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Les partisans, par Dominique Bona, de l'Académie française

Par Mpbernet

Kessel avaiteur

Druon académicien

Germaine Sablon

Et ce récit croisé me rappelle la vie de mes parents. Trois évadés de France qui rejoignent le général De Gaulle, les bisbilles avec le falot Giraud à Alger, la campagne d’Italie et la remontée de la division blindée jusqu’en Alsace …

Mon père, jadis, a suivi ce parcours, ma mère était à Alger, secrétaire particulière du diplomate René Massigli, plusieurs fois cité dans cet ouvrage.

Et puis, tous mes souvenirs devant la télévision que mes parents avaient achetée dès 1948 : les chansons du crooner Jean Sablon, frère de Germaine, les Compagnons de la Chanson, Suzy Solidor, Georges Guétary et sa manie de jouer au tennis en tenue d’Adam dans sa villa de Cannes voisine de celle de ma tante Henriette …

Maurice Druon est le neveu de Joseph Kessel : c’est l’enfant jamais reconnu de son jeune frère Lazare qui s’est suicidé avant sa naissance. Ils ont vingt ans d’écart, et seront tous les deux élus à l’Académie française, aucun n'aura d'enfant.

Kessel est une force de la nature, un journaliste prolifique, courant au-delà de tous les dangers, travailleur acharné, amant polygame, buveur de choc …

De lui je n’ai rien lu, mais j’ai adoré le film de Luis Buñuel tiré de son roman « Belle de jour », publié en 1928.

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En revanche, j’ai dévoré l’essentiel de l’œuvre de Maurice Druon : Les grandes familles, Les rois maudits (au moins deux fois), Alexandre Le Grand, Tistou les pouces verts. Je me souviens de lui en tant que ministre de la Culture, j'ignorais tout de sa vie privée mouvementée.

Cette biographie à trois voix balaye l’ensemble de la vie politique de cette époque troublée : la Résistance, la guerre d’Algérie, la naissance d’Israël, les petites haines politiques des partis et la haine contre De Gaulle (déjà !), mai 68 (j’ai toujours dans ma bibliothèque l’ouvrage d’Arthur Conte, père de Dominique Bona), l’ambiance délétère où l’on trouvait affrontés deux camps : ceux qui avaient choisi à temps la France Libre, et les fidèles du Maréchal … De tous ces hommes politiques, je me souviens très précisément.

Cette triple biographie se lit comme un roman policier. La création du Chant des Partisans en sert de prétexte – mais on cite aussi la Complainte du partisan, composée par Anna Marly et dont le texte est dû à Emmanuel d’Astier – des musiques qui ont marqué ma jeunesse.

C’est le parcours de trois êtres exceptionnels, où les femmes – en particulier le courage de Germaine Sablon comme conductrice d'ambulance et aide infirmière sur les champs de bataille tout comme ma belle-mère adoptive Jacqueline Briot (elle aussi infirmière Croix-Rouge) dans l’armée De Lattre. Des héros de guerre que l’on a oublié …

Une conclusion s’impose : je vais lire quelques romans de Joseph Kessel, et relire pour la troisième fois la série des 7 épisodes des Rois Maudits, réédités en version compacte et intégrale !

Une dernière réflexion, qui m'est toute personnelle : essayons d'imaginer quelle pauvreté de culture - littéraire, musicale, cinématographique, picturale, entrepreneuriale - nous subirions si la France n'avait pas accueilli, reconnu et intégré ces fugitifs devant la barbarie totalitaire ... celle des années 40 et d'aujourd'hui.

Les partisans, Kessel et Druon, une histoire de famille biographies par Dominique Bona, de l’Académie française, édité chez Gallimard, 528 p. 24€.


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