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Alcibiade ou De la nature de l'homme (Platon)

Par Hiram33

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Ce dialogue de Platon met en valeur l'enseignement de Socrate. Socrate avait été tenu pour responsable de l'attitude politique d'Alcibiade par ses détracteurs. Il est également question d'expliquer la signification de l'oracle de Delphes : "Connais-toi toi-même".

Socrate conservait son affection à Alcibiade mais ne lui parlait plus depuis longtemps. Cette brouille était due à un ordre venu des dieux qui empêchait le philosophe de réaliser un de ses projets. A présent, Socrate a envie de reprendre le dialogue car il estime Alcibiade prêt à le comprendre. Socrate sait qu'Alcibiade peut se fier à ses dons naturels et peut compter sur l'aide de Périclès. Le jeune homme rêve de prendre le pouvoir pour réaliser de grandes choses. Pourtant, Alcibiade ne suit pas les sages conseils de Socrate et tous ses atouts ne lui suffiront donc pas. Il veut gouverner Athènes. Mais il ne sait pas ce qu'est la justice sans laquelle on ne peut tirer profit d'aucune guerre ni d'aucune paix. Aucun sage n'a jamais enseigné le Juste à Alcibiade. Le jeune homme ne s'est jamais penché sur la notion de justice et il se laisse guider par ses choix depuis son enfance. Alcibiade est persuadé de posséder la vertu de se bien conduire. Il n'a pas appris la vertu en écoutant le peuple qu'il méconnaît. Alcibiade voudrait déplacer la question en arguant que le puple raisonne sur l'utile et non sur le juste. Socrate lui fait comprendre que l'utile et le juste sont équivalents. En effet, ce qui est juste est beau et bon, et ce qui est bon est utile. Alcibiade n'en en pas convaincu. Alors Socrate tente de le convaincre de son ignorance. L'ignorance est un grave danger car Alcibiade aura à se mesurer avec les rois de Sparte et de Perse plus puissants que les démagogues athéniens. Socrate dit à Alcibiade que les rois de Sparte et de Perse sont plus habitués que lui à de plus hauts sentiments.

Alcibiade est alors convaincu par Socrate et demande au philosophe qu'il l'ade à sortir de son ignorance. Socrate lui répond qu'il ne peut rien lui enseigner car il ne sait rien lui-même. Socrate dit au jeune homme que son unique guide est la voie divine qui parle en lui. Il donne tout de même un conseil à Alcibiade, celui de se connaître soi-même : la véritable essence de l'homme est l'âme, c'est donc de l'âme qu'il faut approfondir la connaissance. De même que pour se voir l'oeil doit se fixer dans un autre oeil, de même l'homme peut se connaître s'il observe son âme qui est le meilleur de lui-même. L'âme conserve la marque de la vertu divine. Pour Socrate, l'homme d'Etat doit être vertueux et, pour l'être assurément, il lui faut constamment s'examiner dans ce quelque chose de divin qu'est l'âme. Si Alcibiade néglige cette connaissance, il ne sera jamais qu'un esclave.

Nous trouvons une seule définition apparente de la nature de l’homme, dans l’Alcibiade (130c) : « Donc, puisque ni le corps ni l’ensemble [âme et corps] n’est l’homme, je crois qu’il reste que l’homme n’est rien ou bien, s’il est quelque chose, il faut reconnaître que ce ne peut être rien d’autre que l’âme. »

La discussion de l’Alcibiade porte sur les conditions psychologiques de l’éthique et de la politique, autrement dit, du gouvernement de soi et du gouvernement de la cité. Chaque sorte de gouvernement est conditionné par la connaissance de son objet spécifique. Afin de se maîtriser soi-même, il convient de se connaître soi-même ; afin de gouverner la cité, il convient de la connaître.

Socrate cherche à convaincre le jeune Alcibiade, qui brûle de plonger dans l’arène politique, qu’il ne se connaît pas lui-même et que cette connaissance est indispensable au politicien responsable. Alcibiade se méconnaît lui-même non seulement parce qu’il n’a pas pris la mesure de son ignorance sur certains sujets fondamentaux, tels que la justice, mais aussi parce qu’il ignore que le « soi », ce que l’homme est à proprement parler, ne correspond pas au corps, ni même à l’union du corps et de l’âme, mais à l’âme (129 b-130 c), plus exactement à la pensée, qui est la partie divine de l’âme (133 b-c). Cette conception du « soi » est étroitement liée à la doctrine de la tripartition des biens – biens de l’âme (vertus), biens du corps (santé, beauté, force) et biens extérieurs (richesse, gloire) – qui joue un rôle déterminant dans la réflexion éthique de Socrate. Seuls les biens de l’âme sont des biens univoques et incontestables, par opposition aux deux autres types de biens.

Adopté par Périclès, dont il était le neveu, Alcibiade fut l’une des figures les plus controversées de la Grèce du ve siècle avant Jésus-Christ ; il fut en même temps l’un des pires acteurs de la guerre du Péloponnèse, trahissant sans aucun remords chacun des camps en présence (on le retrouve stratège à Athènes, puis allié du roi de Sparte dont il séduit l’épouse, enfin conseiller des satrapes en Perse), mais aussi un orateur hors normes, parvenant à chaque reprise à justifier auprès du peuple ses revirements et ses fluctuations d’humeur et d’intérêt. Il est déjà l’incarnation d’un monde instable et inquiétant, imprévisible mais aussi extrêmement séduisant. Alcibiade était en effet, aux nombreux témoignages de ses contemporains, doté d’un charisme et d’une beauté exceptionnels.

À bien des titres, il représente la part sombre et obscure de la rhétorique.


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