Chercheur d’or

Ana Carina et l'arrosoir / CLAE

1. De bon matin, je suis debout, je regarde mes mains, mes doigts, le ciel sur mon âme penché me fait un sourire, pas besoin de parler, pas besoin de crier, il suffit d’un rayon fragile mais bien tangible pour allumer mon être et le sommer de prendre la route. 
2. J'ai pris la route, je n'ai pas de bagage, mon esprit est léger, je ne me souviens de rien, est-ce que le passé me sera utile, pour l'instant il me semble futile, je n'y pense pas, je suis l'homme sans passé, l'homme sans futur, l'homme qui marche, simplement.
3. Il y a tant de distractions dans le monde, las plus souvent payantes,  je suis une cible marchande, moi et mon compte en banque, moi productif comme les autres, moi conditionné comme les autres, moi qui pense que je suis et qui ne me suis plus, tellement les secondes glissent sur moi, tellement les instants  ruissellent dans l'éther.
4.  Alors je me réfugie dans des airs d'opéra, dont la beauté intemporelle me réconforte, je me dis : "voilà au moins une chose qu'ils ne pourront pas atteindre". Je ne suis certainement pas l'individu-standard, je suis ce qu'on appelle un électron libre, en tout cas c'est comme ça que je m'imagine. 
5. Il y a trop de livres, trop de films, trop de chansons. Impossible de tout écouter, de tout voir. Je me fais à l'idée que tout cela existe et se passe loin de moi, hors de ma portée, et que je suis dispensable, car le monde ne tourne pas autour de ma personne.
6. Et pourtant, un jour je ne serai plus, et j'emporterai avec moi mon monde à moi, sans que personne ne s'en émeuve.

Ce sera comme ça.Ou peut-être pas.Vous qui me lisez, maintenant que je ne suis plus, prenez soin de vous.