Une belle aventure gourmande, une cuisine sincère, naturelle, et délicieuse dans la majorité des cas.
Cinq générations se sont succédées dans ce charmant petit hôtel et restaurant à quelques encablures du village de Kreischa, dans un décor de campagne paisible, à environ 10 kilomètres de Dresden. L’hôtel Rosenschaenke (« auberge rose », en français) est d’apparence simple à l’extérieur donnant sur la rue. Mais l’intérieur recèle quelques petites merveilles qui donne un charme unique à ce lieu.
L’environnement tout d’abord. Un jardin arboré, des fleurs, surtout des roses bien sûr, à profusion, et plus loin des arbres fruitiers (pommiers), qui appartiennent à la famille, et plus loin encore de reposant paysages doucement vallonnés. Les quelques tables et chaises en bois permettent de prendre un verre ou un thé avec quelques viennoiseries « maison » lors de l’arrivée des beaux jours. A l’intérieur, meubles en bois, aux murs de la porcelaine de Meissen, quelques tableaux, et une profusion de petits objets chinés dans la région dispersés sur les tables superbement dressées et sur les rebords des fenêtres. L’ensemble donne une ambiance très « féminine », d’un goût parfait, où les tables bien espacées, offrent une trentaine de couverts. On s’y sent bien et c’est déjà un véritable plaisir en soi de se mettre à table.
La cuisine est le domaine exclusif d’Evelyn Walther. Sa fille Stéphanie, très active et très présente, gère à peu près tout le reste : le restaurant, le service, la gestion de l’hôtel, et l’organisation des évènements. Un rouage plus qu’indispensable à la bonne marche de la maison. La cheffe opère seule depuis quelques années. Il est vrai que les jours d’ouverture sont limités (jeudi soir, vendredi soir, samedi soir, et dimanche midi). Autodidacte, elle a commencé en cuisine avec sa mère qui gérait alors l’établissement. Elle est restée avec elle sans pouvoir profiter de l’expérience d’autres chefs, car il était alors impossible de bouger dans l’Allemagne de l’Est. Elle a peaufiné son style, progresser par amour de ce métier, et arrive aujourd’hui à une sorte de plénitude dans son travail.
Elle travaille une carte courte (7 plats) et un menu à base de 4 plats. L’ensemble change environ toutes les huit semaines. Sa cuisine est le reflet de son environnement proche, son potager et ses herbes, et de producteurs majoritairement de la région mais pas que, l’important pour elle étant d’avoir de bons produits, fiables et réguliers, même s’il faut les faire venir de plus loin. A noter que les fumages de poissons et de charcuterie sont réalisés dans le jardin !
Le livre de cave propose un grand nombre de références majoritairement de vins allemands et pour la plupart des régions alentour. Les cépages classiques, riesling, sylvaner, sont bien représentés avec quelques cépages autochtones comme le muller-thurgau, à découvrir sur les plats de poissons fumés de la cheffe. En rouges, les vins français sont les mieux représentés, Bourgogne et Languedoc, puis l’Italie, l’Espagne et l’Autriche. Là encore, une mise en avant bienvenue de cépages de la région comme le dunkenfelder, assez rustique mais bien sur les fruits rouges et qui peut accompagner un plat de viandes ou de gibiers.
Amuses-bouche. Mayonnaise très légère à l’ail des ours, d’une grande finesse de goût. Betteraves et carottes violettes : bel accord de légumes bien parfumés. Foie gras, grains de potiron, gelée de pêche. Plus un pâté qu’un foie gras fin, et les grains de potiron pas indispensables.
Soupe à l’ail des ours, crème fraiche, crème au miso, cracker au quinoa. Légère et toute en finesse de goût bien marqué et de texture. Une soupe de saison avec l’ail des ours du jardin bien parfumé. Une vraie soupe de potager. Remarquable.
Asperges (du voisin) vertes et blanches, pommes de terre nouvelles préparées à l’ail des ours, hollandaise au mizo. Superbe plat. Fraicheur, goût, cuisson parfaite, et une hollandaise sublime, nappante et épousant merveilleusement les asperges. Bel accord finalement avec de très jeunes et fines pommes de terre. Servi très chaud, un plat parfaitement réalisé.
Tendres côtes d’agneau, jus de cuisson, haricots verts, tranches fines de polenta, purée d’artichauts, jus à l’ail des ours. Un plat riche et varié mais peut-être trop. Une construction verticale où chaque produit s’empile sur un autre et au final tout se mélange ce qui est souvent peu agréable. Exemple avec les haricots verts et la purée d’artichauts qui est une alliance discutable. Les deux « slice » de polenta sont assez secs et neutres (réchauffés ?). Enfin, verser du jus d’ail des ours sur la viande est dommageable pour le goût de l’agneau. Un plat finalement assez banal malgré sa richesse apparente.
Crème glacée fermière au lait de chèvre, ragout froid de rhubarbe et framboises, yaourt caramélisé. Un dessert très frais et très savoureux, parfaitement équilibré. Alliance fort réussie des fruits et des laitages, en une belle alternance d’amertume (rhubarbe) et de douceurs (laitages). Un final de repas très réussi et fort agréable avec son côté « nature » et pureté.
Une maison où l’on se sent bien, où l’accueil comme le service, la décoration, et la cuisine est une affaire de femmes. Peu de personnel extérieur, sinon pas du tout, travaille dans l’auberge. C’est pourquoi, l’ouverture du restaurant n’est que de trois soirs et une sorte de brunch amélioré pour le dimanche midi. La famille s’occupe beaucoup par ailleurs de repas festifs où les salles sont réservées. A tous les niveaux, l’efficacité et le charme sont les maîtres-mots de l’ambiance chaleureuse et familiale qui règnent dans l’établissement.
La cuisine d’Evelyn Walther est une cuisine volontairement dépendante de la région, de ces paysages, de son climat, et des producteurs et éleveurs qui travaillent alentour. Elle possède un talent certain pour mettre en valeur ces produits à travers des plats très soignés, très savoureux, et qui reflètent bien dans les assiettes le terroir extérieur. Une belle harmonie, paisible et gourmande à la fois, est la marque de ce lieu unique. Tout est soigné, respecté, présenté avec goût, et les saveurs bien marquées entrainent les clients dans une belle aventure gourmande, en dehors des modes et de ses tics, vers une cuisine sincère, naturelle, et délicieuse dans la majorité des cas.
Restaurant Landhotel Rosenschaenke
Baumschulenstr, 17
01731 Kreischa
Deutschland
Tél : +49 (0) 35206 21870
www.landhotel-rosenschaenke.de
[email protected]
Springmenu : 62 € (4 plats) – Accord mets & vins : +36 €
Carte : choix entre 2 entrées, 4 plats, et un dessert – De 36 € à 46 € (pour 3 plats)
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble