Nous sommes à Tel-Aviv, dans le commissariat de Holon – quartier que l’auteur connaît bien puisqu’il en est originaire – et nous suivons le commissaire Avraham Avraham dans sa routine.
Ce matin-là, deux affaires : l’abandon d’un grand prématuré dans un sac déposé devant la porte d’un hôpital, et la disparition d’un touriste suisse, débarqué de Paris le matin même dans un hôtel minable.
Avraham délègue l’affaire du bébé à son adjointe Wahaba et se concentre sur la disparition du touriste dont on ne tarde pas à retrouver le cadavre dans la mer.
Avraham est intrigué, tout ça n’est pas net : la double identité de la victime, le fait que manifestement, ses affaires laissées à l'hôtel aient été « visitées » avant même la police, les déclarations de sa fille restée en France qui pense qu’il travaillait pour les services secrets israéliens, le soupçon vite et commodément évoqué d'un règlement de comptes dans une affaire de trafic de drogue.
Les deux enquêtes se déroulent en parallèle et n’ont à première vue rien en commun … sauf Paris d’où vient le mort et où a été exfiltrée la très jeune maman du bébé par sa famille.
Rien de spectaculaire dans cette double recherche de vérité, mais une analyse nuancée des circonstances, des enjeux, des mobiles possibles autour de ces deux drames. D’un côté une maman particulièrement coriace qui a décidé de protéger – et même de surprotéger – sa fille, et de l’autre, le destin tragique d’un homme embarqué dans une affaire qui l’a manifestement dépassé.
Le commissaire Avraham n’a rien d’un super héros et ne met pas sa vie en danger comme nombre de policiers de roman. C’est un homme qui doute, se remet en question, s’interroge sur son avenir.
Lui aussi, comme l'auteur, est un lecteur passionné de romans policiers et son icône est Jules Maigret. Pas d’échanges de coups de feu mais une ambiance, des idées, des hypothèses, beaucoup de bienveillance dans les rapports avec la hiérarchie policière. Et un final plein de générosité et d’espoir.
Je sens que je vais me procurer les trois épisodes précédents de la série.
Merci à Florence pour ce cadeau de fête des mères !
Un simple enquêteur (Emuna), polar de Dror Mishani traduit de l’hébreu par Laurence Sandrowicz, édité chez Gallimard, série noire, 339 p., 21€