Cauchemar en cuisine

Après les fanfares de manifestants protestant contre la réforme des retraites, place aux casserolades en guise de concert d’accueil destiné aux ministres se rendant sur le terrain. Mes chers compatriotes, la révolte gronde et ce jusque dans nos tiroirs à popotes. Ne dit-on pas que c’est dans les vieilles marmites que la soupe est meilleure ?

Aux grands maux les grands moyens. C’est donc à coup de louches et de poêles anti-adhésives que les Français se révoltent désormais contre Jupiter en personne, pointant ses échecs et symboliquement l’ensemble des « casseroles » cumulées par le gouvernement ces dernières années. 

C’est un comble. La Macronie qui se voulait porteuse de changement doit aujourd’hui faire face à la déconfiture générale de l’opinion publique, qui malgré les difficultés et la conjoncture actuelle n’a pas perdu de son mordant. Vaut toujours mieux en rire qu’en pleurer, même s’il y a plus festif comme ambiance pour célébrer l’anniversaire de sa réélection. En témoigne l’intervention du ministre du Travail Olivier Dussopt sur CNews, qui estime que « taper sur des casseroles pour couvrir les propos d’un ministre, ce n’est pas ma conception de la démocratie, car c’est vouloir faire taire ceux qui ne pensent pas comme vous. » Oups. N’est-ce pas l’essence même du concept de « parole au peuple » ? Je pose la question.

Faire casquer les Français pour des décisions prises sans leur consentement ni la moindre consultation non plus de toute évidence. Car au-delà des désaccords opposant les partis politiques, on assiste là à une véritable confrontation entre les décideurs et les gouvernés. Un clash sans précédent en comparaison avec les années Chirac, Sarkozy ou Hollande, et ce quand bien même certaines de leurs mesures phares étaient largement contestées. Le fameux débat relatif au mariage pour tous – qui fête cette année son dixième anniversaire – en est une illustration parmi tant d’autres.

Ras-le bol général ou véritable dialogue de sourds ? Une chose est sûre : nous assistons davantage à une cacophonie qu’à un concert philharmonique savamment orchestré. Au risque d’exploser à tout moment comme une cocotte minute… On conviendra aisément qu’après des mois d’efforts et de restrictions, les Français soient devenus un tantinet soupe au lait.

Pour l’heure, s’il est difficile de prévoir à quelle sauce nous allons être mangés après cette longue marinade, souvenons-nous de ces sages paroles de Félix Houphouët-Boigny : « Nous étions au bord du gouffre, nous avons fait un grand pas en avant. » Reste plus qu’à espérer que ce ne soit pas dans le vide !  

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