Que sont-ils venus faire ici, dans le désert californien ? L’un des deux prétend que tous les chemins mènent où ils ont prévu d’aller. L’un et l’autre ne tarderont pas à se perdre, espérer encore, ne plus croire, essayer de se souvenir du chemin parcouru, de la route à prendre. Perdre confiance, se retrouver.
Gus Van Sant, Casey Affleck et Matt Damon ont écrit cet étrange film dont le début laisse présager cette errance infinie.
Ce n’est sans doute pas un hasard si j’ai choisi de regarder ce film, proposé par MK2 Curiosity, sans bien savoir de quoi il y était question. Mais il y avait promesse de paysages, de montagnes, de ligne d’horizon. Je sortais d’une exposition des oeuvres d’Anna-Eva Bergman. L’artiste dit, à propos de l’horizon : « L’horizon signifie pour moi l’éternité, l’infini, le par-delà du connu, là où l’on passe à l’inconnu. Lorsque je contemple mes horizons sur mes tableaux, ils éveillent en moi un désir nostalgique. Mais un désir de quoi ? Je ne parviens pas à le cerner. Il m’habite, mais je ne sais pas le formuler. »
Et puis, il y a la musique : Arvo Pärt, Spiegel im Spiegel. Ce morceau précisément qui me touche au plus profond, qui me cueille au-delà, je ne sais de quoi, mais au-delà.
Et tant de choses me reviennent, scénario d’un film, livret d’un spectacle chorégraphique, de Pascal Quignard.
Chacun.e, sans doute, saisira les mots, les images, les musiques, la poésie qu’éveillera en son for intérieur ce film.