CINEMA PARADISO****************Purple Rain d'Albert Magnolia

Chaque mois, dans les 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: le cinéma.

Je l'ai largement consommé (le fais toujours), l'ai étudié l'université, en fût diplômé, y ai travaillé, en fût récompensé, en suis vite sorti, mais ne le cinéma ne m'a jamais quitté. Il m'habite encore pleinement. 

Je vous parles d'un film qui m'a charmé par sa réalisation, son ton, ses thèmes, son sujet, ses interprètes, son audace, sa créativité, sa musique, son impact sur ma personne, bref, je vous parles d'un film dont j'aime pas mal tous les choix. 

Je vous parles passion cinéma.

PURPLE RAIN d'Albert Magnolia

 1984.

Année intense pour moi. Je suis croisement de la vie d'enfant et de celle d'adulte. Les filles s'intéressent beaucoup à moi et vice-versa. Un film, que je découvrirai dans les défunts clubs vidéos, par sa trame sonore d'abord, viendra pleinement me rejoindre. 

Quand Prince obtient un gros succès avec son album double 1999, son contrat se termine avec Warner et pour le renouveler, il a le gros bout du bâton pour négocier, il vient de se prouver très payant pour la maison de disque. Il exige un film dans lequel il serait la vedette et qui serait inspiré de sa vie...de 25 ans. C'est baveux. Bien entendu le projet est refusé par David Geffen qui produit aussi du film, et par l'acteur Richard Pryor, entre autres. Le gérant de prince, Robert Cavallo sera "forcé" de le produire lui-même. Il engage William Blinn, qui vient de connaitre du succès en scénarisant Fame. Et Albert Magnolia, réalisateur d'un court-métrage et monteur d'un autre. Il s'agissait donc de son premier long-métrage, pas trop mauvais effort puisque ce film se retrouvera parmi les films retenus à la librairie du Congrès des États-Unis dans la préservation du registre national, parce que culturellement, historiquement, esthétiquement, représentatif du pays et significatif. La première version du scénario est si sombre, Magnolia la remaniera. Le film fera 10 fois son budget initial qui était de 7,2 millions.  Le film, reflète assez fidèlement ce qui se tramait dans la dynamique de l'entourage de Prince à cette époque. Une rivalité existait tant entre la formation The Time et celle de Prince, que Morris Day, chanteur de The Time, boudera plusieurs jours en ne présentant pas sur le tournage, retardant celui-ci, parce qu'en brouille avec Prince, qui incarnera The Kid, l'artiste "rival" de la formation de Morris Day, The Time. Un troisième band, celui de Dez Dickerson  & The Modernaires est aussi intégré au script, comme troisième band maison du Fifth Avenue, le vrai bar où s'est beaucoup donné tout ce monde, à Minneapolis. Prince, dans le film, est dans une famille dont le père et la mère ne s'entendent aucunement. Comme dans la famille réelle de Prince dont le père et la mère avaient près de 20 ans de différence d'âge (17). Ajoutant à une certaine confusion, la mère de Prince, dans le film est incarnée par Olga Karlatos, une actrice à la peau blanche. Comme Prince a la peau noire pâle, on croira longtemps que sa vraie mère était blanche. Mattie Della Shaw Baker était aussi pâle que lui, mais bien noire. 

Dans le film, les compostions de Wendy & Lisa sont constamment rejetées par The Kid, incarné par Prince. Dans la vraie vie, ce sera un problème exponentiel qui poussera le tandem à se séparer de l'artiste dans les 5 prochaines années. Mais pas complètement puisque Prince participera quelques fois à Wendy & Lisa. 

L'éclairage, principalement naturel pour les scènes extérieures, et le décor automnal est assez agréable dans ce film. La chimie entre Prince et Apollonia, dont le flirt continuera hors pellicule, et probablement jusqu'au lit, est assez fameuse aussi. On a l'impression de les voir tomber en amour devant nos yeux. Ce qui était fort probablement le cas. Apollonia était alors mariée. Ce qu'elle gardait aussi secret afin de faire croire à la romance sur pellicule avec succès. Morris Day dit seulement 18 mots au Kid qui ne lui en répondra/adressera aucun. Les 3 chansons jouées en spectacle l'ont aussi été enregistrées comme telles, sur disque, lors d'un concert, afin de lever des fonds pour le Minnesota Dance Theater. Prince donnera, souvent en cachette, beaucoup beaucoup d'argent dans les troupes de danse dans le besoin, toute sa carrière jusqu'à sa mort. Même les troupes de ballet. Non seulement l'album de musique marque mes 15 ans, mais le film le complémente à merveille à l'âge où une femme me faisait aussi découvrir le sexe. 

Je pouvais difficilement trouver artiste plus sexuel que Prince pour faire écho à se que je vivais alors. 

Intensément. 

Sans réinventer narrativement terriblement, le ton du film a un petit côté culte alors que peu des acteurs sont des professionnels, ajoutant une touche de réel supplémentaire à l'ensemble. Seuls Clarence Williams III, Olga Karlatos et Apollonia Kotero sont des acteurs professionnels dans le film. Film qui s'appelait originalement Dreams, mais Prince tenait à ce que le mot Purple s'y trouve. Jennifer Beals avait été pensée dans le rôle d'Apollonia mais elle a refusé afin de terminer ses études à Yale. John Travolta avait été proposé par Warner, bien entendu Prince s'est imposé sur le sujet.

L'appartement dans lequel The Kid loge sera une réplique parfaite du sous-sol où Prince passera de l'adolescence à la vie adulte dans la famille Anderson, leurs voisins, après avoir été expulsé de la maison paternelle dans la vraie vie.

À 26 ans, alors, Prince sera le plus jeune artiste à gagner l'Oscar de la meilleure trame sonore.

Entre 1982 et 1992, il rôde dans les sommets de la pyramide pop, en musique, et sera participant et auteur de 4 films, dont un spectacle, considéré film, en 1987, tourné de manière fantôme par Magnolia aussi.

Aujourd'hui, Prince aurait eût 65 ans.   

 Il est parti à 57. En avril 2016.

Il ne faisait pas toujours le bons choix. Celui-là était bon. 72 millions de fois.