Jeudi le 13 avril dernier.
Kansas City, Missouri, États Désunis d'Armérique.
Ralph Yarl est un adolescent de 16 ans. Il joue du saxophone dans le band de l'école. Il est aimé des gens de son âge. Il pense étudier en génie plus tard. Son petit frère joue chez des amis sur la 115th Terrace. Toutefois, égaré comme les adolescents le sont parfois, Yarl se rend par mégarde à la résidence de la 115Th Street. L'y accueille un homme, qui ne lui laissera même pas le temps de parler. Il lui tire dessus une première fois, puis une deuxième une fois sur le jeune, au sol. Il dit ne pas vouloir le voir sur son terrain.
Les voisins appellent aussitôt le 911, dont les paramedics ne perdent pas de temps à venir chercher la victime et l'amènent à l'hôpital. Le tireur est vite arrêté, interrogé et gardé sous surveillance 24 heures. Yarl est blessé au bras et à la tête. Il est dans un état critique du jeudi au dimanche. Où finalement, il reprend du mieux et survit. Le tireur est libéré avant le week-end. La police veut interroger Ralph et avoir sa version des faits. Ralph a la peau noire.Pas le tireur.
Avoir la peau noire devrait être aussi anodin qu'avoir les yeux verts ou les cheveux blonds de nos jours. Une fois remarqué, who should give a flying fuck ? À moins d'aller te faire bronzer sur la plage, ça ne devrait avoir aucune incidence sur rien.
J'ai grandi à Sillery. Entre 1973 et 1991. De 2 à 17 ans. On y a croisé assez peu d'éthnicité. Je ne crois pas avoir croisé 10 noirs sur mes 15 ans là-bas. Et j'étais très actif et très impliqué dans toutes sortes d'activités. Je pourrais tous vous les nommez. La région est un important clocher où les gens se connaissent plus que vous ne le pensez. Mais les 5 gars (Alexandre D., Edner B., Olivier L., Donald C., Nicolas B.) de mon àge, et la soeur de l'un d'eux, ont été des gens avec lesquels je m'entendais parfaitement. Deux jouaient au hockey avec moi, un était l'ami d'un ami, les deux autres allaient à l'école avec moi. Un de mon âge et l'autre un an plus vieux. Ce dernier habitait aussi Sillery et on s'entendait formidablement bien. On prenait le même bus. Mais jamais la couleur de sa peau, même enfant, n'a été un sujet abordé entre nous. Étrangement. J'ai aussi eu un enseignant Haïtien (Jacques D.) Il enseignait la religion, bien entendu. Reste que, puisque peu exposé aux humains à la peau noire, quand j'ai attéri à Montréal, en 1993, je me suis trouvé realtivement en retard sur la dynamique et la compréhension des humains à la peau noire. Qui étaient désormais beaucoup plus nombreux. Et habitant à ma troisième année à Montréal-Nord, majoritaires. J'ai même réalisé que je m'étais souvent inconsciemment interdit des incursions curieuses dans l'univers et les réalités des humains à la peau noire. J'ai commencé à lire Baldwin et Péan. J'ai écouté Spike Lee et John Singleton avec passion. J'ai découvert le génie de Stevie Wonder, j'aimais déjà Prince, maintenant je le vénérais, je découvrais Curtis Mayfield, Marvin, James, j'ai toujours été amoureux de Janet Jackson, je le disais maintenant ouvertement. Je suivais Tarantino depuis ses débuts et il faisait la part belle à l'univers des humains à la peau noire. Quand le grunge a pointé ses sons qui ne me plaisaient pas dans les années 90, je me suis tourné vers le jazz. Les humains à la peau noire y ont plu. Leur génie a aussi créé le rock'n roll. De nos jours, sur 400 liste de lectures, j'en ai facilement 60 d'artistes à la peau noire. Auxquelles je retourne souvent. Pendant 20 ans ou presque, j'étais ignorant des réalités des humains à la peau noire.Avoir la peau noire n'est pas une menace en soi. Sinon face aux ignorants. C'est comme avoir les cheveux roux. Pas complètement laid, pas complètement beau. C'est toujours dans l'oeil de celui ou celle qui regarde.
Mes enfants me faisaient remarquer que je pouvais trouver spontanément très jolies Beyonce, Rihanna, Rashida Jones tout comme je trouvais Shakira, Bridget Fonda (il y a longtemps) ou Tiffany Amber Thiessen tout aussi formidablement attirantes. Je ne fais plus la différence tant que ça.Aux États-Unis, les humains à la peau noire n'ont les mêmes droits que tout le monde que depuis même pas 60 ans, encore.
59.
La route mentale sur l'égal à égal ne se trace pas au même rythme pour tous.Et comme tout le monde se donne le droit d'être armé, le droit d'avoir peur de tout et de se sentir menacé est aussi partout.
Ce sale pépé de 80 ans a vu un adolescent noir de 16 ans. Ne s'est pas questionné davantage. A tiré aveuglément. Sonner à la porte ne devrait pas être une menace. À moins d'être noir semble-t-il. Une menace pour le sonneur noir. Fucking white fuck.
Ralph a survécu. Le reconstruction sera difficile.
Je lui souhaites sincèrement vengeance, un jour.Au pays des Westerns.
Ou des millions en dédommagements.
Aux États-Unis, les plus rednecks disent que le meilleur moyen de se défendre contre des mauvaises personnes avec un fusil est d'être soi-même une bonne personne avec un fusil.
Faux de tous les angles, jeudi dernier.
Seulement samedi, 9 nouvelles fusillades aux États-Unis. 10 morts, 8 tueries. 2 fusillades non mortelles. (2573179 & 2572582)
Pays malade qui refuse toute médication.