La fête est finie

A l’heure où Netflix lance la chasse aux comptes partagés, au tour d’Apple de mettre un terme à son « flux de photos », un service en lien avec iCloud, pour juillet 2023. Autant de « bonnes nouvelles » qui viennent perturber l’insouciance générale de ce mois de mai. On entend déjà les dents grincer…

A peine commencés les congés se terminent déjà, avec certains avantages qui les accompagnaient jusqu’à présent. Comme un air de déconfiture qui se dégage des étalages de fruits et légumes tant attendus du printemps… Ça sent la fin des haricots, voire peut-être d’une époque : celle du partage à tout-va, où l’on accordait encore volontiers ses mots de passe au voisin de pallier comme à ses proches dans une ambiance bon enfant. Surtout pendant la pandémie où les utilisateurs se sont tournés massivement vers des offres de loisirs accessibles à la maison.

Sauf que depuis, les plateformes de streaming peinent à toucher de nouveaux abonnés alors qu’elles en possèdent un vivier important, dont font notamment partie ceux qui profitent de leurs services gratuitement grâce à la générosité d’autrui. Autrement dit : 100 millions de foyers en 2022 rien que pour Netflix. Ça fait beaucoup d’argent.

Clap de fin pour les gratteurs donc, et ce ne sont que les prémices de la chute d’un modèle qui nous a habitué à tout avoir d’un coup, sans attendre et si possible sans dépenser un seul rond. Autant dire que l’on s’est longtemps cru chez mémère… La flopée de campagnes promotionnelles ou de concours sponsorisés par les marques elles-mêmes en ligne en sont d’excellentes illustrations. Sous leurs airs bienveillants ponctués d’emojis en fin de phrase, leur but n’en reste pas moins de vous faire souscrire un abonnement pour « sceller » la relation en allant au bout du deal. On ne va néanmoins pas s’en plaindre à l’heure où le service client n’a jamais été aussi efficace et serviable ! 

Toutes les bonnes choses ont une fin

N’en déplaise à certains, ce retournement de veste était plus que prévisible. Surtout passé le confinement et compte tenu du climat politico-économique actuel, sans oublier la concurrence de plus en plus féroce que se livrent les grandes plateformes de streaming entre-elles. Chacun défend son bifteck. Et c’est bien normal pour une entreprise.

En réalité, le plus étonnant dans cette histoire n’est pas l’interdiction du partage de mot de passe en tant que tel, mais la sidération générale que suscite cette annonce. Payer contre un service rendu relevait pourtant du bon sens il y a seulement quelques temps. Pire encore, si certains affirment (sous couvert « d’esprit réactionnaire ») vouloir fuir Netflix de ce pas, d’autres s’offusquent de constater que le géant va mettre en place un abonnement moins cher incluant de la publicité en contrepartie alors qu’il s’y interdisait autrefois. C’est peut-être même la seule grande nouveauté.

« Quand c’est gratuit, c’est toi le produit » : pourquoi donc en faire tout un flan pour seulement 5,99 euros par mois alors que personne ne semble plus se préoccuper de la monétisation de ses données personnelles sur les réseaux sociaux ? Chose qui, il n’y a pas si longtemps que ça, nous inquiétait davantage à juste titre. A croire qu’au final « c’est toujours meilleur quand c’est gratuit ». Bien entendu, mais à quel prix ?

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