Géographie d’un père est le troisième roman de Pascale Dewambrechies, mais je dois avouer que je l’ai lu comme un récit autobiographique. J’ai été attirée par une histoire que l’on imagine rapidement compliquée, faite de séparation et de retrouvailles… Lorsque son père ne vient pas à un rendez-vous de garde partagée, alors qu’elle a 14 ans, la narratrice s’en réjouit presque. Elle ne se doute pas qu’ils ne se verront plus ensuite pendant vingt-cinq ans, et que leur prochaine rencontre sera sous le signe du décès prochain de celui qu’elle ne connaît pas. Elle mettra encore vingt-cinq ans à pouvoir écrire sur lui. Mais que peut-on raconter de quelqu’un dont on ignore presque tout, dont on conserve seulement quelques souvenirs fragiles ? Pascale Dewambrechies parle ici de la recherche du père, et de cette difficulté là, d’écrire sur un homme qui a fait deux guerres, avait des yeux magnifiques, était beau, certes, mais était loin d’être un héros. Il aura vécu toute sa vie sous le signe de l’abandon, mais qui a réellement abandonné qui ? La narratrice s’interroge aussi sur son propre silence et sur l’évidence qu’une relation se construit à deux… Le récit de Pascale Dewambrechies se déploie avec sincérité et justesse, et grâce à sa belle plume nous entraîne dans les méandres de cette relation singulière. On ressent les souffrances engendrées par ce rendez-vous raté, entre deux êtres qui auraient peut-être pu partager quelque chose, des expériences, le temps qui passe. Mais rien n’a eu lieu, et la narratrice ne peut se résoudre à remplir ces vides avec de la fiction. J’ai beaucoup aimé être invitée dans ce pan d’histoire familiale, et dans un récit qui ne cherche pas à sublimer les liens familiaux mais à en dessiner les étranges contours.
Editions Passiflore – 9 novembre 2022
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
On peut suivre l’actualité de l’autrice sur le site de l’éditeur
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