mode, effectuons un petit retour sur sa brève mais déjà impressionnante discographie dont chaque album marquait un sommet – oui, Kelly Lee Owens a réussi l’exploit d’atteindre les cimes par trois fois déjà, et cela dès ses débuts il y a quelques années seulement. Pas étonnant que Martin Gore et Dave Gahan se soit entichés d’elle au point de la choisir pour le Mementori Mori tour.
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Voici un album et donc une artiste qui aurait pu, et même dû, figurer dans mon classement de 2017. Sans hésitation, il se serait retrouver en bonne place, et pour cause. D’abord, le visuel est aussi superbe que splendide que d’une humilité qui me touche de suite, le noir et blanc expliquant à lui seul l’impact que peut et doit procurer un portrait (je me souviens encore de celui de Lindstrøm en 2008 pour son chef-d’œuvre Where You Go I Go Too, justement sorti sur le même label Smalltown Supersound). Bon, tout cela est très bien, mais comme on le sait, une pochette peut être littéralement ratée, voire carrément nulle, ce qui compte étant ce qu’elle renferme et est donc censée illustrer d’une manière ou d’une autre.
L’artiste galloise prolonge l’humilité en ayant publié un premier album… éponyme. Pas de surprise, la première écoute de Kelly Lee Owens est une vraie claque. C’est à coup sûr l’un des meilleurs albums de 2017, et désormais l’une des meilleures nouvelles artistes pour moi.
Dix titres, instrumentaux pour certains (l’enivrant « Bird »), chantés pour la plupart (par exemple l’initial « S.O. » ou le langoureux « Keep walking ») dont un avec la Norvégienne Jenny Hval (« Anxi. »), mais il y a aussi des morceaux à mi-chemin entre les deux, id est : la chanteuse murmure, susurre, derrière une musique par moments presque céleste (pour preuve le magistral et épique final « 8 »).
Faite comme moi, rattrapez votre retard, bien entendu avec cet album de Kelly Lee Owens mais aussi avec son premier EP Oleic sorti en 2016 dont le visuel rappellera pour sa part celui d’un certain James Blake et incluant une version personnelle de « Kingsize » de Jenny Hval. Quant aux chanceux, ils auront droit à trois petits titres bonus sur la version extended de l’album, avec notamment le presque pop « Spaces ».
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En 2017, la Galloise Kelly Lee Owens nous avait offert un premier album éponyme tout simplement sublime !
La revoici avec une œuvre qui s’ouvre sur une réinterprétation de la sublime « Arpeggi » de Radiohead, chanson qui figurait sur leur incroyable album In Rainbows sorti en 2007. Plus loin, remarquez le duo avec son compatriote John Cale – tout aussi connu en solo que pour son premier groupe… le cultissime Velvet Underground !
Inner Song est un album dont les dix chansons me paraissent plus que jamais faites pour être écoutées à la faveur de la nuit tant elles distillent en moi une sensation de plénitude mêlée d’introspection, sensation difficile à appréhender en pleine journée, tandis que la nuit nous permet de nous enivrer de toutes les émotions qui nous envahissent malgré nous.
Un album qu’elle dédicace à sa mère… et pour laquelle elle a carrément dédié le titre « Jeanette ». Car, si Kelly espère que son album nous inspirera et encouragera à continuer à créer quoi qu’il arrive, en nous rappelant notre valeur et notre but dans cette vie, et même quand certains essaient de nous éloigner de notre chemin, c’est bien l’amour qui prédomine tout.
Plus je l’écoute, plus je l’aime… et plus je l’écoute ! Et quelle classe que de commencer sur une reprise et, plus encore, de terminer sur « Wake up »… comment voulez-vous que je n’appuie pas sur repeat ?!
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Depuis 2017 et son tout premier album sobrement intitulé Kelly Lee Owens, l’artiste galloise fait plus que nulle autre figure d’exception. Dessus, elle collaborait avec deux grands noms de la scène électronique européenne : l’Anglais Daniel Avery et la Norvégienne Jenny Hval.
En 2020, Inner Song venait non seulement confirmer son statut à part, mais aussi nous percuter dans nos croyances : toujours aussi introspective, sa musique n’hésite pas à nous bouleverser, quitte à nous perdre. Et la voix de John Cale ajoutait inéluctablement à cette sensation première d’inconfort – alors que la reprise de Radiohead en ouverture, au contraire, semblait absolument rassurante.
Avec ces constats préalables sur Kelly Lee Owens, son tout dernier album, ironiquement intitulé LP.8, enfonce le clou, au sens propre comme au figuré. Les passages d’extrême beauté, poignants (« Nana piano ») s’entrecroisent avec les moments dérangeants, perturbants, où l’on se sent perplexes comme jamais (« Release »).
En somme, l’univers de la Galloise continue d’être sans concession aucune. Mais dès lors qu’une seule de ses chansons vous touche, vous voilà immédiatement amoureux de sa musique. Follement. Et cela ne s’explique pas, cela se vit.
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En 2023, alors que je m’apprête à aller assister au concert de Depeche Mode à Paris, je pourrais me sentir parfaitement comblé d’avance. Pour autant, je ne peux que m’avouer déçu de ne pas pouvoir par la même occasion vivre l’extase d’un concert de Kelly Lee Owens en préambule : oui, j’aurais aimé cette cerise sur le gâteau. Nul doute que j’y penserai, ne serait-ce qu’un instant, ce samedi soir, en juin, une fois sur la pelouse… Pour l’heure, entre les albums du désormais duo anglais et ceux de la Galloise, j’ai de quoi m’extasier ! Ah, et c’est elle aussi qui a créé le thème de la prochaine coupe du monde féminine de football qui aura lieu conjointement en Australie et Nouvelle-Zélande.
(in Heepro Music, le 11/04/2023)
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