Revoilà l'intrigante Lael Neale, au nom ressemblant à un palindrome. On retrouve ces douces mélodies, enivrantes, au charme désuet. Si le précédent, l'excellent "Acquainted with Night" était l'oeuvre d'une Lana Del Rey moins consciente de son talent et de son aura, un peu gauche, mais d'autant plus attachante, ce nouveau disque, le troisième, paraît plus assuré, à la production plus ample - toute proportion gardée -, se payant même le luxe de titres presque enjoués, tels "I Am The River" ou "Faster Than The Medecine". La pièce centrale de l'album, la mystérieuse "In Verona" semble être une référence à Roméo et Juliet. Tout l'album est ainsi parsemé de pistes, d'influences diverses, témoins de l'éducation de la chanteuse, qu'on imagine religieuse et un peu rigoriste. On retrouve aussi aux arrangements, l'ami Guy Blakeslee. Ce dernier explique que Lael Neale lui demande régulièrement d'enlever des notes, de simplifier, d'aller à l'essentiel.
On parle encore de minimalisme, - l'omnichord encore présent ici, en est l'instrument caractéristique - ce gros mot pour certains qui voudraient que la musique, la vie même, soit faite d'outrances, d'excès, pour en valoir la peine. L'américaine répond à l'opposé, déclarant que plus que les choses, les biens matériels, le trop plein, elle préfère la liberté. N'est-ce pas là la vraie prise de risque ? Celle qui consiste à aller à l'encontre des idées reçues et de la pensée commune. Voilà pourquoi, pour moi, Lael Neale est plus importante qu'une Lana Del Rey. "Star Eaters Delight" ? Oui, ce disque est un condensé d'étoiles et c'est un délice de les savourer une à une, encore et encore.