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Nouveauté poche : Les choses que nous avons vues sur Hanna Bervoets

Par Filou49 @blog_bazart
vendredi 14 avril

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"Nos adieux furent affectueux, je ne peux pas dire le contraire. Nous nous sommes séparées comme deux moitiés de gâteau scindées avec une précision délicate par un couteau soucieux de ne pas abîmer les roses en massepain."

Existent-t-il vraiment, ces modérateurs aux conditions de travail déplorables payés pour regarder et filtrer les contenus publiés sur le net ?

C'est la question que je me suis posée en commençant à découvrir l'histoire des choses que nous avons vues

L'autrice néerlandaise Hanna Bervoets répond par ses sources qu'elle cite à la fin du roman et dans lesquelles elle nous invite à piocher si le sujet nous intéresse.

Si l'automatisation de la société est de plus en plus importante lorsqu'il s'agit d'acheter, d'emprunter ou de rendre un livre, d'ouvrir ou de fermer une porte, aucun robot pour l'instant ne peut juger si le contenu d'une vidéo ou d'une photo est à retirer ou pas, si un commentaire est à laisser en ligne ou pas.

Il faut dire que les critères d'Hexa, la plateforme mise en scène,  sont pour le moins subtils, pour ne pas dire ambigus, opaques et changeants.  Kaleigh est une de ces jeunes femmes postées devant un écran toute la journée, recevant un flot d'images violentes, malsaines, barbares et évaluée sans cesse par rapport à sa capacité à bien trier.  A l'avocat qui aimerait intenter une action collective contre la plateforme qui l'emploie, elle répond non mais elle lui raconte comment elle a accepté ce travail, à quoi ressemble son quotidien et comment peu à peu il lui a pourri la vie.  Au-delà de la trajectoire individuelle de Kaleigh et des personnes qui nettoient le web avec elle, Les choses que nous avons eues est une réflexion sur la fiabilité de l'information mise en ligne et sur la remise en cause systématique des connaissances historiques et scientifiques.  Sous la forme d’un roman noir haletant, l’autrice néerlandaise décrit les ambivalences d’une humanité obsédée par les réseaux sociaux et prête à tout pour y trouver sa place... Le ton de Kaleigh, volontairement froid et désabusé pour ne pas tomber dans le sensationnel (tout le monde veut d'ailleurs savoir ce qu'elle a vu de plus horrible, comme si nous partagions un goût du morbide), crée cependant  pendant la lecture, une certaine mise à distance.  Mais dans la liste des "boulots de merde" créés de toute pièce par notre époque, impossible désormais de ne pas penser à ces nettoyeurs du web qui passent derrière les autres parce qu'on a donné la liberté de publier à tous.  Ce roman, qui illustre parfaitement les enjeux du monde contemporain, qui était l'an passé le tout premier sera publié par la maison d'édition Le bruit du monde que nous avons longuement présenté  vient de sortir en poche aux excellentes 1018.

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