TLDR : Découvrez l’album culte des Beatles “Revolver”, un chef-d’œuvre mêlant influences américaines, britanniques et indiennes. Plongez dans cet univers musical immersif et révolutionnaire !
Au début de l’année 1966, les Beatles disposent d’un temps libre sans précédent. Après avoir opposé leur veto à un projet de film, John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr s’apprêtent à vivre trois mois glorieux sans engagements professionnels, ce qui leur laisse amplement le temps de commencer à travailler sur leur nouvel album, la suite de l’immense succès de 1965, Rubber Soul, qui les avait déjà vus rejeter leur image d’adorables voyous coiffés d’une serpillière. Avec Revolver, ils annoncent que les Beatles sont morts et enterrés – remplacés par des musiciens plus âgés, plus sages et plus groovy qui cherchent à repousser les limites de leur art depuis le studio.
Revolver représente une renaissance dans tous les sens du terme. D’une part, le duo d’auteurs-compositeurs Lennon-McCartney n’est plus inégalé : George Harrison ne se contente pas d’entrer dans le jeu, il s’impose comme une voix essentielle du groupe en signant le premier morceau de Revolver, “Taxman”. Bien qu’enraciné dans un mécontentement politique typiquement britannique, “Taxman” est sans aucun doute un produit de l’époque où les Beatles vivaient en Amérique. Enrobé de funk américain, ce groove anguleux, avec ses coups de guitare décalés et ses harmonies serrées, a quelque chose d’ineffablement transatlantique.
Les Beatles avaient l’intention d’enregistrer Revolver en Amérique, mais EMI a refusé de leur donner l’argent nécessaire pour les installations d’enregistrement. Si des titres comme “Taxman” et “Got To Get You Into My Life” auraient pu sonner un peu plus ensoleillés, l’enregistrement en Amérique aurait détruit “Eleanor Rigby”, dont l’intelligence – outre les paroles Betjemanesques – réside dans l’arrangement des cordes. Comme l’a dit McCartney avec humour : “les instrumentistes à cordes en Amérique ne sont pas très bons”. Ainsi, cette balle ayant été évitée, la chanson se voit offrir la meilleure chance de transformer une mondanité morose en drame cinématographique.
Eleanor Rigby”, l’une des plus belles réussites de Paul McCartney en matière de composition, est un roman lauréat du Booker sous la forme d’une chanson pop de deux minutes. Elle est typique du “nouveau son britannique” que l’on retrouve dans des titres comme “Here, There and Everywhere”, “Yellow Submarine” et “I’m Only Sleeping”, ce dernier comprenant des susurrations soporifiques offertes par John Lennon et un solo de guitare à l’envers époustouflant de George Harrison.
Si ce n’était pour la force de l’écriture de Lennon et McCartney, je serais tenté d’appeler Revolver “The Harrison Album”. Il fut un temps où les contributions du guitariste étaient considérées comme des nécessités malheureuses. Des chansons comme “Don’t Bother Me” ont été insérées par souci de diplomatie, Lennon affirmant que tout le monde était trop timide pour dire ce qu’il pensait vraiment de ses chansons. Rubber Soul comprenait deux titres de Harrison – “Think For Yourself” et “If I Needed Someone” – mais Revolver est une bête entièrement différente.
Alors que Lennon et McCartney ont les yeux rivés sur les deux rives de l’Atlantique, le regard de Harrison s’étend au-delà des frontières de l’Occident. Nous avons eu un aperçu de ses talents de sitar sur ‘Norwegian Wood’, mais ils étaient purement ornementaux. Dans “Love You To”, les Beatles embrassent enfin les idiosyncrasies structurelles de la musique classique indienne, rejetant 500 ans de théorie harmonique occidentale en faveur d’un seul bourdon de tanpura. Cela s’avère tout à fait révolutionnaire.
Lire Les Beatles, option "Yellow Submarine" à la Fac The BeatlesDans les albums précédents, le tour du monde de Harrison n’aurait pas été à sa place. Heureusement, Lennon et McCartney sont tout aussi avides d’exploration. Alors que nous commençons à nous habituer à un paysage sonore, Lennon s’envole vers le coucher de soleil californien avec “She Said, She Said”, un hymne à la béatitude et aux effets perturbateurs des hallucinogènes.
Les morceaux “Good Day Sunshine” et “Your Bird Can Sing” sont un peu plus difficiles, mais McCartney rétablit la situation avec les mélodies savantes et le piano baroque de “For No One”. Puis, alors qu’il commence à se montrer un peu twee, nous nous lançons à corps perdu dans “Doctor Robert”, un autre des récits autobiographiques de Lennon sur ses fantasmes alimentés par la drogue. À ce stade, tout le groupe est à bord et même McCartney, si droit, fait un clin d’œil à l’herbe sur “Got To Get You Into My Life”, bien qu’il ait la sagesse de déguiser cette chanson en chanson d’amour.
Avec “Tomorrow Never Knows”, les Beatles gardent le meilleur pour la fin. Comme “Love You To”, cette chanson captivante met en évidence la nouvelle passion de George Harrison pour l’instrumentation classique indienne. Mais là où “Love You To” était une expérience d’influence, “Tomorrow Never Knows” est une expérience de technologie. Fabriquée à l’aide de boucles de bande – une des idées brillantes de McCartney – la batterie de Ringo fournit une pulsation hypnotique sur laquelle le drone de sitar de Harrison repose comme un nuage parfumé. La voix éblouissante de Lennon entre dans le mélange, et il devient clair que nous écoutons un groupe qui travaille au sommet de ses capacités collectives. Si Revolver se résumait à 40 minutes de “Tomorrow Never Knows”, ce serait toujours un chef-d’œuvre. Il ne ressemble à rien d’autre, c’est une composition sans date qui suscite une admiration mystique.
Avec Revolver, les Beatles sont à l’apogée de leur collaboration et de leurs capacités musicales. C’est le premier disque où les personnalités de Lennon, McCartney et Harrison sont perceptiblement distinctes, une caractéristique qui se retrouve dans la composition de ce disque aux multiples facettes, erratique et pourtant parfaitement équilibré. Bien que John, Paul et George regardent chacun un coucher de soleil différent, ils sont loin d’avoir des œillères. Miraculeusement, les influences de l’Amérique, de l’Angleterre et de l’Inde peuvent coexister et s’entremêler. Mais en fin de compte, le courage créatif de Lennon, McCartney, Harrison et Starr permet aux Beatles de s’emparer de ces influences et de les transformer en ce monument musical immersif. Revolver est un tourbillon de sons et de scènes qui vous emprisonnent de la meilleure façon possible.
FAQ :
Q : De quel album des Beatles parle-t-on dans cet article ?
R : L’article traite de l’album “Revolver”, sorti en 1966.
Q : Quelle est la particularité de cet album par rapport aux précédents ?
R : “Revolver” marque une renaissance artistique pour les Beatles, avec un mélange d’influences culturelles et une évolution musicale notable.
Q : Quel est le rôle de George Harrison dans cet album ?
R : George Harrison s’impose comme une voix essentielle du groupe et signe plusieurs titres, notamment “Taxman” et “Love You To”.
Q : Quel est le titre phare de cet album ?
R : “Tomorrow Never Knows” est considéré comme le titre phare de “Revolver”, témoignant de la créativité et des capacités musicales du groupe à leur apogée.